Moins d’aubaines sur le marché boursier qu’on ne pourrait penser

Publié le 27/01/2023 à 15:17

Moins d’aubaines sur le marché boursier qu’on ne pourrait penser

Publié le 27/01/2023 à 15:17

Par Charles Poulin

Il faut habituellement de six à huit trimestres avant que l’effet maximal d’une hausse de taux directeur ne se fasse sentir. Même pour les premières hausses, l’effet n’est probablement pas encore entier. (Photo: 123RF)

Si les marchés boursiers ne sont plus surévalués, ils ne sont pas une aubaine pour autant, estime l’économiste en chef chez Desjardins, Jimmy Jean.

L’économiste, qui était l’invité de CFA Montréal pour son événement «Perspectives 2023», rappelle que les marchés boursiers ont connu une grande dévalorisation en 2022, notamment en raison de la hausse forte et rapide du taux directeur des banques centrales.

«Nous sortons d’un cycle de 15 ans de politique monétaire tantôt accommodante, tantôt extrêmement accommodante, et le changement vécu en 2022 a fait mal, rappelle-t-il. L’impact est majeur, et il va se faire sentir de plus en plus au fur et à mesure que le temps va avancer. Est-ce que ce sera au deuxième trimestre, au troisième trimestre? Chose certaine, ça va se manifester, et ce sera très dur de contourner ça.»

Jimmy Jean rappelle qu’il faut habituellement de six à huit trimestres avant que l’effet maximal d’une hausse de taux directeur ne se fasse sentir. Donc, remarque-t-il, même pour les premières hausses, l’effet n’est probablement pas entier.

Ses prévisions mettent de l’avant une contraction du PIB aux États-Unis et au Canada, avec un taux de chômage qui devrait augmenter dans les deux pays (à 5% aux États-Unis et à 7% au Canada à la fin de l’année) qui devrait contribuer à poursuivre la baisse de l’inflation (autour de 2,5% à la fin de 2023).

«Selon nous, à la fin de l’année, les banques centrales seront prêtes à commencer tranquillement, avec modération, un processus de normalisation de la politique monétaire», soutient-il.

Encore de la faiblesse à venir

Malgré la dévalorisation des marchés boursiers en 2022, le contexte économique actuel laisse entrevoir d’autres baisses pour la prochaine année. Il estime d’ailleurs que la détente monétaire sera extrêmement graduelle.

«Nous avons vu beaucoup de dévalorisation en 2022, et ça peut donc sembler abordable de se lancer en bourse, précise-t-il. Mais il reste qu’en termes d’attentes de profits, il y a encore beaucoup de faiblesse à venir. Nous voyons encore beaucoup de mises à pied dans des secteurs de la technologie et des médias, par exemple, parce que les actionnaires demandent de l’efficience. C’est le signe qu’en termes de bénéfices, il faut faire attention.»

Jimmy Jean remarque que les valorisations ne sont pas en dessous des moyennes, et qu’il y a encore de la faiblesse qui peut venir de ce côté si les banques centrales maintiennent les taux à un niveau plus élevé que ce que les marchés anticipent.

Il faudra de plus composer avec un environnement, dans les prochaines années, où la volatilité de l’inflation sera beaucoup plus importante que ce qu’on avait précédemment connu.

«Les coûts de financement sont plus élevés, il va falloir modérer nos attentes, ajoute-t-il. Les investisseurs devront être sélectifs et distinguer là où il faut mettre ses billes et là où il faut les retirer. Les prochains mois, les prochains trimestres seront difficiles. Ça ira mieux en 2024.»

Types d’actifs

L’économiste estime qu’une posture défensive demeure de mise en 2023.

Il perçoit le resserrement des conditions financières comme un biais négatif envers les actions des pays développés. Les occasions seraient toutefois meilleures dans les pays émergents. Il ne voit également qu’un potentiel de rendement faible pour les obligations publiques.

La prévision de Jimmy Jean pour les actions américaines (S&P 500) est de -0,3% en 2023 (-18,1% en 2022), de 2,8% (-5,8%) pour les actions canadiennes (S&P/TSX) et de 2,5% (-14% en 2022) pour les actions internationales (MSCI EAFE).

À moyen et long terme, il affirme être toujours favorable pour ce qui est ESG ainsi qu’aux actifs liés à la transition énergétique, à l’automatisation, à la résilience, à la cybersécurité. Il croit qu’il y aura quand même de bonnes aubaines dans le secteur technologique.

À l’inverse, certains secteurs seront à éviter.

«L’immobilier commercial, surtout les vieux immeubles de bureaux en désuétude, est un endroit où, structurellement, les investisseurs risquent d’avoir des difficultés, avance-t-il. Il y a des effets de valorisation retardée, les taux d’intérêt sont plus élevés, l’effet du télétravail et travail hybride se fait sentir, les espaces vacants sont à des niveaux records et il y aura encore des mises à pied qui vont s’ajouter.»

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