Les propos de Stephen Poloz ont une fois de plus eu un effet domino sur le marché des devises mercredi, le gouverneur de la Banque du Canada laissant entendre qu’une hausse des taux d’intérêt était envisageable dans les prochains mois.
Le dollar canadien bondit de 0,95% ou 0,72 cent pour se négocier à 76,47 cents US en fin de matinée.
M. Poloz a indiqué que l’économie canadienne avait crû à un rythme plus élevé que prévu au premier trimestre. Bien qu’il anticipe un ralentissement de la cadence, la croissance ne devrait pas ralentir fortement.
Dans une entrevue accordée à CNBC en Europe, M. Poloz a souligné que les taux d’intérêt étaient «extraordinairement bas», ajoutant que la baisse de 50 points de base réalisée en 2015 pour atténuer les effets du choc pétrolier intervenu à ce moment avait «fait le travail attendu».
Le gouverneur a précisé qu’il ne voulait pas anticiper une décision à propos des taux tandis que la Banque du Canada tiendra sa réunion à cet effet le 12 juillet. «Mais on doit certainement considérer tous les facteurs maintenant que les capacités excédentaires de l’économie sont en train de se résorber.»
Les propos tenus par M. Poloz aujourd’hui confirment le changement de ton intervenu à la Banque du Canada ces dernières semaines. Tandis que la plupart des économistes n’attendaient pas de resserrement des conditions de crédit avant 2018, plusieurs ont changé leur fusil d’épaule récemment, comme on l’écrivait dans ce texte.
La probabilité plus grande que les taux soient relevés au Canada contribue à donner un nouvel élan à la devise canadienne.
Comme le souligne Hendrix Vachon, économiste principal chez Desjardins, dans une note publiée mercredi matin, la récente appréciation du huard n’a rien à voir avec les prix du brut–qui ont fléchi depuis la troisième semaine de mai–, mais plutôt avec les écarts de taux d’intérêt entre le Canada et les États-Unis.
Les taux canadiens ont été avantagés récemment en raison des statistiques économiques encourageantes et par le changement de ton de la Banque du Canada à propos des taux d’intérêt.
Dans ce contexte, se questionne l’économiste, le dollar canadien peut-il s’élever jusqu’à 0,80$US? Pour y arriver, il faudrait un coup de pouce essentiel des prix du pétrole. Le scénario n’est pas impossible, mais M. Vachon croit qu’il sera difficile de réunir toutes les conditions qui permettraient au huard de s’apprécier encore fortement.
