Élection américaine : trois enjeux à surveiller


Édition du 01 Octobre 2016

Élection américaine : trois enjeux à surveiller


Édition du 01 Octobre 2016

Par Stéphane Rolland

[Photo : 123RF/xtockimages]

1. Le moment de rapatrier l'argent des entreprises

Des sociétés américaines conservent plus de deux billions de dollars en liquidités à l'étranger afin d'éviter l'imposition américaine sur les revenus générés à l'international. Le prochain locataire de la Maison-Blanche, que ce soit Trump ou Clinton, pourrait s'attaquer à cette situation.

Le 45e président des États-Unis pourrait adopter un taux de taxation exceptionnel afin d'encourager les entreprises à rapatrier leurs fonds. Le gouvernement de George W. Bush avait adopté un congé fiscal similaire en 2005. «Les liquidités de certaines sociétés américaines représentent jusqu'à 20 % ou 30 % de leurs capitalisations boursières, dit Pierre Trottier, gestionnaire de portefeuille pour les actions américaines chez l'Industrielle Alliance. Avec cet argent, elles pourraient racheter des actions ou augmenter leur dividende.»

Un tel incitatif fiscal serait une bonne nouvelle pour les actionnaires d'Apple (AAPL, 113,58 $ US), de Microsoft (MSFT, 56,93 $ US), de Google (GOOG, 765,70 $ US) et de Cisco (CSCO, 31,02 $ US), donne en exemple le gestionnaire de portefeuille.

2. Énergie : les renouvelables contre les fossiles

Le secteur énergétique est divisé entre le camp démocrate et le camp républicain. Dans le coin gauche, Hillary Clinton avantagerait les sociétés qui produisent des énergies renouvelables ; dans le coin droit, Donald Trump laisserait le champ libre aux producteurs de gaz et de pétrole.

L'industrie énergétique est volatile, note Stewart Glickman, analyste de S&P Global Market Intelligence. Des changements à court terme du côté de l'offre et de la demande ou de la valeur du dollar américain influencent le cours des actions dans le secteur. «Parfois, l'industrie est touchée par des changements à long terme. L'un de ces changements est le développement des sources alternatives d'énergie. Il y a une grande disparité entre les plateformes des deux candidats.

Une victoire de Hillary Clinton, qui a émis des cibles de réduction de la consommation des énergies fossiles plus ambitieuses que celles de Barack Obama, serait une bonne nouvelle pour des entreprises comme Canadian Solar (CSIQ, 12,02 $ US), First Solar (FSLR, 34,42 $ US) et SolarCity (SCTY, 17,23 $ US), énumère M. Glickman. À l'inverse, des sociétés comme Valero Energy (VLO, 57,14 $ US), Phillips 66 (PSX, 80,35 $ US) et Marathon Petroleum (NY, MPC) souffriront des politiques de la candidate démocrate, parce qu'elle souhaite réduire la demande en produits pétroliers. Les entreprises intégrées comme Exxon Mobil (XOM, 83,83 $ US) et Chevron (CVX, 98,04 $ US) seront touchées, mais dans une moindre mesure, car elles sont exposées aux activités de raffinage à l'international.

Avec Trump, les efforts pour réduire la consommation d'énergie fossile risquent d'être mis de côté. Cela représenterait un avantage pour tous les producteurs de gaz et de pétrole.

3. Consommation : le mur ou le salaire minium

Que ce soit l'hostilité de Donald Trump à l'égard de l'immigration illégale ou le désir de Hillary Clinton d'augmenter le salaire minimum, la plateforme des deux candidats provoquera des changements dans le secteur de la consommation.

Hillary Clinton a plaidé en faveur d'une augmentation du salaire minimum fédéral pour le faire progresser de 7,25 $ US l'heure à 12 $ US. Une main-d'oeuvre plus chère grugera les marges de Chipotle Mexican Grill (CMG, 402,76 $ US) et Domino's Pizza (DPZ, 151,51 $ US), dont la clientèle est plus réticente à accepter une augmentation des prix, estime Tuna N. Amobi, de S&P Global Market Intelligence. Pour différentes raisons, l'impact sera moins sévère pour McDonald's (MCD, 115,21 $), Wal-Mart (WMT, 72,09 $ US) et Target (TGT, 68,89 $ US). La forte présence à l'international et un modèle d'entreprise par franchise atténuent la pression sur la plus importante chaîne de restaurants du monde. Wal-Mart et Target, pour leur part, offrent déjà une rémunération supérieure au salaire minium en vigueur, ce qui réduit l'impact d'une hausse. De plus, une part importante de leur clientèle est payée au salaire minimum. Par ricochet, cette politique sociale augmenterait leurs ventes.

L'industrie de l'alimentation pourrait de son côté «frapper un mur» si Donald Trump maintenait la ligne dure en immigration. Dans l'industrie agricole, 26 % des travailleurs n'ont pas de permis de travail, par rapport à 5,1 % dans l'ensemble du marché de l'emploi, souligne Joseph Agnese, de S&P Global Market Intelligence. La victoire de Trump serait une mauvaise nouvelle pour Dean Foods (DF, 16,18 $ US), Tyson Foods (TSN, 74,23 $ US), Hormel Foods (HRL, 36,58 $ US), Pilgrim's Pride (PPC, 21,33 $ US) et Sanderson Farms (SAFM, 94,73 $ US).

À lire aussi :

Comment Trump et Clinton peuvent vous faire perdre de l'argent

→ Les biotechs, l'occasion de la campagne ?

À la une

Les proches aidants, l’angle mort de l’équilibre travail-famille

Mis à jour il y a 45 minutes | Catherine Charron

RHÉVEIL-MATIN. Les employeurs semblent mal comprendre leur réalité.

Bourse: la Banque Royale fait trembler le marché des actions privilégiées

BALADO. La Banque Royale envoie un signal clair qu'elle pourrait racheter toutes ses actions privilégiées.

Bourse: ce qui bouge sur les marchés avant l'ouverture vendredi 19 avril

Mis à jour il y a 5 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Les marchés mondiaux battaient en retrait vendredi matin.