Espionnage informatique: le torchon brûle entre Pékin et Washington

Publié le 20/05/2014 à 07:21

Espionnage informatique: le torchon brûle entre Pékin et Washington

Publié le 20/05/2014 à 07:21

Par AFP

Photo: Bloomberg

Pékin a accusé mardi Washington d'« hypocrisie » et a convoqué l'ambassadeur américain, dans une vive réplique à l'inculpation aux États-Unis de cinq officiers de l'armée chinoise pour « piratage informatique » et « espionnage économique ».

Affirmant que ces inculpations étaient « fabriquées de toutes pièces », les autorités chinoises, du ministère de la Défense à celui des Affaires étrangères, ont fait bloc pour au contraire dénoncer les propres turpitudes américaines en matière de cybersécurité.

« Ce sont bien les États-Unis qui sont à l'origine de l'espionnage informatique, en mettant sur écoute des personnes, des entreprises et des institutions dans de très nombreux pays du monde », a martelé Hong Lei, porte-parole de la diplomatie chinoise.

« De WikiLeaks à l'affaire Snowden (ancien contractuel du renseignement américain, NDLR), l'hypocrisie des États-Unis et son recours à deux poids deux mesures en matière de sécurité informatique ont depuis longtemps été clairement mis en évidence », a insisté le ministère chinois de la Défense dans un communiqué.

A l'opposé, « le gouvernement chinois, l'armée chinoise et les effectifs qui en dépendent n'ont jamais été impliqués dans des soi-disant vols informatiques de secrets commerciaux », a assuré M. Hong.

Un grand jury de Pennsylvanie (Etats-Unis) a inculpé cinq officiers chinois pour avoir, entre 2006 et 2014, volé des secrets commerciaux d'entreprises américaines spécialisées dans l'énergie nucléaire ou solaire, et dans la métallurgie.

Les officiers poursuivis --Wang Dong, Sun Kailiang, Wen Xinyu, Huang Zhenyu et Gu Chunhui-- sont « membres de l'Unité 61398 du Troisième département de l'Armée populaire de libération », le nom officiel de l'armée chinoise, a annoncé le ministre américain de la justice, Eric Holder.

« Cette affaire d'espionnage économique présumé perpétré par des membres de l'armée chinoise représente les premières poursuites jamais engagées à l'encontre d'un acteur étatique pour ce type de piratage », s'est-il félicité lors d'une conférence de presse.

Parmi les entreprises concernées figurent Westinghouse, US Steel, Allegheny Technologies, Alcoa, ainsi que des filiales de la société SolarWorld.

En 2010 par exemple, « pendant que Westinghouse négociait avec une entreprise publique chinoise la construction de réacteurs nucléaires, les pirates volaient les plans de composants de ces réacteurs », a détaillé M. Holder.

Les documents judiciaires citent également, parmi d'autres, le cas d'Alcoa qui discutait d'un partenariat avec une entreprise publique chinoise en février 2008 et qui a été victime à la même époque d'une attaque informatique au cours de laquelle ont été volés des milliers de courriels internes, dont certains évoquant ces discussions.

Selon le Washington Post, l'espionnage informatique chinois coûte entre 24 milliards et 120 milliards de dollars par an à l'économie américaine.

Le directeur du FBI James Comey a de son côté estimé que « pendant trop longtemps, le gouvernement chinois a utilisé le cyber-espionnage de façon éhontée pour obtenir des avantages économiques pour ses industries d'Etat ».

Pékin a aussi réagi en affirmant que ces inculpations mettaient « en danger la coopération et la confiance mutuelle entre la Chine et les États-Unis ».

« Le prétendu +réseau (chinois) d'espionnage commercial+ est purement et simplement une invention des États-Unis, qui s'inscrit dans une stratégie de tromperie du public avec des motifs non avoués », a soutenu le ministère chinois de la Défense.

Le ministère chinois des Affaires étrangères a de son côté convoqué mardi l'ambassadeur américain à Pékin, Max Baucus, afin de lui transmettre une « protestation solennelle » de la Chine.

La virulence des propos des responsables américains dans cette affaire reflète le niveau d'inquiétude atteint aux Etats-Unis face à l'ampleur de l'espionnage informatique chinois, source de tensions entre les deux pays ces derniers mois.

Dans l'autre sens, l'espionnage électronique mené par les autorités américaines, à la manière du programme Prism, est régulièrement dénoncé en Chine comme portant atteinte aux droits de l'homme, le gouvernement chinois se faisant ainsi le plaisir de rétorquer aux propres critiques américaines.

Un nouveau palier a toutefois été franchi avec ces inculpations, qui interviennent dans un contexte de récents sujets de contentieux entre les deux premières puissances mondiales.

Pékin a notamment été irrité le mois dernier par une déclaration publique à Tokyo du président américain Barack Obama, qui a répété que des îles dont le Japon et la Chine se disputent la souveraineté étaient « couvertes » par un traité bilatéral de défense américano-nippon.

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