Huit erreurs qui tuent les rendements


Édition du 15 Juin 2019

Huit erreurs qui tuent les rendements


Édition du 15 Juin 2019

EXPERT INVITÉ. J'ai lu une entrevue fort intéressante de Charlie Munger, par Jason Zweig et Nicole Friedman, parue dans le Wall Street Journal du 3 mai, en marge de l'assemblée annuelle de Berkshire Hathaway (Charlie Munger, Unplugged, on.wsj.com/2W3I8VW). Charlie Munger est l'associé de Warren Buffett depuis de nombreuses années et, selon plusieurs, un facteur très important dans le succès phénoménal de Buffett et de Berkshire Hathaway au cours des quelque 50 dernières années.

Munger est reconnu pour sa franchise parfois brutale et pour ses idées peu orthodoxes. Pour lui, le succès boursier, comme dans la vie, ne nécessite pas tant de prendre des décisions géniales, mais surtout d'éviter les pires erreurs. Je me suis donc penché sur la question avec mon équipe afin de relever les pires erreurs que commettent le plus souvent les investisseurs. Nous en avons trouvé huit ; vous pourrez sûrement en ajouter d'autres.

1. Utiliser la dette à outrance. Une dette élevée est insidieuse, car lorsqu'elle devient un problème, il est souvent trop tard pour faire quoi que ce soit. Le levier amplifie le succès financier d'une entreprise lorsque les choses vont bien ; il peut aussi la précipiter rapidement dans le gouffre lorsque les conditions changent ou qu'un événement imprévu se produit. Il vaut mieux, autant que possible, éviter la dette, tant dans les entreprises dans lesquelles on investit que dans ses affaires personnelles. L'investissement sur marge mène souvent au désastre financier.

2. Envier le succès des autres. On a tous tendance à être envieux du succès des autres investisseurs. Notre voisin a fait beaucoup d'argent en investissant dans des titres de cannabis ou de cryptomonnaies ? On sent le besoin de faire comme lui. Notre beau-frère a obtenu d'excellents rendements au cours des dernières années en investissant dans Amazon, Facebook et Apple ? La tentation est forte de le suivre. Voilà une erreur qui peut être très coûteuse.

3. Vouloir aller trop vite. C'est à long terme que la Bourse devient payante. De nombreux investisseurs voudraient toutefois battre le système et s'enrichir rapidement. Ils font du day trading, ils utilisent des stratégies à base d'options, ils investissent sur marge et ils achètent des titres de sociétés très spéculatifs. Warren Buffett a dit : «On ne peut pas produire un bébé en un mois en rendant neuf femmes enceintes.» Pour l'investisseur, rien ne peut remplacer le temps et la discipline d'investir systématiquement, année après année.

4. Être trop prudent(e). Je vois trop d'investisseurs dont le portefeuille comporte un pourcentage élevé en encaisse depuis longtemps. J'estime aussi que de nombreux investisseurs possèdent trop d'obligations. Bien sûr, il convient à plusieurs d'avoir des obligations et de l'encaisse en portefeuille, mais «trop, c'est comme pas assez». Les obligations ont leur place dans le portefeuille de certains investisseurs plus prudents. Mais l'investisseur dont l'horizon de placement est supérieur à 10 ans, devrait surtout posséder des actions.

5. Avoir une diversification inadéquate. On parle à la fois d'une diversification trop faible ou d'une diversification trop grande. Certains investisseurs détiennent trop peu de titres et sont trop lourdement investis dans certaines industries. D'autres possèdent des dizaines de fonds communs, de sorte qu'au bout du compte, ils possèdent ni plus ni moins la quasi-totalité des titres du marché boursier.

6. Changer constamment de manière d'investir. De nombreux investisseurs passent leur temps à changer de philosophie d'investissement, de méthode. Au début de notre carrière d'investisseur, on peut fort bien chercher la philosophie d'investissement qui nous convient pendant un certain temps, mais arrive un moment, le plus tôt possible, où l'on doit établir sa démarche. On peut ensuite y apporter de légers changements, mais elle ne doit plus changer en profondeur.

7. Tenter de prédire les mouvements des marchés. Le market timing est une des pratiques les plus courantes parmi les investisseurs et probablement l'une des plus coûteuses. On doit se faire une raison : prédire les mouvements des marchés boursiers à court terme et à répétition est impossible. Même si vous réussissiez à prévoir la prochaine correction, comment connaîtriez-vous le bon moment pour réinvestir ? Malgré toutes ses corrections et ses marchés baissiers, la Bourse a su enrichir considérablement les investisseurs qui y sont restés sans broncher.

8. Trop se fier aux médias. Les médias écrits veulent forcément attirer l'attention des lecteurs. Ils présentent donc des nouvelles qui attirent leur attention, souvent en leur faisant peur. Ne prenez pas de décision sur la base du «bruit» ambiant, mais en fonction des résultats financiers et des données fondamentales de vos sociétés en portefeuille.

Vous reconnaissez-vous parmi ces huit erreurs communes ? Je suis persuadé que l'investisseur qui saura éviter ces erreurs obtiendra un bon succès en Bourse. Comme l'a dit Munger, il importe d'«inverser» pour réussir dans la vie : «Dites-moi seulement où je mourrai et je m'assurerai de ne jamais y mettre les pieds.»

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