La démarche «spéciale» de Mark Schmehl


Édition du 24 Septembre 2016

La démarche «spéciale» de Mark Schmehl


Édition du 24 Septembre 2016

[Photo : Shutterstock]

À première vue, Mark Schmehl, gestionnaire du Fonds Fidelity Situations spéciales, semble avoir une double personnalité. Il aime à la fois les titres très en vogue ayant du «momentum». Mais il aime aussi les titres délaissés où il cherche de la valeur. «J'investis dans des situations hors normes, à la périphérie des marchés, où les autres investisseurs ont peur d'aller parce que les évaluations sont trop élevées ou trop basses. Je veux détenir des sociétés où les choses changent en mieux, et cela se produit en général plus rapidement aux extrémités du marché. Je passe tout mon temps à chercher où le changement se produit rapidement», résume-t-il.

Il semble que le changement se produise rapidement dans le domaine de l'intelligence artificielle (IA). La pondération en titres de technologie de son fonds est passée de 13 % au 30 avril à 21,4 % au 31 juillet. La moitié de cette pondération est associée à l'intelligence artificielle.

«L'IA connaît une croissance exponentielle et est la voie de l'avenir dans le domaine technologique. Je veux posséder tous les titres qui y sont associés, parce que cette technologie va transformer le monde. Tellement de problèmes peuvent être résolus par l'intelligence des machines. Pensez entre autres aux voitures autonomes et à la génomique. Il y a six mois, Google nous indiquait qu'elle réaffectait la moitié de ses ingénieurs en informatique à la connaissance en profondeur de l'IA. C'est une révolution palpitante», plaide-t-il.

Les titres de technologie que favorise Mark Schmehl sont ceux d'entreprises qui sont aimées, dont les résultats sont bons, qui augmentent leur part d'un marché qu'elles dominent déjà, qui accroissent leurs marges bénéficiaires, bref, qui font montre de changements positifs : «La technologie est un secteur de momentum. Tant que les choses s'améliorent, vous pouvez ignorer les évaluations, qui sont souvent très élevées. Je n'utilise aucune mesure d'évaluation fondamentale comme le ratio cours/bénéfice, le ratio cours/valeur comptable ou le rendement de dividende pour choisir ces titres. Je ne me préoccupe pas vraiment du prix que je paye», confie-t-il, candidement. C'est «spécial», non ?

L'exemple parfait réside dans le titre de Nvidia, que Mark Schmehl qualifie d'«hyperdispendieux». La société vend des processeurs graphiques à plus de 80 sociétés développant des voitures autonomes. «La société est petite, alors que l'univers des titres de technologie est tellement grand que la société peut croître rapidement sans que j'aie à m'en préoccuper pour les cinq ou six prochaines années», soutient-il.

Mais Mark Schmehl s'intéresse aussi aux sociétés délaissées et incomprises où il perçoit du changement. Parmi celles-ci, il cite BlackBerry, dont la valeur refait lentement surface, de sorte que le titre devrait valoir plus dans deux ou trois ans qu'aujourd'hui. «Les choses s'améliorent et personne n'y porte plus attention. Son portefeuille de brevets aura toujours de la valeur et il y aura toujours une niche pour ses téléphones, dont la sécurité reste la meilleure.»

«Mais ce qui échappe aux investisseurs, c'est que BlackBerry occupe une place importante dans le segment des voitures réseautées (connected cars). Cette division vaut bien plus que ce que les gens ne pensent. Des titres de sociétés oeuvrant dans le même secteur se négocient pourtant à des multiples astronomiques. Pendant ce temps, la division de logiciels qu'elle bâtit peut paraître ennuyeuse, mais elle affiche une croissance raisonnable dans un segment où il n'y a pas de concurrence. Les investisseurs ne voient pas la valeur de ces deux divisions pour le moment, mais les choses devraient changer», affirme M. Schmehl.

Malgré son engouement pour la technologie, le secteur des matières premières était le plus important du fonds au 31 juillet, à 27,4 %. Cette position est en très grande partie en titres aurifères, qui agissent comme couverture au cas où les expériences de ce qu'il qualifie de «folie monétaire» des banques centrales tourneraient mal.

Il note que les titres énergétiques, qui comptaient pour 13,7 % du portefeuille à la même date, s'essoufflent. Il ne voit pas la poussée du premier semestre se poursuivre, le prix du pétrole devant à ses yeux être de 40 à 60 $ US le baril pour les 10 prochaines années. C'est pourquoi il juge plus probable que la proportion de ces titres dans le fonds baisse au cours des prochains mois.

L'indice auquel Fidelity compare le fonds Situations spéciales regroupe l'indice complémentaire S&P/TSX à 70 % et l'indice Russell 2500 à 30 %. Le fonds a dégagé un rendement annualisé de 14,5 % pour la période de cinq ans terminée le 31 juillet, comparativement à 8,39 % pour cet indice, et ce, avec seulement 14 % plus de volatilité.

Biographie

Fellow CSI, Yves Bourget a fait carrière dans l'industrie des valeurs mobilières pendant une vingtaine d'années, en particulier à titre de vice-président pour le Québec de Placements Altamira, de 1990 à 1997. Il a collaboré à la publication Finance et Investissement de 2001 à 2016, notamment en matière de fonds communs de placement.

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