Dollar faible: le yuan comme solution de rechange au dollar américain


Édition du 04 Avril 2015

Dollar faible: le yuan comme solution de rechange au dollar américain


Édition du 04 Avril 2015

[Photo: Bloomberg]

Le dollar américain est la monnaie d'échange la plus utilisée à l'échelle internationale, mais le yuan, aussi appelé renminbi, est en pleine internationalisation. La devise chinoise occupe la cinquième place des monnaies les plus échangées du monde, alors qu'elle se situait au 35e rang en 2010. Une progression fulgurante qui traduit le poids prépondérant de la Chine dans l'économie mondiale. L'empire du Milieu est désormais la deuxième puissance économique du monde.

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Encore peu d'entreprises canadiennes négocient actuellement en yuans, mais la récente ouverture d'un hub d'échange du yuan à Toronto devrait accélérer sa croissance en facilitant les échanges.

Comme pour le dollar américain, acheter des yuans est devenu plus cher pour les Canadiens depuis la baisse du huard. «Depuis le mois de décembre, cela revient à 7 % de plus pour un importateur canadien, explique Alexandre Lemieux, directeur général du groupe solutions de gestion de risques à la Banque Nationale. Par contre, c'est une devise plus stable que le dollar américain.» Le principal intérêt du renminbi pour les entreprises canadiennes qui importent de la Chine se trouve donc ailleurs.

Payer ses fournisseurs chinois en yuans plutôt qu'en dollars américains permet de réduire les coûts de transaction de change, et ce, en éliminant l'intermédiaire que constitue le dollar américain. La facture elle-même peut également baisser. «Les fournisseurs chinois sont plus enclins à accorder des rabais s'ils sont payés dans leur monnaie», souligne David Watt, économiste en chef à la Banque HSBC Canada. Selon un sondage réalisé pour HSBC en 2014, 60 % des compagnies chinoises sont prêtes à proposer un escompte de 5 % pour négocier en renminbi.

En 2012, l'entreprise albertaine Direct Alloys avait expliqué, dans une entrevue accordée à Les Affaires, que payer ses fournisseurs d'acier chinois lui avait permis d'économiser 333 000 $ sur les 3 millions de dollars canadiens d'acier acheté en Chine sur un an, soit une baisse de ses coûts d'importation de 11 %. «Comme nous les payons désormais dans leur monnaie locale, nos fournisseurs en Chine ne nous facturent plus la prime de volatilité de 6 à 8 % sur le dollar américain», avait précisé Ginette Dubé, copropriétaire du fabricant d'outils de forage.

Autre atout de l'utilisation du renminbi : nouer des partenariats plus fructueux avec ses fournisseurs chinois et pouvoir mieux négocier avec eux. «Utiliser une même devise, c'est comme parler le même langage», résume M. Lemieux. Consciente du potentiel que représente le yuan pour les entreprises québécoises, la Banque Nationale a signé une entente avec la Banque de Chine en 2012 et propose à ses clients divers services, dont l'ouverture d'un compte commercial en renminbi.

Négocier en yuan permet également d'accéder à des fournisseurs chinois qui ne travaillent pas déjà avec des entreprises étrangères et qui sont donc probablement plus disponibles que ceux comptant déjà de nombreux clients. «Cela donne des occasions avec de nouveaux fournisseurs, car beaucoup de PME chinoises ne sont pas équipées pour négocier en dollars américains», indique M. Watt.

Les importateurs québécois sont pour le moment peu nombreux à avoir franchi le pas, mais les avantages du renminbi commencent à les séduire. Pascal Migué est l'un d'entre eux. S'il n'avait pas vendu son entreprise de distribution de quincaillerie pour portes et fenêtres l'automne dernier, il aurait peut-être décidé de se mettre au renminbi. «Je songeais à passer au yuan, car c'est en train de devenir une monnaie forte et stable, explique celui qui avait l'impression de devenir un spéculateur à force de s'adapter aux fluctuations du dollar américain. C'est difficile d'augmenter ses prix quand c'est lié aux devises, car les clients disent : "Tu ne baisses pas tes prix quand le dollar canadien monte, mais tu les augmentes quand il baisse".»

Rester fort malgré un dollar faible

Série 1 de 8. Nous vous présentons les deux premiers volets d'une série de huit tactiques pour déjouer le défi de la faiblesse du taux de change du dollar canadien.

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