Gare aux excès de confiance !

Offert par Les Affaires


Édition du 08 Septembre 2018

Gare aux excès de confiance !

Offert par Les Affaires


Édition du 08 Septembre 2018

Par Dominique Beauchamp

[123RF]

Les consommateurs américains n'ont pas été aussi confiants depuis 18 ans, rapporte le dernier sondage du Conference Board.

À 133,4 points, l'indice de confiance est le plus élevé depuis octobre 2000.

Le taux de confiance dépasse aussi le résultat de 94 % de tous les sondages mensuels réalisés depuis 1967.

Ce bon moral soulève les détaillants en Bourse, qui rapportent dans l'ensemble des résultats nettement supérieurs aux attentes, au deuxième trimestre.

Le faible taux de chômage et la hausse des revenus qui l'accompagne ravivent évidemment l'humeur dépensière des consommateurs américains.

On pourrait penser que des consommateurs dépensiers sont un bon carburant tant pour l'économie que la Bourse, mais ce n'est pas le cas. En effet, les rendements deviennent moins généreux lorsque les consommateurs sont les plus confiants, signale Charlie Bilello, directeur de la recherche chez le conseiller Pension Partners.

Pas le signal optimiste qu'on imagine

« La confiance des consommateurs n'est pas pour la Bourse le signal optimiste qu'on imagine. Les données suggèrent que les meilleurs rendements s'obtiennent au contraire lorsque le moral des Américains est à plat », conclut-il.

En fait, la probabilité que les rendements soient positifs et élevés augmente lorsque la confiance est au plus bas.

Cette contradiction s'explique par le fait que l'évaluation des cours boursiers est plus élevée lorsque l'économie se porte bien.

« Plus les évaluations augmentent, moins les rendements futurs seront généreux », écrit Charlie Bilello.

Lorsque le taux de confiance a atteint le fond du baril de 25,3 points, en février 2009, le S&P 500 valait seulement 14,1 fois les bénéfices moyens sur 10 ans.

Cette même mesure atteint aujourd'hui 33,5 fois, un sommet depuis 2001.

Est-ce à dire que le S&P 500 est condamné à une performance médiocre à partir de maintenant ? Pas nécessairement. Des exceptions émergent parfois, dit-il. Au début de 1998, par exemple, le S&P 500 était aussi chèrement évalué qu'aujourd'hui. La situation n'a pas empêché l'indice de s'apprécier fortement pour deux autres années, avant d'atteindre le zénith de mars 2000, rappelle le porte-parole de Pension Partners.

La même dynamique s'applique au taux de chômage. Lorsqu'il est au plus bas, les rendements futurs sont moins attrayants parce que le cycle économique est déjà bien avancé.

Lorsque le taux de chômage s'établissait entre 4,3 % et 6 % , le S&P 500 a procuré un rendement annuel de 5,2 % en moyenne. Ce rendement annuel moyen tombe à 1,7 % quand le chômage est inférieur à 4,3 %, précise Liz Ann Sonders, stratège en chef chez Charles Schwab.

Encore des gains à arracher ?

Malgré tout, les cours n'ont pas perdu la capacité de réagir aux bonnes nouvelles, telles que la plus forte croissance des bénéfices depuis 2014 (7,7 %), sans compter l'effet de la réforme fiscale et l'apaisement des tensions commerciales en Amérique, qui redonne l'espoir d'un accord plus crucial avec la Chine.

Il arrive aussi que la Bourse surprenne lorsque les pires craintes ne se réalisent pas, obligeant ainsi les investisseurs qui avaient misé sur une baisse des cours à racheter des actions pour éviter d'autres pertes.

C'est ce qui s'est sans doute produit à la fin d'août lorsque les titans de la technologie, dont 37 milliards de dollars américains de leurs actions avaient été vendus à découvert, ont repris les devants en Bourse.

Le phénomène FOMO (fear of missing out ou la peur d'échapper des gains) a aussi soulevé la majorité des 11 secteurs du S&P 500 qui ont franchi à nouveau leur moyenne mobile de 50 jours, le 29 août.

Le S&P 500 avait également enfilé un 18e record en 2018 au moment d'écrire ces lignes, tandis que 237 jours avaient suffi pour que le Nasdaq engrange ses 1100 derniers points.

Les nouveaux sommets englobent aussi le Russell 2000, l'indice le plus associé aux titres de petites capitalisations, ainsi que le S&P 400 qui reflète les titres de moyennes capitalisations.

Les dernières séances boursières estivales sont rarement un bon guide à cause des volumes anémiques de négociations, mais l'hésitation des stratèges à relever leurs cours cible pour le S&P 500 confère habituellement à la Bourse un certain potentiel.

Le cours cible médian de 3000 points pour le S&P 500 des 25 stratèges sondés par Bloomberg équivaut à un gain de seulement 3 % d'ici la fin de l'année.

Il reste à voir si la vraie rentrée boursière en septembre déclenchera une remise à niveau de leurs pronostics.

Un bémol

Bien que le récent plafonnement du dollar américain et des taux d'intérêt soit un baume pour les exportateurs, les multinationales, les emprunteurs et la Bourse, l'incapacité des taux repères de 10 ans de repasser la barre de 2,9 % est signe que les négociateurs obligataires flairent peut-être un ralentissement de l'économie cet automne.

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