Investir comme on achète chez Winners !


Édition du 19 Novembre 2016

Investir comme on achète chez Winners !


Édition du 19 Novembre 2016

Par Philippe Leblanc

[Photo : 123RF/Dean Drobot]

De tous les segments du commerce de détail, celui qui a le mieux performé au cours des dernières années est celui de la vente au rabais. Les commerces qui offrent des produits au rabais à leurs clients ont en effet été en mesure de poursuivre leur croissance en dépit d'une économie chancelante. Deux exemples me viennent en tête : TJX (TJX, 75,39 $ US), propriétaire de chaînes très connues comme TJ Maxx, Marshalls et Winners (au Canada), a augmenté ses ventes par magasin comparable à chacune des 20 dernières années ; Dollar General (DG, 74,38 $ US), grande chaîne de magasins qui offre des produits à 1 $ ou plus, a accru les siennes à chacune des 26 dernières années. Au cours des 10 dernières années et sans tenir compte des dividendes versés, le titre de TJX a offert un rendement annuel composé de 17,6 %, ce qui a multiplié sa valeur par plus de cinq. Quant à Dollar General, la société est redevenue une société inscrite en Bourse en novembre 2009 (21 $ par action), après avoir été privatisée par le fonds d'investissement KKR pendant un peu plus de deux ans : son titre a depuis enregistré un rendement annuel composé de 18,5 %.

Plusieurs consommateurs ont changé leurs habitudes au cours des dernières années en s'entraînant à courir les aubaines. Ils sont de moins en moins enclins à payer le plein prix pour leurs achats, ce qui rend la vie difficile aux détaillants traditionnels. Pour ceux qui fréquentent les magasins au rabais tels que Walmart, Winners ou Dollarama, l'emballage du produit, la disposition des articles offerts, l'attrait physique d'un magasin ou le service offert dans les allées ne semblent plus revêtir la même valeur que dans le passé.

Les exemples de CGI et de Visa

Je ne suis pas un grand adepte du magasinage, mais il y a un rapprochement à faire entre la tendance qu'on observe dans le commerce de détail et celle dans l'investissement. Comme le consommateur qui est prêt à faire des compromis sur le service ou sur l'atmosphère en magasin, l'investisseur «valeur» doit être prêt à faire de même s'il veut trouver des occasions en Bourse. Mon expérience m'a appris qu'il arrive rarement qu'une aubaine vienne sans son lot de facteurs négatifs. L'achat d'un titre à escompte est presque toujours accompagné d'un sentiment d'inconfort et d'incertitude.

Si un titre est malmené en Bourse, c'est qu'il y a forcément un ou des éléments qui font que les investisseurs s'en sont départis et l'ont en quelque sorte envoyé au banc des punitions. Dans de tels cas, le travail d'un investisseur est, dans un premier temps, de déceler ces facteurs et, dans un deuxième temps, de juger s'ils lui semblent permanents ou ponctuels.

Voici deux exemples concrets que nous avons connus au cours des dernières années.

Nous avons acheté et recommandé le titre de Groupe CGI (GIB.A, 65,55 $) dans le portefeuille de la Lettre financière COTE 100 en décembre 2008. À l'époque, le titre valait environ 9 $. Il se négocie aujourd'hui à plus de 65 $. Le titre de CGI suscitait un lot de sentiments négatifs. Les investisseurs avaient perdu des sommes colossales dans les années qui ont suivi l'éclatement de la bulle techno (2001). L'action avait surfé sur la vague d'enthousiasme et avait dépassé les 30 $ en décembre 1999. Mais, en 2008, vous pouviez profiter du fort sentiment négatif pour acheter le titre à 9,5 fois les profits prévus de 2009 et à un peu plus de 8,0 fois ses flux de trésorerie libres (free cash flow) des 12 derniers mois.

Autre exemple : en février 2011, nous avons recommandé et acheté des actions de Visa (V, 81,87 $ US). À ce moment, le titre valait près de 18 $ US, alors qu'il vaut aujourd'hui plus de 81 $ US. À l'époque, le titre avait subi une correction de plus de 25 %. Il y avait des craintes qu'un resserrement de la réglementation du gouvernement américain touchant les transactions de débit ne nuise à la rentabilité de Visa. On pouvait alors acheter le titre à près de 15 fois les bénéfices prévus, sans tenir compte d'une encaisse nette équivalant à 1,20 $ US par action. Or, en y regardant de plus près, on constatait que les transactions de débit n'avaient représenté que 19 % de la valeur nominale des transactions totales traitées par Visa en 2010. Autrement dit, le risque semblait bien circonscrit, et l'impact devait être de courte durée.

Bien entendu, ces deux exemples ont été de grandes réussites. Tous les achats que nous avons réalisés n'ont pas été aussi fructueux. Mais en investissant dans des titres déprimés, même pour les mauvaises raisons, on réduit sensiblement les risques de baisse. J'ai en tête l'exemple de Big Lots (BIG, 48,15 $ US), une autre chaîne de magasins au rabais dont nous avons acheté le titre en septembre 2010, à 34 $ US. Quatre ans plus tard, malgré le fait que nous avions conclu que cet investissement avait été une erreur, nous l'avons vendu sans perte importante.

Si les consommateurs sont prêts à vivre avec des inconvénients pour obtenir de bons prix pour leurs emplettes, les investisseurs devraient faire de même en acceptant que les meilleures occasions viennent toujours avec leur lot de facteurs négatifs.

EXPERT INVITÉ

Philippe Le Blanc est président et chef des placements chez COTE 100, une boutique de gestion de portefeuille. Il est éditeur de la Lettre financière par COTE 100, publiée mensuellement depuis 1988. COTE 100 détient des actions de TJX, Dollar General, Groupe CGI et Visa dans certains de ses comptes sous gestion.

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