Desjardins double ses réserves pour les pertes sur prêts

Publié le 21/02/2024 à 14:00, mis à jour le 21/02/2024 à 16:07

Desjardins double ses réserves pour les pertes sur prêts

Publié le 21/02/2024 à 14:00, mis à jour le 21/02/2024 à 16:07

Par La Presse Canadienne

(Photo: La Presse Canadienne)

Le Mouvement Desjardins a doublé la taille des réserves qu’il met de côté en cas de pertes sur prêts en 2023 tandis que plus d’entrepreneurs et détenteurs de cartes de crédit se trouvent dans une position financière difficile. 

Ses provisions pour pertes ont augmenté de 252 millions de dollars (M$), pour atteindre 529 M$ en 2023, selon les résultats de la coopérative financière dévoilés mercredi.

Pour les entreprises, les industries les plus touchées sont celles qui sont les plus vulnérables à une baisse des dépenses discrétionnaires comme la restauration, l’hébergement, la construction et l’immobilier. «C’est certain que les entreprises dans le domaine de la dépense discrétionnaire sont plus affectées que les entreprises qui sont dans des biens de consommation de tous les jours», a précisé le chef de l’exploitation, Réal Bellemare, en conférence de presse.

M. Bellemare s’attend à ce que les vents contraires se poursuivent pour ces industries en 2024. «On a vu quand même une hausse des situations de défaut du côté entreprise. On s’attend à une année 2024 un peu plus difficile.»

Le portrait «n’est pas noir ou blanc» quand on regarde la situation des entreprises, juge le président et chef de la direction, Guy Cormier. «Il y a des secteurs d’activité, malheureusement, qui sont plus sous pression. (…) Il y a d’autres secteurs d’activité qu’eux, là, c’est à fond la caisse. Ça va bien.»

Il ajoute que bien des entrepreneurs anticipaient un ralentissement économique et ont réussi à se préparer en conséquence.

Du côté des particuliers, les propriétaires continuent de rembourser leurs prêts hypothécaires, mais la qualité de portefeuille de prêts s’est détériorée du côté des détenteurs de cartes de crédit à un moment où les finances de nombreux ménages sont plus serrées.

«À l’heure actuelle, le portefeuille hypothécaire de Desjardins, moi, ne m’empêche pas de dormir, il est très solide», répond M. Cormier.

En 2023, le Mouvement Desjardins a téléphoné à 70 000 de ses membres «jugés plus vulnérables» avec une hypothèque à taux variables afin de les conseiller.

M. Cormier a reconnu que la situation pourrait être plus difficile pour les ménages qui vont renouveler leur hypothèque tandis que les taux de leur précédent terme étaient à un creux durant la pandémie.

«Là, on voit arriver des renouvellements hypothécaires plus imposants en termes de coûts mensuels. On peut parler de 600 $ à 800 $ par mois», souligne le patron de Desjardins.

 

Des résultats difficilement comparables

Le Mouvement Desjardins a dévoilé un excédent en hausse pour l’exercice financier 2023, mais le changement des normes comptables rend toutefois difficile d’interpréter la réelle performance de la coopérative.

Les assureurs doivent faire la transition des normes comptables IFRS 4 à IFRS 17. Desjardins a ainsi dû ajuster ses normes comptables pour ses activités d’assurance, comme ont dû le faire les autres assureurs canadiens.

La coopérative financière rapporte un excédent de 2,3 milliards de dollars (G$) pour l’exercice 2023. Il y a toutefois beaucoup de bruits comptables lorsque vient le temps de comparer l’excédent avec l’an dernier.

En théorie, l’excédent aurait augmenté de 1 G$ par rapport à l’an dernier, mais cette hausse fulgurante n’est pas représentative de la réelle performance de la coopérative, explique le chef des finances de Desjardins, Alain Leprohon, dans une séance d’information technique pour expliquer l’impact du changement. «On ne peut pas dire que Desjardins a fait un milliard de plus cette année que l’année passée», nuance-t-il.

En résumé, cet écart est grandement attribuable au moment où Desjardins a décidé de capitaliser certaines incidences liées au changement de normes.

Bien qu’imparfaite, M. Leprohon croit qu’une comparaison entre l’excédent 2023 et l’excédent 2022 tel que rapporté sous les anciennes normes serait plus représentative. Dans ce cas, l’excédent aurait augmenté de 10 %. «Ce serait plus approprié», nuance-t-il.

Si la comparaison est plus embrouillée pour 2023, la nouvelle norme IFRS 17, qui est obligatoire, vise à accroître la transparence et la comparabilité entre les compagnies d’assurance, précise M. Leprohon. «Une fois passée par−dessus l’année de transition, ça amène beaucoup plus de transparence dans les chiffres.»

La coopérative a augmenté sa ristourne de 9 M$, pour s’établir à 412 M$ en 2023. En incluant la ristourne, l’aide à la collectivité atteint 538 M$.

Stéphane Rolland, La Presse Canadienne

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