Les doutes sur la Scotia font monter son rendement de dividende


Édition du 22 Septembre 2018

Les doutes sur la Scotia font monter son rendement de dividende


Édition du 22 Septembre 2018

Par Stéphane Rolland

[Photo: Romeo Mocafico]

La Banque Scotia (BNS, 75,20 $) a-t-elle été trop gourmande ? Elle a près de 7 milliards de dollars en acquisitions à intégrer à un moment où les pays émergents suscitent des interrogations dans le marché. Résultat : le titre de la plus internationale des banques s'échange maintenant au rabais par rapport à ses pairs.

«Au risque de faire de la simplification excessive, on peut identifier les trois enjeux qui pèsent sur le titre : le sentiment des marchés par rapport aux pays émergents et les entreprises qui y sont exposées, le fait que la Scotia est vue comme surexposée aux risques liés à la négociation de l'ALÉNA en raison de ses activités au Mexique, et la réaction négative aux 7 G$ d'acquisitions annoncés depuis le début de l'exercice 2017», résume Gabriel Dechaine, de Financière Banque Nationale.

À la suite du recul de son titre, la Scotia est maintenant celle qui offre le rendement de dividende le plus élevé parmi les six grandes banques canadiennes, à 4,54 %. Elle dépasse la CIBC (CM, 122,26 $) à 4,44 %. Notons que la Banque Laurentienne (LB, 42,38 $), qui affronte plusieurs vents de front, a un dividende de 6 %, mais elle ne fait pas partie du groupe des six.

La Scotia s'échange ainsi à 10,09 fois les prévisions des 12 prochains mois, comparativement à une moyenne qui se situe à 11,26 pour le secteur, selon des données de Reuters. Seule la CIBC s'échange sous ce seuil, à 9,78 fois, toujours parmi le groupe des six.

Les choses ne vont peut-être pas aussi mal que le multiple le laisse transparaître, juge David Caron, gestionnaire de portefeuille chez Industrielle Alliance Gestion de placements, qui croit que l'évaluation offre une porte d'entrée intéressante. «Le quatrième trimestre 2017 a été plus difficile, de sorte que la comparaison au quatrième trimestre 2018 sera probablement plus facile. La tendance favorable devrait se poursuivre en 2019. Les prêts canadiens devraient continuer de ralentir tranquillement, mais elle a un levier excessivement intéressant avec ses activités internationales, qui génèrent plus de croissance que ce qu'il est possible d'obtenir au Canada.»

La plupart des analystes semblent partager son opinion. Des 13 qui suivent le titre, 8 sont à «achat», 4 à «conserver» et un à «vendre».

Acquisitions

La ronde d'acquisitions soulève des inquiétudes chez certains analystes. Darko Mihelic, de RBC Marchés des Capitaux, admet ne pas savoir quoi en penser et préfère rester sur les lignes de côté. «C'est trop tôt pour avoir une opinion sur les acquisitions, qu'elle soit positive ou négative, affirme-t-il. Il faudra encore quelques trimestres avant que le potentiel de synergies et de rentabilité soit adéquatement compris. En attendant, l'évaluation risque de rester la même.»

Au cours du troisième trimestre 2018 (terminé à la fin juillet), la Scotia a finalisé l'achat de Jarislowsky Fraser, ainsi que des activités de détail de Citibank Columbia et d'une participation de 68 % dans BBVA Chile. Les acquisitions de Banco Dominicano del Progreso, de MD Financial Management et d'une participation de 51 % dans Banco Cencosud devraient être conclues d'ici la fin du premier trimestre 2019 (fin janvier 2019).

M. Dechaine fait partie de ceux qui s'inquiètent. Il note que, par le passé, la Scotia n'est pas parvenue à générer une croissance du bénéfice par action suffisante pour compenser l'«érosion» du rendement sur l'équité. «Maintenant que la Scotia met les bouchées doubles sur sa stratégie de fusions et acquisitions, les investisseurs devraient tempérer leurs espoirs d'un renversement.» En raison de ces vents contraires, la Scotia a sous-performé ses pairs sur une période de 3 ans, 5 ans et 10 ans, ajoute-t-il.

Robert Sedran, de Marchés mondiaux CIBC, reste de son côté optimiste. À court terme, il faudrait attendre 2020 pour voir l'impact modeste des acquisitions. Par contre, il estime que les acquisitions aident la banque dans le déploiement de sa stratégie à long terme en Amérique latine et dans les activités de gestion de patrimoine au Canada.

Pays émergents

En ce qui concerne les pays émergents, il s'agit d'un couteau à double tranchant, explique Eric Compton, de Morningstar.

«L'international donne à la Banque un potentiel de croissance supérieure par rapport à ses pairs. Ça vient avec plus de risques, toutefois. Même si l'Amérique latine a été plus stable dans la dernière décennie, il y a des risques que ça ne se poursuive pas. Un retour de l'instabilité politique, des pertes sur crédit plus élevées ou une poussée d'inflation sont plus probables que dans les marchés matures.»

D'un côté, le risque augmente, mais, d'un autre côté, l'exposition à ces pays amène une forme de diversification du risque, ajoute M. Sedran. «Les économies du Chili, du Pérou, du Mexique et de la Colombie sont peu corrélées avec celle du Canada. À l'exception du Mexique, ces pays sont plus dépendants de la Chine que des États-Unis.»

Les inquiétudes sur les pays émergents offrent parfois des points d'entrée, note M. Caron. Il rappelle que la Scotia avait souffert des inquiétudes entourant l'économie chinoise en 2015. Une fois ces inquiétudes dissipées, la Banque a affiché une belle performance l'année suivante.

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