Andrew Hallam, le professeur millionnaire


Édition du 27 Août 2016

Andrew Hallam, le professeur millionnaire


Édition du 27 Août 2016

Par Jean Décary

Andrew Hallam, auteur de deux livres à succès sur les finances personnelles. [Photo : Photo : Ejun Low]

Les fonds négociés en Bourse (FNB) ont la cote. À peu de frais, ces outils financiers permettent aux investisseurs, entre autres, de calquer le rendement des grands indices boursiers. L'expat Andrew Hallam, auteur de deux livres à succès sur les finances personnelles et collaborateur au quotidien The Globe and Mail, ne jure que par eux. Aujourd'hui résident de Singapour, il est ce qu'on appelle dans le jargon un investisseur passif. Les Affaires a eu la chance de s'entretenir avec cet éternel bourlingueur et ancien professeur d'anglais, à l'occasion d'une récente visite au Canada. Entretien avec un prof de 45 ans devenu millionnaire.

Les Affaires - Quelle a été votre recette ?

Andrew Hallam - Un de mes principaux avantages a été de commencer à épargner et à investir très jeune, à 19 ans. Avec le temps, l'effet des intérêts composés se fait puissamment sentir sur votre portefeuille.

L.A. - Vous mentionnez dans votre livre Millionaire Teacher (Éd. John Wiley & Sons, 2011) que l'école enseigne peu (ou pas) les notions de base en finances personnelles. Comment vous êtes-vous intéressé au sujet ?

A.H. - À l'époque, pour payer mes études, je travaillais dans un garage. C'est là que j'ai rencontré un mécanicien qui en connaissait un brin sur les finances. Il m'a dit une chose que je n'ai jamais oubliée : si je trouvais un emploi que j'aime, pour lequel je serais passionné et qui paierait un salaire moyen décent, je pourrais réussir à m'enrichir en gérant et en investissant mon argent correctement. Il était convaincu qu'en commençant tôt, je pourrais être millionnaire avant 40 ans. J'ai appliqué ce qu'il m'a dit en tentant toujours, dans mes achats quotidiens, de départager ce qui relevait du besoin ou du désir. À 37 ans, je suis devenu millionnaire, c'est-à-dire que ma valeur nette avait franchi le cap du million. Curieusement, atteindre ce plateau n'a pas eu sur moi l'effet anticipé. Vous savez, le marché boursier fluctue, et je ne regarde pas souvent mes états financiers. Je crois que c'est là une partie de la recette de mon succès, le moins de manipulation boursière possible !

L.A. - Expliquez-nous pourquoi vous êtes un ardent promoteur de l'investissement passif (Index Investing) ?

A.H. - Les premiers investissements que j'ai faits, comme bien des gens, étaient dans des fonds communs de placement gérés par des professionnels. Jusqu'au jour où j'ai fait une autre rencontre déterminante, celle d'un professeur d'économie chez qui je faisais de menus travaux pendant l'été. Cette personne était un tenant de la théorie des marchés efficients. Il m'a expliqué que je payais beaucoup trop cher en frais de gestion pour mes investissements, et que les gestionnaires professionnels, une fois les taux des frais de gestion prélevés, ne pouvaient généralement pas battre les principaux indices boursiers. J'ai donc rapidement transféré mes fonds vers des titres de sociétés ainsi que des fonds négociés en Bourse. Je réussissais assez bien avec ces deux méthodes. Puis, je me suis demandé si je pouvais continuer à bien faire. Suis-je plus rusé qu'un Bill Miller, par exemple, qui avait battu les indices pendant 15 ans avant d'essuyer une véritable revers ? La réponse étant non, j'ai opté pour la création d'un portefeuille exclusivement composé de fonds indiciels à bas frais de gestion.

L.A. - Il existe de plus en plus de variétés de FNB. Pouvez-vous nous parler de votre stratégie d'investissement et nous dire à quoi ressemble votre portefeuille ?

A.H. - Ma stratégie consiste à capter la totalité de la performance d'un marché boursier. Je m'en tiens donc aux fonds indiciels «purs». Mon portefeuille est archi-simple. Je détiens quatre FNB : un pour le marché canadien, un pour le marché américain, un pour le marché international et un fonds composé d'obligations canadiennes. J'accorde tout au plus 35 minutes par année à gérer mon portefeuille. Je le rééquilibre une fois par an pour qu'il reflète bien ma répartition d'origine. Si ma portion obligataire a augmenté, je vends une partie de ce fonds ou j'achète davantage d'actions dans mes autres fonds. C'est aussi simple que ça. Grâce à la concurrence entre des firmes comme iShares et Vanguard, je constate que mes frais de gestion diminuent d'année en année. Je suis un investisseur passif pour la vie.

L.A. - Vous n'êtes pas friand des fonds communs de placement. Croyez-vous qu'un investisseur passif peut prétendre mieux performer qu'un investisseur qui investit dans des fonds gérés activement ?

A.H. - Il peut non seulement prétendre mieux performer ou les battre. Sur une période d'une vie, il peut les éclipser !

L.A. - Vous dites que l'investisseur est en soi son principal ennemi. Est-ce pourquoi vous êtes opposé à l'idée d'investir dans des titres individuels ?

A.H. - Contrôler la manière dont nous nous comportons avec nos placements est un des défis les plus importants pour un investisseur. Des études ont d'ailleurs démontré que les femmes sont de meilleurs investisseurs que les hommes, car elles sont moins promptes à prendre des risques et à faire des coups d'éclat. Elles ont des tempéraments moins spéculatifs. Je ne possède pas de titres de sociétés en particulier. Ce que je dis, c'est que si vous ne pouvez pas vous empêcher d'en acheter, limitez ces achats à 10 % de votre portefeuille.

L.A. - Comment avez-vous réagi lors de la crise financière de 2008-2009 ?

A.H. - J'ai adoré la crise (rires) ! C'était spectaculaire. Tout ce que je détenais un an plus tôt était soudainement au rabais. Il faut comprendre que la véritable valeur d'une société se trouve dans les bénéfices qu'elle réalise. Quand le marché boursier a baissé de plus de 45 %, ce n'était pas du tout le cas des bénéfices de la plupart de ces entreprises. Or, soudainement, on se retrouvait avec un marché boursier sous-évalué en raison de la peur ambiante. Tout ce que j'ai eu à faire à ce moment-là a été d'accroître ma répartition en actions afin de rééquilibrer mon portefeuille. Après la remontée boursière, j'ai dû faire l'inverse et augmenter la portion obligataire de mon portefeuille. C'était fantastique !

L.A. - Des institutions financières proposent aujourd'hui plusieurs FNB et ciblent plus particulièrement la génération Y. Certaines proposent même des services de robots-conseillers. Qu'en pensez-vous ?

A.H. - J'aime bien l'idée. Bien entendu, les investisseurs qui ont recours à ces services paieront un petit peu plus cher que s'ils achetaient eux-mêmes leurs propres FNB, car leurs frais de gestion seront plus élevés. Cela dit, ce service limitera peut-être la probabilité que ces investisseurs posent des gestes qui nuiraient à la performance de leur portefeuille, en spéculant par exemple. Car c'est le robot-conseiller qui sera chargé de rééquilibrer leur portefeuille.

L.A. - Vous êtes au nombre de ceux qui ne pourront pas profiter d'un fonds de retraite. Quel conseil auriez-vous à donner à ceux et celles qui doivent se constituer eux-mêmes un bas de laine pour leurs vieux jours ?

A.H. - Mon conseil principal est de limiter les dépenses et de bien définir ce dont on a réellement besoin. Le salaire est l'outil de création de la richesse le plus important, cela va de soi. Mais comme toute entreprise, s'il y a plus d'argent qui sort qu'il y en a qui entre, la survie financière est menacée. Je recommande de faire un suivi serré des dépenses en utilisant, par exemple, les nombreux outils gratuits qui existent maintenant sur les téléphones intelligents. De cette façon, on réalise rapidement les coûts véritables associés à des dépenses a priori anodines, comme un café par exemple. Cela vous permet de distinguer les besoins des désirs et de canaliser cet argent épargné à des fins d'investissement. J'ajouterais qu'il est primordial d'investir cet argent sur une base régulière, et non pas seulement pendant la période des REER.

L.A. - Si vous pouviez retourner dans le temps, que feriez-vous différemment d'un point de vue financier ?

A.H. - J'ai déjà perdu 7 000 $ dans un investissement à la Ponzi ! Je ne referais donc pas ça ! (rires) De façon générale, je dois dire que j'ai été très choyé d'avoir appris des leçons des autres, et d'avoir, à un très jeune âge, rencontré des gens dont les enseignements ont été salutaires pour mon enrichissement à la fois personnel et financier.

À la une

É.-U.: l’ex-pape des cryptomonnaies Sam Bankman-Fried condamné à 25 ans de prison

Il y a 9 minutes | AFP

Lors de l’audience devant un tribunal de New York jeudi, le juge fédéral Lewis Kaplan n’a pas mâché ses mots.

Bourse: les actions de l’énergie et des métaux de base font grimper le TSX

Mis à jour il y a 50 minutes | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. Wall Street ouvre sans tendance la dernière séance du trimestre.

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.