Les Québécois, bientôt les plus pauvres du Canada?

Publié le 07/02/2012 à 10:14, mis à jour le 10/02/2012 à 14:13

Les Québécois, bientôt les plus pauvres du Canada?

Publié le 07/02/2012 à 10:14, mis à jour le 10/02/2012 à 14:13

Par Olivier Schmouker

Le Québec souffre d'un «problème de productivité généralisé»... Photo : Bloomberg.

Le produit intérieur brut (PIB) du Québec a été en 2010 d’environ 7 400 dollars par habitant inférieur à celui de l’ensemble des autres provinces canadiennes. Ce retard pourtant déjà considérable pourrait même s’accroître au cours des prochaines années, à moins que les tendances récentes en matière de croissance de la productivité du travail et du nombre d’heures travaillées ne s’inversent. C’est du moins ce qui ressort d’une étude du Centre sur la productivité et la prospérité des HEC Montréal.

«Les constats sont plutôt inquiétants et devraient nous interpeller», déclare d’emblée l'auteur de l'étude, Martin Coiteux, professeur agrégé aux HEC Montréal. Quels constats? Avant tout, le fait que les Québécois touchent un revenu inférieur aux autres Canadiens, exception faite des résidents des provinces de l'Atlantique. Mais surtout, qu’au-delà de ces écarts, ce sont surtout les tendances observées qui semblent alarmantes. En effet, les provinces de l'Est du Canada, traditionnellement plus pauvres, ont grandement diminué leur retard de revenu par rapport au Québec, et l'Ontario, traditionnellement plus riche que le Québec, a accru son avance. «Si ces tendances devaient persister, les Québécois pourraient se retrouver au dernier rang des provinces canadiennes sur le plan du revenu», souligne le professeur.

Cela étant, il est légitime de se demander si la prise en compte des différences de coût de la vie améliore, ou pas, la performance relative des Québécois. L’étude montre à ce sujet que, de fait, les Québécois se rattrapent en partie, en bénéficiant d'un coût de la vie plus bas que celui observé ailleurs au Canada. «Cet avantage est cependant en train de disparaître, et ne suffit pas, de toute manière, à compenser la faiblesse du Québec en matière de taux d'emploi, du nombre d'heures travaillées par emploi et du revenu gagné par heure travaillée», considère M. Coitreux.

Ce revenu horaire étant intimement lié à la valeur de la productivité du travail, sa faiblesse signale donc le retard du Québec en matière de productivité, ajoute-t-il. Cet écart est manifeste à l'égard de l'Ontario et de l'Alberta, mais aussi par rapport à la Colombie-Britannique.

Maintenant, on peut se demander si la fiscalité fédérale ne joue pas un rôle dans la réduction des écarts de pouvoir d’achat entre les provinces canadiennes. Or, la pauvreté relative du Québec fait en sorte que ses citoyens paient moins d'impôt fédéral et profitent davantage des transferts personnels du fédéral que les Canadiens des provinces plus riches. Cette redistribution interprovinciale des revenus engendrée par la fiscalité fédérale fait en sorte que les ménages québécois bénéficient d'un transfert net provenant des provinces plus riches. «Bien que celui-ci atténue l'écart qui existe entre les habitants des provinces plus riches et ceux du Québec sur le plan du revenu et du pouvoir d'achat, il engendre une forme de dépendance», note M. Coiteux.

Un problème de productivité généralisé

Les donnés et estimations présentées dans les paragraphes précédents concernent l’ensemble des ménages, et donc la moyenne pondérée des cinq quintiles (20%) de la distribution des revenus. Qu’en est-il des écarts de revenus au niveau de chacun des quintiles de la distribution? Cette question est d’autant plus pertinente qu’on entend souvent dire que le Québec fait relativement mieux que les autres provinces au bas de la distribution des revenus. Est-ce bien le cas?

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