Krugman: le début d'une crise mondiale encore pire?

Publié le 03/02/2014 à 09:49

Krugman: le début d'une crise mondiale encore pire?

Publié le 03/02/2014 à 09:49

Par Thomas Cottendin

Paul Krugman, prix Nobel d'économie 2008. [Photo: Bloomberg]

Une nouvelle crise serait sur le pas de la porte des pays développés, alerte un nombre croissant d’économistes. La situation dans les pays émergents laisse planer un risque de contagion. À ce sujet, le prix Nobel d’économie, Paul Krugman a exposé sa vison des choses.

Paul Krugman, le prix Nobel d’économie 2008, vient de trancher quant à la menace que représente la situation des pays émergents pour les pays développés.

Dans sa chronique du New York Times, l’auteur de Pourquoi les crises reviennent toujours affirme que «ce qui fait que ces problèmes [de la Turquie et de la Chine] font peur est la faiblesse sous-jacente des économies occidentales, une faiblesse largement aggravée par de très, très mauvaises mesures politiques.»

Paul Krugman remarque que l’histoire des crises se répète. Toutefois, même si «l'histoire reste la même, les effets des crises continuent d’empirer».

La production réelle a chuté de 4% lors de la crise au Mexique entre 1981 et 1983, de 14% en Indonésie entre 1997 et 1998 et de plus de 23% dernièrement en Grèce, note l’économiste.

Une crise encore pire se prépare-t-elle ?

Les fondamentaux sont légèrement rassurants: la Turquie a, notamment, une faible dette, et alors que les entreprises ont beaucoup emprunté à l’étranger, la situation financière générale n'est pas si mal, remarque Paul Krugman.

«Mais chaque crise précédente a défié les espérances les plus folles», affirme le prix Nobel. «Et les mêmes forces qui ont envoyé de l’argent patauger en Turquie rendent également l’économie mondiale dans son ensemble bien plus vulnérable.»

Paul Krugman estime que nous sommes actuellement dans une situation de «stagnation séculaire», c’est-à-dire que le nombre de gens qui souhaitent épargner dépasse le volume d’investissements qui ont un potentiel intéressant.

«Nous vivons donc dans une économie aujourd’hui destinée à faire des va-et-vient entre des bulles et des dépressions. Et ce n’est pas encourageant alors que nous observons ce qui ressemble à l’éclatement d’une bulle des marchés émergents», a écrit M. Krugman.

Un problème encore plus grave est que la Turquie n’est pas vraiment le problème, soutient l’expert en crises financières. Pas plus que l’Afrique du Sud, la Russie, la Hongrie, l’Inde ou un autre pays qui est touché en ce moment.

«Le véritable problème c’est que les économies mondiales aisées – les États-Unis, la zone euro, ainsi que d’autres acteurs plus modestes – ont échoué à régler leurs propres faiblesses sous-jacentes. Bien évidemment, face à un secteur privé qui veut économiser trop et ne pas investir suffisamment, nous avons mené des politiques d’austérité qui renforcent l’intensité de la dépression», écrit-il.

Encore plus grave,: tous les indicateurs montrent qu’en permettant au chômage de prospérer, «nous sabrons nos perspectives de croissance à long comme à court terme, ce qui ne fera que déprimer encore davantage les investissements privés».

Pour l'économiste, la majorité de l’Europe risque un piège déflationniste à la façon du Japon. «Une crise des marchés émergents pourrait, de façon tout à fait plausible, faire de ce risque une réalité.»

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