Économie: les impacts du drame haïtien

Publié le 14/01/2010 à 14:46

Économie: les impacts du drame haïtien

Publié le 14/01/2010 à 14:46

Le bilan humain du tremblement de terre qui a secoué Haïti mardi s’annonce catastrophique et avec les dommages aux édifices et infrastructures, c’est aussi toute la structure économique du pays qui semble s’être effondrée.

Lesaffaires.com s’est entretenu avec Stéphane Pallage, directeur du Département des sciences économiques de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM, pour faire le point sur les répercussions économiques de la tragédie qui ébranle Haïti.

Lesaffaires.com : Quels sont les impacts économiques du tremblement de terre à Haïti ?

Stéphane Pallage : Ils sont majeurs. Toute l’infrastructure, qui n’était déjà pas très bonne, est complètement détruite. Tout est à refaire. Remarquez, personne ne souhaitait évidemment cela, mais cela peut représenter une opportunité de reconstruire et de reconstruire bien. Il y a donc des possibilités intéressantes sur le plan du développement. Mais c’est tout de même un peu tôt pour dire cela.

L.A.: Qu’est-ce qu’il faut rebâtir en priorité ?

S.P. : Beaucoup de choses. On achemine à partir de maintenant une série d’hôpitaux gonflables qui seront très bons pour les prochains mois, mais il faut être capable de rebâtir les hôpitaux rapidement. En parallèle, les routes. Tout ce qui permet les communications et les transports est vraiment fondamental. Puis, l’électricité et les conduites d’eau. L’eau potable sera un problème majeur. Il n’y a plus d’eau courante. L’eau que l’on trouve dans les puits sera rapidement très polluée, il y aura donc des problèmes d’épidémie.

L.A. : On parle donc de projets qui nécessiteront de l’investissement considérable. Alors qu’avant même le tremblement de terre, l’infrastructure et l’économie étaient déjà très faibles en Haïti, comment les Haïtiens arriveront-ils à se redresser ?

S.P. : Ils ne vont pas y arriver seuls. Je pense que tous les élans d’aide internationale seront les bienvenues et que ce sera une aide assez soutenue au cours des prochaines années. Évidemment, on pense actuellement surtout à de l’aide humanitaire puisque c’est ce dont ils ont besoin. Mais dans quelques semaines ou mois, ils auront besoin d’aide à la reconstruction. Une espèce de Plan Marshall qui sera ultimement très bénéfique pour Haïti. Mais à l’heure actuelle, il est trop tôt pour y penser.

Aussi, il faut se méfier des statistiques. Comme beaucoup de pays en développement, la majorité du travail se fait dans le secteur informel, qui n’est pas comptabilisé. J’ai lu des chiffres aberrant, comme 80 % de chômeurs, mais cela ne veut rien dire. On ne comptabilise pas tous les ouvriers agricoles, tous les domestiques, la quantité de gens qui produisent de l’artisanat. Ces activités leur procurent un revenu.

L.A. : Pensez-vous qu’il y aura la même mobilisation internationale pour contrer les répercussions de ce séisme qu’il y a eu envers les entreprises dans le cadre de la crise économique ?

S.P. : C’est un drame qui a touché énormément de gens, partout dans le monde. Les Haïtiens sont un peu partout dans la Francophonie, mais également aux États-Unis. J’ai l’impression que le côté émotif du drame fait que la plupart des grands pays donateurs achemineront beaucoup d’aide au cours des prochaines années vers Haïti, sans compter l’aide des particuliers et de la diaspora haïtienne. Le danger évidemment est de ne pas coordonner cette aide, d’avoir des redondances et que finalement, elle soit inefficace. Il faut donc faire très attention. Mais la communauté internationale a vraiment appris du Tsunami et a alors réussi à coordonner une aide véritablement colossale qui a mené à une reconstruction quasiment intégrale de certaines régions.

L.A. : Ce drame en Haïti a-t-il un impact sur l’entreprise et le secteur économique canadien ?

S.P. : Certainement. Il faudra reconstruire, donc cela prendra des ingénieurs, des entreprises de construction prêtes à faire des projets internationaux et il y en a au Québec. Des opportunités vont donc se développer dans les prochaines années entre les besoins de reconstruction et développement d’Haïti et l’entrepreneuriat canadien. Des entreprises qui n’ont pas froid aux yeux et qui sont prêtes à se lancer dans des projets internationaux. Par exemple, dans le cas du Tsunami, des entreprises canadiennes et québécoises sont allées reconstruire les régions complètement décimées.

L.A. : Vous semblez assez optimisme, malgré l’ampleur de la catastrophe...

S.P. : Il y a un parallèle intéressant à faire avec l’Allemagne de l’après-guerre où tout a été détruit. Les Américains ont convaincu certains de leurs alliés de reconstruire l’Allemagne en envoyant des fonds massifs : c’était le Plan Marshall. C’est ce que vivra probablement Haïti dans une proportion peut-être un peu moindre, comme il s’agit d’un plus petit pays. Mais il y a là une possibilité de repartir de zéro, sur d’excellentes bases.

L.A. : Pensez-vous que les forces économiques haïtiennes sont prêtes à sauter sur cette possibilité de prendre le leadership de se rebâtir, de repartir de zéro ?

S.P. : Je crois. Il s’agit d’un pays qui a été extrêmement touché par de nombreux cataclysmes au cours des années. Il y a une solidarité, une diaspora très importante et très éduquée qui est prête à s’investir dans la reconstruction du pays.

 

 

 

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