« On arrêterait les acquisitions si on sentait la récession venir »


Édition du 16 Juin 2018

« On arrêterait les acquisitions si on sentait la récession venir »


Édition du 16 Juin 2018

Par Dominique Beauchamp

« ­On s’attend à encore deux ou trois bonnes années de croissance économique », a confié ­Jean-Guy ­Desjardins, président du conseil et chef de la direction de ­Fiera Capital.

Fiera Capital (FSZ, 12,12 $) prépare les portefeuilles de ses clients à une récession d'ici deux à trois ans, mais le gestionnaire a aussi un plan interne au cas où la fin du cycle économique surviendrait plus tôt que prévu.

« On s'attend à encore deux ou trois bonnes années de croissance économique. Mais si on sentait venir une récession dans 18 mois, par exemple, on arrêterait les acquisitions pour réduire notre dette. C'est le moyen de réduire le risque », a confié Jean-Guy Desjardins, président du conseil et chef de la direction de Fiera, en marge de l'assemblée annuelle.

Le dividende, qui a crû à un rythme annuel composé de 17 % depuis 2010, est par contre sacro-saint pour le troisième gestionnaire indépendant du pays.

Stratégie d'expansion à un moment décisif

Entre-temps, la stratégie de Fiera pour atteindre son objectif de 200 milliards d'actifs en gestion et une marge d'exploitation de 30 % à 35 % d'ici 2020 prend un virage.

Maintenant que l'entreprise a pris pied aux États-Unis, en Europe et, bientôt, en Asie, et qu'elle offre un éventail de plus de 100 stratégies de placement distinctes, elle compte réaliser des transactions pour des motifs financiers.

« On ne pouvait pas envisager des achats verticaux avant parce qu'on bâtissait encore le réseau, les compétences et les produits », a évoqué celui qui veille sur 137 milliards de dollars.

Il s'agit d'acquérir des gestionnaires américains et européens qui offrent un savoir-faire dont Fiera dispose déjà.

Leur intégration pourrait alors dégager des synergies en éliminant les chevauchements, tout en gonflant l'actif, a expliqué le dirigeant de 73 ans.

Fiera doit augmenter la masse critique de ses activités américaines et européennes pour aspirer à des marges de 35 %.

« Dotée d'un actif en gestion de 77 G$, notre division canadienne est la plus rentable, ses marges étant de plus de 30 %. Les États-Unis, avec 30 G$, et l'Europe, 3,7 G$, n'ont pas encore l'échelle qu'il faut pour dégager de telles marges », a expliqué le fondateur de Fiera.

Les États-Unis devraient y arriver lorsque leur actif dépassera la barre des 50 G$.

En Europe, Fiera a investi pour soutenir un actif de 15 G$ à 20 G$, a ajouté le principal actionnaire.

Énorme potentiel du prêt privé

Seul le segment à forte croissance des solutions de placement alternatives verra encore des acquisitions « horizontales » pour ajouter de nouvelles compétences ou des produits.

Les placements dans l'immobilier, les infrastructures, les fermes, les stratégies alternatives de revenu fixe, les prêts privés ou les hypothèques commerciales constituent un important facteur de différenciation et un avantage concurrentiel pour Fiera.

Le fait que le portefeuilliste puisse greffer des placements alternatifs à ses fonds équilibrés attire des clients fortunés et institutionnels.

M. Desjardins veut faire passer les placements alternatifs de 5 % à 10 % de l'actif en gestion et de 12 % à 25 % des revenus d'ici 2020.

Le potentiel énorme des prêts privés intéresse particulièrement le financier.

Fiera prête déjà aux constructeurs résidentiels et aux PME, mais quelque 200 firmes s'y adonnent aux États-Unis, donne-t-il en exemple.

La firme peut mener tous ces projets de front puisqu'elle dispose d'une marge de crédit de 300 millions de dollars. M. Desjardins vise des achats de 25 M$ à 150 M$.

Améliorer l'efficacité

Après avoir priorisé la croissance, Fiera entend également s'attaquer à son efficience.

La société prévoit centraliser d'ici 12 à 18 mois une panoplie de fonctions administratives effectuées par les divisions. C'est d'ailleurs l'un des mandats du nouveau président et chef de l'exploitation globale, Vincent Duhamel.

« On pourra par exemple conclure un seul contrat global pour tous nos besoins en technologie », a dit M. Desjardins.

La société entend aussi consacrer plus d'efforts à la vente croisée de ses produits partout dans le monde.

Les fonds des marchés émergents et frontières de Fiera UK sont offerts en Amérique du Nord, par exemple.

En Europe, les investisseurs s'intéressent aux fonds mondiaux, américains et d'infrastructures gérés à Montréal.

Les fonds de prêts privés de la nouvelle filiale Clearwater Capital Partners, à Hong Kong, seront par exemple offerts en Europe et en Amérique.

Choc des perspectives en Bourse

Lorsqu'un actionnaire lui parle du décalage entre la croissance de Fiera et le recul de 13 % du titre depuis un an, M. Desjardins attribue la situation à l'écart qui existe parfois entre les perspectives à moyen terme d'une entreprise et les attentes à court terme des investisseurs.

« C'est une question d'horizon de placement. Si on me demande si nous aurons des marges de 35 % à 40 % dans 18 à 24 mois, c'est non, mais nous sommes certains d'y arriver d'ici trois à quatre ans ».

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