Comment faire briller le Québec? Voici le plan du comité Leroux

Publié le 15/02/2018 à 09:13, mis à jour le 17/02/2018 à 09:15

Comment faire briller le Québec? Voici le plan du comité Leroux

Publié le 15/02/2018 à 09:13, mis à jour le 17/02/2018 à 09:15

Les 12 recommandations du Conseil consultatif sur l'économie et l'innovation sont maintenant chiffrées, avec des échéanciers et des modes de réalisation. Présidé par l'ex-présidente du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, le Conseil veut que le Québec mette l'accent sur la formation et le recrutement du talent, se hisse comme leader de l'économie verte, et soit encore plus entreprenant. Il propose notamment à cet effet la création d'un réseau d'entrepreneurs élites du Québec afin d'amener plus de PME à la conquête de la planète.

Si elles sont intégralement adoptées par le gouvernement du Québec, les 12 recommandations du comité Leroux devraient coûter entre 1,2 G$ et 1,5 G$ au trésor public. La mise en place de plusieurs de celles-ci s'échelonne sur un horizon d'un an à trois ans, mais les plus costaudes, au plan financier, vont jusqu'à 10 ans.

Au nombre des recommandations nécessitant les plus importants débours se trouvent une contribution souhaitée de 155 M$ pour la mise en place de 2000 bornes de recharge rapide sur l'horizon 2027. Ces 2000 bornes viendraient s'ajouter aux 2000 bornes standard déjà prévues pour 2020. Un autre 650 M$ serait requis pour accélérer la conversion de véhicules lourds aux carburants alternatifs comme le gaz naturel liquéfié, le gaz naturel comprimé et les biocarburants. À l'intérieur de cette enveloppe, le gouvernement contribuerait pour 335 M$ à la construction d'une vingtaine de stations-service pour carburants alternatifs et consentirait près de 315 M$ en incitatifs à la conversion de camions.

Ces initiatives devraient permettre d'affirmer le leadership du Québec dans les énergies propres et stimuler le développement d'entreprises dans le secteur, estime le Conseil.

L'organisme souhaiterait aussi voir la province injecter davantage en intelligence artificielle. Il dit reconnaitre que l'engagement de 100 M$ sur cinq ans est substantiel, mais aimerait voir s'ajouter 400 M$ sur 10 ans. Près de 100 M$ iraient au fonctionnement de la grappe et de ses instituts (IVADO et MILA); 150 M$ à des programmes d'éducation et de formation visant à terme la qualification de 1000 ingénieurs par année en IA; un dernier 150 M$ serait affecté à des projets de recherche appliquée publics/privés.

La priorité des priorités: le talent

Au-delà des chiffres, en entretien, la présidente Monique Leroux a estimé que les grandes priorités du Conseil résidait dans ses trois premières recommandations, qui visent à développer le talent du Québec.

"La priorité, c'est qu'on se mette en marche sur le talent et les compétences", a-t-elle notamment indiqué.

Le Conseil recommande d'augmenter la littératie et les compétences numériques des travailleurs québécois en appelant notamment les entreprises à adopter une application baptisée Abracadabra, qui a été développée par l'université Concordia (adaptée en français par l'UQAM) et est réputée être la meilleure application d'alphabétisation au monde.

Parce que les parcours de requalification de la main-d'œuvre sont trop longs pour les salariés, il propose également au gouvernement la mise sur pied d’un programme rapide d’emploi technique (PRET). Il s’agit d’un programme en alternance travail-études d'une durée de 12-18 mois, où les participants seraient rémunérés au taux d’un apprenti. Il serait offert dans des domaines à forte

demande de main-d’oeuvre dans toutes les régions. Il reposerait sur un partenariat entre les entreprises, les cégeps et les centres de formation professionnelle des commissions scolaires. L'idée est d'inspiration allemande.

Enfin, le comité souhaite que plus d'étudiants étrangers viennent faire des stages au Québec et y demeurent ensuite afin d'améliorer le bassin de compétences. Il propose de leur destiner des stages rémunérés et des emplois, dès la deuxième année d’études au cégep ou à l’université, avec pour condition préalable une bonne maîtrise du français. Il faudrait modifier les règles en vigueur pour que les universités et les cégeps aient un meilleur avantage financier à recruter et à accueillir des étudiants internationaux. Les entreprises, le gouvernement et les établissements devraient aussi investir conjointement dans la promotion internationale des études au Québec. La recommandation s’appuie notamment sur des initiatives en cours en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Nouvelle-Écosse.

"Ce sont trois initiatives qui ne coûtent pas cher et que l'on peut mettre en marche dès maintenant", a dit madame Leroux.

Un réseau d'entrepreneurs étoiles

Une autre des recommandations importantes vise la création d'un réseau qui réunirait les meilleurs entrepreneurs du Québec dans un groupe de pairs. Le Réseau 200 serait appuyé par six membres du Conseil (Alain Bouchard, Noémie Dupuy, Monique Leroux, Michael Sabia, Nancy Florence Savard et Ethan Song). Il rassemblerait des dirigeants de PME rentables, qui sont en activité depuis au moins deux ans, dont les revenus sont supérieurs à 5 M$ et qui frappent aux portes des marchés internationaux.

L'organisme évalue à 5 M$ les sommes qui seraient requises pour donner une permanence au Réseau 200 et stimuler la participation des propriétaires de PME. Il devrait à terme rechercher l'autofinancement sous forme d'une cotisation de ses membres.

"Si seulement 100 petites entreprises (99 employés et moins) passaient à un statut de grande entreprise (plus de 500 employés), le PIB du Québec augmenterait de 9%", peut-on notamment lire dans le dernier document du Conseil.

Il s'agit du dernier rapport du Conseil consultatif sur l'économie et l'innovation. Le Conseil a été créé à l’automne 2016 par le gouvernement Couillard. Le but était d’obtenir des suggestions pour apporter plus de cohérence entre les différents acteurs du développement économique. Il est formé de 32 personnalités du milieu des affaires, notamment Louis Vachon, PDG de la Banque Nationale, Alain Bouchard, président du conseil et fondateur d’Alimentation Couche-Tard et Sophie Brochu, PDG de Gaz Métro et Marc Dutil, PDG de Groupe Canam, pour ne nommer qu’eux.

Les 12 recommandations en résumé

Voici sommairement les recommandations, de même que les investissements requis et les échéanciers fixés.

DÉVELOPPER LE TALENT ET LES COMPÉTENCES DE BASE DES QUÉBÉCOIS

1-Initiative de masse de développement des compétences de base pour protéger des milliers d’emplois

Contribution principale : entreprises

Investissement public requis : entre 40 et 50 millions $

Échéancier de réalisation : par phases, 3 à 6 ans

Membres impliqués dans la mise en œuvre : Anne-Marie-Hubert, Gaétan Morin, Gabriel Bran Lopez

2-Couloir de qualification rapide pour répondre aux pénuries de main-d’œuvre

Contribution principale : partagée

Investissement public requis : entre 25 et 40 millions $

Échéancier de réalisation : 1 an

Membres impliqués dans la mise en œuvre : Anne-Marie-Hubert, Pierre Gabriel Côté

3-Multiplication des stages pour tous les étudiants, avec une offre spécifique pour les étudiants internationaux

Contribution principale : partagée

Investissement public requis : entre 5 et 10 millions $

Échéancier de réalisation : 1 an

Membres impliqués dans la mise en œuvre : Michel Patry, Anne-Marie-Hubert, Gabriel Bran Lopez, Pierre Marcouiller, Luce Samoisette, Ethan Song.

STIMULER LA NAISSANCE ET LA CROISSANCE DES ENTREPRISES

4-Amener plus de PME à l’international en réunissant les meilleures entreprises dans un réseau de croissance

Contribution principale : entreprises

Investissement public requis : entre 5 et 10 millions $

Échéancier de réalisation : 1 an

Membres impliqués dans la mise en œuvre : Alain Bouchard, Noémie Dupuy, Monique F. Leroux, Michael Sabia, Nancy florence Savard, Ethan Song

5-Accélérer l’adoption des technologies numériques en guidant les entrepreneurs qui ne savent pas par où commencer, en facilitant l’accès aux données, en lançant des projets pilote locaux dans les services publics

Contribution principale : partagée

Investissement public requis : entre 2 et 5 millions $ pour le volet Tournée numérique et un montant à déterminer pour un fonds de soutien à la numérisation des entreprises

Échéancier de réalisation : 1 à 3 ans

Membres impliqués dans la mise en œuvre : Sylvie Vachon, Marieke Tremblay, Marie-Josée Lamothe, Louis Roy

6-Rendre les achats gouvernementaux plus structurants en faisant des appels d’offres sur des problèmes à régler plutôt que sur un cahier des charges à remplir, ce qu’on appelle l’approvisionnement stratégique

Contribution principale : gouvernement et organismes publics

Investissement public requis : entre 3 et 5 millions $

Échéancier de réalisation : 1 à 3 ans

Membres impliqués dans la mise en œuvre : Éric Martel, Anne-Marie Larose, Anne-Marie Hubert

MISER SUR LES FORCES DU QUÉBEC

7-Accélérer l’adoption des véhicules électriques et de carburants alternatifs au pétrole pour affirmer notre leadership en énergie propre et stimuler un entrepreneuriat durable et écologique

Contribution principale : gouvernement

Investissement public requis : 155 millions $ pour les bornes de recharge, 650 millions $ pour les carburants alternatifs

Échéancier de réalisation : plus de 5 ans

Membres impliqués dans la mise en œuvre : Sophie Brochu, Éric Martel, Marieke Tremblay, Alain Bouchard

8-Créer une société de développement des infrastructures logistiques pour renforcer notre positionnement comme plaque tournante du commerce international selon une « vision Québec » du transport maritime, routier et ferroviaire

Contribution principale : partagée

Investissement public requis : entre 5 et 10 millions $ pour l’analyse

Échéancier de réalisation : 3 à 5 ans

Membres impliqués dans la mise en œuvre : Madeleine Paquin, Marie-France Poulin, Michael Sabia, Claude Séguin, Sylvie Vachon

9-Faire de la relance du secteur forestier une réussite collective en stimulant la construction en bois et les usages innovants de la pulpe, et en facilitant l’investissement

Contribution principale : partagée

Investissement public requis : aucun

Échéancier de réalisation : 1 à 3 ans

Membres impliqués dans la mise en œuvre : Gaétan Morin, Pierre Gabriel Côté

BÂTIR NOTRE AVENIR SUR DES FONDATIONS MODERNES ET SOLIDES

10-Régler le problème de la gestion des infrastructures en faisant comme les meilleurs au monde, avec un bureau permanent de planification et une agence de réalisation des ouvrages

Contribution principale : gouvernement

Investissement public requis : entre 2 et 4 millions $ pour concevoir l’organisation et une contribution au budget de fonctionnement à déterminer

Échéancier de réalisation : 3 à 5 ans

Membres impliqués dans la mise en œuvre : non déterminé

 

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