Bourse: New York fera «définitivement peut-être» mieux que Toronto

Publié le 26/12/2015 à 06:00, mis à jour le 26/12/2015 à 08:32

Bourse: New York fera «définitivement peut-être» mieux que Toronto

Publié le 26/12/2015 à 06:00, mis à jour le 26/12/2015 à 08:32

Par Stéphane Rolland

Photo: Shutterstock

PRÉVISIONS 2016– Trêve de pacotille. Mon patron m’a poussé dans mes derniers retranchements. Il faudra faire une prévision pour l’année 2016. Pas d’échappatoire comme l’an dernier où j’avais prédit — avec un succès éclatant — que la moitié de nos collègues auraient tort afin de soulever une réflexion sur la fiabilité des prévisions d’experts. Une brillante entourloupette, ne trouvez-vous pas? Et bien, je n’ai plus de lapin dans mon chapeau. Me voici contraint de faire une «vraie de vraie prévision sur les vraies affaires». Et quand je parle des vraies affaires, cher lecteur, je parle de la Bourse, évidemment.

Ce n’est pas une mince affaire de s’aventurer sur ce terrain glissant. Avez-vous déjà écrit une prévision boursière, vous? Disons que la mèche de certains est plus courte lorsque leur portefeuille est indirectement visé. Personne n’en voudra au Nostradamus en herbe qui avait parié que le gouvernement élu aux dernières élections fédérales serait conservateur majoritaire ou néo-démocrate minoritaire. On a bien le droit de s’amuser à faire des paris sur autre chose que le sport. Par contre, il y a cet investisseur que vous avez convaincu de la remontée de Bombardier (Tor., BBD.B) en 2015. Lui, il a une poupée vaudou à votre effigie.

Ma nervosité est d’autant plus grande que, comme nous l’écrivions dans notre prévision de l’an dernier, les prévisions sont généralement vouées à l’échec, peu importe l’expertise de son auteur. Même un collègue du Globe and Mail a refusé de se prêter aux jeux des prévisions 2016. Autant d’éléments raisonnables peuvent justifier une thèse optimiste, qu’une thèse pessimiste, selon lui. Il compare l’exercice aux Romains qui sacrifiaient des chèvres dans l’espoir que les récoltes soient bonnes. On n’aurait pas trouvé meilleure métaphore. Disons qu’on se sent un peu comme ce pauvre bouc servi en offrande.

Alors voilà, lectrices et lecteurs avertis auront compris que cet interminable préambule est une mise en garde à suivre mes prévisions, sans avoir fait leurs propres devoirs. Je l’ai fait de manière tellement subtile et raffinée que je préfère y aller sans gants blancs.

Les vraies affaires

Passons aux choses sérieuses. Je vais à contre-courant. Je prévois que la Bourse de New York fera mieux que la Bourse de Toronto.

Bien des prévisionnistes anticipent le contraire, et avec de bonnes raisons. Dans les grandes lignes, ils soulignent que le S&P/TSX est moins cher à 13,1 fois les prévisions de bénéfices 2016, contre 15,5 fois pour le S&P 500 à New York. De plus, un rebond des prix du pétrole serait favorable aux titres énergétiques, qui représentent 18% de la pondération de l’indice. Au même moment, une Réserve fédérale (Fed) en mode resserrement de la politique monétaire risque de provoquer des turbulences à Wall Street. Par ricochet, le huard pourrait descendre davantage, ce qui serait avantageux pour les entreprises exportatrices canadiennes.

On ne mettrait pas notre main au feu – ça, vous l’aviez bien compris —, mais je pense que les catalyseurs pour le S&P/TSX sont peut-être surestimés par les experts.

D’abord, les analystes interrogés par Bloomberg entrevoient une hausse de 22% du bénéfice par action des pétrolières en 2016, grâce au redressement du prix du baril. Un baril de pétrole valant une trentaine de dollars américains peut sembler une aberration. Les membres de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) laissent couler les surplus sans sourciller, l’Iran pourrait rajouter encore plus de pétrole dans le marché et l’économie mondiale ralentit. Même si la correction du pétrole est importante, on peut envisager la possibilité que l’aberration s’étire encore un temps. Et puis, quand on part de si bas, la remontée peut nous entraîner à un seuil qui nous inquiétait déjà avant qu’on s’engouffre plus profondément.

Parlons des banques canadiennes maintenant. À 40% de l’indice, le secteur financier représente une part non négligeable du S&P/TSX. L’année 2015 a été difficile pour les institutions financières. Côté positif, leur évaluation est descendue et leur rendement du dividende est devenu par le fait même plus généreux. Sans évoquer les scénarios catastrophes, il y a un revers à cette médaille. L’économie tourne au ralenti, le consommateur repousse sans cesse les records d’endettement et l’immobilier se fait cher. Le portrait d’ensemble ne met pas la table pour les coups de circuit, selon moi.

À l’inverse, bien des inquiétudes sont exprimées sur le relèvement des taux par la Réserve fédérale (Fed). Un resserrement de la politique monétaire entraînera-t-il une contraction des multiples à Wall Street? Le dollar américain bondira-t-il? Cela nuirait davantage aux grandes sociétés américaines qui réalisent une part importante de leurs ventes à l’étranger? On observe déjà ses tendances, mais il est difficile de prédire avec quelle force elles frapperont l’économie en 2016.

Au bout du compte, il ne faut pas oublier que si Janet Yellen et ses collègues remontent les taux, c’est que l’économie américaine se porte relativement bien. Incertitude pour incertitude. Les probabilités me semblent plus favorables au S&P 500.

On s’en reparle l’an prochain. D’ici là, je profite de l’occasion pour vous souhaiter du succès en Bourse en 2016 et de vous épanouir dans toutes les «autres vraies affaires».

Suivez-moi sur Twitter : @srolland_la

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