Placements: quel est le chemin le plus sûr vers l’excellence?

Publié le 03/03/2023 à 14:15

Placements: quel est le chemin le plus sûr vers l’excellence?

Publié le 03/03/2023 à 14:15

(Photo: 123RF)

L’investissement ou l’épargne?

Pour beaucoup d’entre nous, nous embarquer dans les placements signifie que nous espérons des gains énormes tout en nous acheminant sans heurts à un style de vie confortable et une retraite sûre. En réalité, surtout les premières années, l’épargne est beaucoup plus importante pour notre bien-être financier à long terme et pour notre sécurité que les performances de nos placements.

Si vous ne mettez pas suffisamment d’argent de côté et ne réussissez pas à battre les indices pendant quelques années, cela pourrait se terminer par une victoire à la Pyrrhus: vous aurez franchi un des obstacles sur la voie la plus difficile que vous aurez choisie, un chemin escarpé et jonché d’obstacles. Un taux d’épargne solide rend les choses beaucoup plus faciles, même si cela ne prête pas aux mêmes vantardises qu’un placement à haut rendement.

 

Choisir ou diversifier?

Il n’est plus que naturel de conclure que la réussite dans les placements est le fruit d’une série de bons choix. Après tout, c’est un peu comme la vie, où des décisions prudentes sur l’éducation, la famille et la carrière apportent souvent des avantages à long terme.

Investir ne châtie pas la prudence, loin de là, mais c’est différent dans la mesure où plus nous sommes confrontés à des choix, plus nous avons de chances de mettre nos plans en péril. Pourquoi? Certains des choix les plus difficiles auxquels nous sommes confrontés interviennent sous la contrainte ou dans l’incertitude, lorsque nous pouvons céder à nos impulsions, à la panique ou à la peur de rater quelque chose.

Diversifier ses actifs est par définition un processus imparfait. Nous nous privons du meilleur rendement auquel nous puissions théoriquement prétendre. Mais par là même, nous nous privons aussi d’un gros risque: nous-mêmes. En d’autres termes, avec une large diversification, nous nous retrouvons avec moins de choix sur ce que nous pouvons acheter ou vendre, pour combien, et quand. Et de ce fait, nous atténuons le risque de choix imprudents dont l’issue est généralement mauvaise.

J’en veux pour preuve les recherches que j’ai faites sur la différence entre les rendements publiés des fonds et les rendements moyens que les investisseurs y ont effectivement gagnés, l’écart étant dû à des achats et des ventes effectués au mauvais moment. Ce que nous avons trouvé est que l’écart était souvent le plus étroit parmi les fonds d’allocation largement diversifiés, ce qui veut dire que les investisseurs capturaient une plus grande partie du rendement de ces fonds.

 

Transactions ou rééquilibrages?

La diversification ne nous fait franchir qu’une partie du chemin. Il y a aussi la question de l’harmonisation entre notre répartition d’actifs et nos objectifs de risque/rendement. Dans l’idéal, nous devrions augmenter et réduire nos participations aux divers actifs pour anticiper les fluctuations du marché, empocher nos gains et éviter des pertes. Mais dans le monde réel, ça ne fonctionne pas comme ça, comme en atteste le palmarès lamentable des fonds communs à allocation tactique: il n’y a pas un seul fonds tactique qui ait battu un simple portefeuille de 60% d’actions américaines et 40% d’obligations américaines sur les 10 années mobiles échues au 3 janvier 2023.

Le rééquilibrage ne va pas nous protéger des pertes ou maximiser nos gains. Toutefois, en faisant de la gestion du risque une routine, nous devrions éviter des problèmes qui pourraient présenter une réelle menace pour notre sécurité financière à long terme, c’est-à-dire lorsque nous apportons de profonds changements à notre répartition d’actifs et verrouillons par la même occasion nos pertes ou renonçons à nos gains pour toujours.

 

Alpha ou indexation?

Nous savons qu’on peut se procurer des actions qui rapportent dix fois leur valeur initiale et des fonds actifs qui surclassent le marché. Mais il est également vrai que peu d’entre nous, voire personne, n’auront la clairvoyance d’y investir tôt, quand ça compte. Pourquoi? Il y a beaucoup moins d’occasions de ce type qu’on ne le pense. En fait, les recherches ont montré que presque toutes les actions et la plupart des gestionnaires de fonds se sous-classaient à plus long terme par rapport à l’indice.

Quelles que soient ces minces probabilités, certains d’entre nous vont persister quand même, croyant que nous pouvons passer d’un titre performant à un autre avant que les ennuis ne commencent. Pourtant, des coûts plus élevés et des conséquences fiscales vont probablement engloutir tous rendements excédentaires que, contre toute attente, nous pourrions gratter.

L’indexation n’offre pas plus que le rendement du marché avant les frais, et dans ce sens son intérêt est vraiment moyen. Mais quand «moyen» dépasse de loin ce que la plupart d’entre nous peuvent raisonnablement espérer gagner avec une gestion active après les frais et les taxes, il n’y a pas d’état d’âme à avoir.

 

Revenu ou rendement total?

Dans l’idéal, nous devrions posséder une corbeille d’actifs rapportant un revenu plus que suffisant pour répondre à nos besoins, les excédents étant réinvestis. C’est particulièrement attrayant pour les retraités, qui répugnent à puiser dans leur épargne pour maintenir leur train de vie, et cherchent plutôt à subvenir à leurs dépenses par le revenu actuel de leurs placements. 

Mais malgré tout son attrait, investir pour avoir du rendement peut être un attrape-nigaud. Pour y arriver, il se peut qu’on doive verrouiller son capital ou se soumettre à un risque de défaut, de remboursement anticipé ou de taux d’intérêt excessif plus élevé. Ou alors, on peut découvrir que le seuil de rendement a été relevé à cause de l’effet de levier, ce qui expose à de grosses pertes si le coût des emprunts augmente ou si les placements sous-jacents doivent être liquidés.

J’en veux pour exemple un fonds négocié en bourse appelé Strategy Shares Nasdaq 7Handl ETF (HNDL), qui vise à maintenir un rendement annuel de 7% et investit dans une combinaison d’actions et d’obligations tout en utilisant un généreux effet de levier. Ce FNB a plus ou moins tenu ses promesses en fournissant le rendement attendu (bien qu’avec un certain montant de remboursement du capital), mais il a aussi connu au passage des chutes affreuses: l’inconvénient d’utiliser de l’argent emprunté pour rembourrer ses versements de revenu.

Investir pour le rendement total, en revanche, nous permet un équilibre plus sain entre le risque et le rendement. Nous pouvons combiner aux actions des actifs producteurs de revenu comme les obligations, diminuer ainsi notre exposition au crédit et au risque lié aux taux d’intérêt, et réaliser des hausses potentielles par l’appréciation du capital. Cela peut aussi procurer une efficience fiscale plus grande, car il n’y a pas une partie aussi importante des flux de revenus qui soit imposée au taux des revenus ordinaires, les gains en capital peuvent en être différés, et il y a des occasions de récupérer ses pertes pour contrebalancer son revenu et ses gains.

 

Construire ou acheter?

Construire un portefeuille pierre par pierre peut être une proposition séduisante: quelques actions par-ci, quelques FNB obligataires par-là, et peut-être une stratégie alternative ou deux pour couronner le tout. Nous sommes notre propre architecte et entrepreneur, et construisons selon des plans que nous avons bien élaborés. 

Pour certaines personnes, cette approche sera parfaite, pourvu qu’il y ait des définitions claires du rôle joué par les différents avoirs et que nous évitions de bricoler ces plans ou de nous en éloigner. Mais pour beaucoup d’autres personnes, c’est en quelque sorte faire les malins dans les placements en construisant un portefeuille cohérent en apparence, mais dont la complexité nous distrait et finit par conduire à de mauvais choix qui font capoter nos plans.

Pour ceux qui sont sujets aux distractions ou qui n’ont tout simplement pas le temps, il est souvent mieux d’acheter que de construire, c’est-à-dire par exemple d’investir dans un seul avoir diversifié comme un fonds à échéance cible ou à risque cible. Ces stratégies ne sont pas moins diversifiées qu’un portefeuille qui a été construit un titre après l’autre. Mais avec moins d’éléments constitutifs, il y a moins de chances qu’elles nous mettent les nerfs à fleur de peau. Et avec leur rééquilibrage mécanisé, ces fonds nous donnent le loisir d’observer, du moment qu’ils continuent à correspondre à nos plans.

 

Conclusion

Investir peut être déconcertant parce que ce processus ne se plie pas à notre volonté comme peut le faire le reste du monde. Même si nous essayons d’investir dans les meilleures actions ou les meilleurs fonds ou de construire un portefeuille qui fasse preuve d’un équilibre sublime entre le risque et le rendement, nous pourrions nous retrouver avec un produit pour lequel le succès est impossible. 

Les investisseurs sont généralement mieux inspirés s’ils gardent les choses simples et sous leur contrôle, par l’épargne, une vaste diversification et un maintien de leurs coûts à de faibles niveaux, tout en rééquilibrant leur portefeuille régulièrement et se concentrant sur le rendement total, et pas sur le revenu. Théoriquement, cette approche n’est pas parfaite, mais la réalité des placements, c’est que la perfection théorique est habituellement hors de portée ou cause plus d’ennuis qu’elle n’en vaut la peine. Le plan d’investissement parfait est celui qui est bon dans la pratique.

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