À 87 ans, M. Jarislowsky en a vu d’autres. Pourtant, il juge que notre environnement économique est le pire qu’il a rencontré dans sa carrière. « C’est même pire que durant la dépression des années 1930 », lance-t-il.
« L’immobilier canadien est surévalué de 20%, déplore-t-il. Les faibles taux d’intérêt rendent l’épargne impossible tandis qu’on perd de l’argent en investissant dans les obligations du gouvernement après l’inflation. De plus, on doit concurrencer la main-d’œuvre de la Chine. Cela aura un impact sur notre niveau de vie. »
M. Ratelle pense, lui aussi, que la comparaison avec 1987 est peu flatteuse pour l’économie de l’après-2008. « Nos difficultés sont plus importantes aujourd’hui, même si je ne crois pas qu’on perdra 22% comme ça, explique-t-il. Les difficultés de l’époque étaient techniques. Aujourd’hui, ce sont des problèmes structurels qui touchent l’Europe et les États-Unis. »
Des leçons
La crise de 1987 a tout de même eu des impacts sur l’économie contemporaine. « Les banques ont alors compris qu’elles devaient pomper de l’argent dans le système pour éviter la crise, constate Jean-Paul Giacometti, vice-président et gestionnaire de portefeuille chez Claret, qui a commencé sa carrière peu de temps après la crise. Les banques centrales avaient abaissé leur taux de 1 point de pourcentage. Dans le temps, c’était énorme. »
Les investisseurs doivent également tirer une leçon de cet épisode. « C’est dans les moments difficiles qu’il faut investir, mais personne ne veut le faire dans ce temps-là, même les institutionnels, constate M. Giacometti. C’était la même chose en 1987, en 1993, en 2002 et en 2008. »