Même si le troisième budget Morneau contient une foule de mesures économiques et financières, quelques enjeux clés, souvent au coeur de l’actualité, y sont peu ou pas du tout abordés.

La direction de Via Rail plaide depuis quelques années pour la mise en place d’un TGF, train à grande fréquence, dans le corridor Québec Windsor. En tout et pour tout, le budget prévoit pour ce projet une enveloppe de 8 millions de dollars au cours de trois prochaines années pour en « soutenir l’étude approfondie ».

Pas non plus de détails sur les investissements à venir pour le fameux programme d’infrastructures. Il est question d’infrastructures « essentielles », pour la cybersécurité, d’infrastructures liées aux marchés financiers, d’infrastructures sociales, d’infrastructures en sciences, mais en transport collectif, pratiquement rien.

Plusieurs voix se sont élevées depuis des mois pour défendre la cause des médias nationaux mis à mal par la concurrence des géants américains qui aspirent 70 % de la publicité sur Internet. De ce côté, silence radio. Le budget réserve tout au plus 50 millions $ sur cinq ans pour des organisations non gouvernementales et indépendantes « qui soutiendront le journalisme local dans les communautés mal desservies ». À l’échelle du Canada, ce n’est pas énorme.

Dans le même ordre d’idées, pas de changement de philosophie dans la taxation de ces géants américains. Et il n’y aura toujours pas de « taxe Netflix ».

Par ailleurs, on cherche en vain des mesures qui viendraient soutenir l’industrie forestière attaquée par les politiques protectionnistes américaines. En fait, dans ce budget, l’ennemi de l’industrie n’est pas tant Donald Trump que la tordeuse des bourgeons de l’épinette, qui menace les forêts des provinces de l’Atlantique. Un programme de 75 millions $ sur cinq ans (avec les provinces et l’industrie) aidera à lui barrer la route. Pour les Américains, on verra selon l’issue des négociations sur l’ALENA…

Et à cet égard, les craintes quant à l’écart grandissant entre les régimes fiscaux canadien et américain, maintes fois exprimées depuis la récente réforme au sud de la frontière, ne trouveront pas de réconfort dans ce budget qui ne s’y arrête pas.