Et si le pétrole grimpait à 130 $ US...

Publié le 23/02/2011 à 11:21, mis à jour le 23/02/2011 à 14:22

Et si le pétrole grimpait à 130 $ US...

Publié le 23/02/2011 à 11:21, mis à jour le 23/02/2011 à 14:22

Par Olivier Schmouker

Les pays émergents seraient les premiers touchés. Photo : Bloomberg.

Le prix du baril de pétrole brut ne cesse de grimper, si bien que des analystes commencent à étudier sérieusement des scénarios encore inimaginables il ya quelques semaines. Le dernier en date : qu’arriverait-il si les prix atteignaient bientôt les 130 dollars américains (alors qu’il flirte actuellement avec les 100 dollars)?

L’impact d’un bond de 30% de la valeur du pétrole se ferait ressentir en premier lieu dans les pays émergents, et en particulier ceux d’Asie, selon Pierre Lapointe, stratège macro, et Alex Bellefleur, économiste, de Brockhouse Cooper. En effet, les pays comme la Chine, le Vietnam, la Malaisie et l’Inde ont une production qui est très dépendante de l’énergie. C’est du moins ce qu’indique leurs Intensités énergétiques respectives, soit la mesure mise au point par la Banque mondiale qui évalue le pétrole nécessaire pour qu’un travailleur puisse fabriquer l’équivalent de 1 000 dollars américains en produits. La Chine frôle les 300 points, le Vietnam dépasse les 260 points, la Malaisie avoisine les 210 points, et l’Inde approche des 200 points.

Du coup, un bond du prix du pétrole va entraîner une hausse des coûts de production dans ces pays qui figurent parmi les plus grands manufacturiers du monde. Bien entendu, il est difficile d’évaluer cette hausse. Cela étant, les deux experts ont fait l’exercice pour les Etats-Unis (qui ont une Intensité énergétique d’environ 170 points) : la diminution de la production industrielle y serait de 0,2% durant le premier trimestre et pourrait atteindre 1% à l’échelle d’une année. Il est à noter que pour l’instant elle est en progression de 5% en glissement annuel…

«L’impact serait sensible sur la plupart des pays développés, mais pas au point de précipiter leurs économies dans la récession», estiment les deux experts de Brockhouse Cooper.

La réaction des consommateurs? «Ils réfréneraient leurs achats, mais pas tout de suite après que le prix du baril de pétrole ait atteint les 130 dollars américains», avancent-ils, en indiquant que le recul serait de 0,1% sur une base trimestrielle et de 0,5% sur une base annuelle, aux Etats-Unis.

Le Canada en mauvaise posture

Et au Canada? L’étude ne l’indique pas directement, mais des graphiques laissent imaginer que l’impact serait plus fort ici que chez nos voisins du Sud. De fait, l’Intensité énergétique canadienne est une des plus élevées du monde, se situant entre celles de la Malaisie et du Vietnam, à plus de 220 points! Les coûts de production devraient alors fortement progresser, avec toutes les conséquences négatives qui s’ensuivent…

Alors, faut-il craindre une répétition des crises énergétiques de 1973 ou de 2008? Non, selon MM. Lapointe et Bellefleur. Car en 1973, le prix du pétrole avait crû de plus de 100% (là, on parle d’un bond de 30%). Et en 2008, presque toute la planète était en récession, ce qui n’est plus franchement le cas actuellement.

«Néanmoins, il risque de se produire un ralentissement généralisé des reprises économiques auxquelles on assiste dans les pays développés», préviennent-ils.

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