Un autre trimestre difficile pour Alimentation Couche-Tard
La Presse Canadienne|Mis à jour le 26 juin 2024Le président et chef de la direction de Couche-Tard, Brian Hannasch. (Photo: La Presse Canadienne)
L’inflation et la prudence des consommateurs ont continué d’affecter la rentabilité d’Alimentation Couche-Tard, selon son président et chef de la direction, alors que les ventes dans les dépanneurs ont connu un nouveau recul.
La société lavalloise a traversé un autre trimestre difficile, a reconnu mercredi Brian Hannasch, qui a annoncé le jour même son départ à la retraite en septembre.
L’inflation persistante continue de mettre une pression sur les consommateurs qui surveillent attentivement leurs dépenses. Mais il s’agit d’une situation «transitoire», a réitéré le grand patron.
«Nous restons très optimistes quant à nos activités», a-t-il déclaré lors d’un appel avec des analystes pour discuter des résultats financiers.
Le quatrième trimestre de 2024 a été marqué par une baisse des volumes de carburant pour le transport routier par magasin comparable. Ils ont diminué de 1,6% aux États-Unis, de 1,7% en Europe et de 3,5% au Canada par rapport à l’an dernier.
Les ventes de marchandises par magasin comparable ont aussi fléchi dans ces trois marchés, diminuant de 0,5 %, de 2 % et de 3,4 % respectivement.
Outre les conditions économiques actuelles, le déclin dans l’industrie des cigarettes a aussi contribué à la baisse des ventes dans les dépanneurs. Mais le recul a été contrebalancé par la croissance d’autres produits à base de nicotine, a indiqué Couche-Tard.
«La catégorie des autres produits à base de nicotine continue à se renforcer. En fait, dans plusieurs de nos régions, elle génère aujourd’hui une marge brute supérieure à celle des cigarettes combustibles», a dit M. Hannasch.
Couche-Tard entend poursuivre ses efforts dans ce secteur afin d’augmenter ses parts de marché. «Nous nous concentrons sur notre assortiment, nos prix, en partenariat avec des entreprises comme Altria sur les relations numériques avec leurs clients», a expliqué M. Hannasch.
Bénéfice en baisse
Le détaillant a mentionné que son bénéfice net attribuable aux actionnaires a totalisé 453 millions de dollars américains (M$US) pour le trimestre qui a pris fin le 28 avril, en baisse par rapport aux 670,7M$US du même trimestre de l’année dernière.
Le bénéfice avant impôts, intérêts et amortissement (BAIIA) ajusté s’est chiffré à 1,14 milliard de dollars américains (G$US), en baisse de 180,3M$US, comparativement au trimestre correspondant de l’exercice 2023.
Pour expliquer ce repli, Couche-Tard énumère différents facteurs, tels que la diminution de la marge brute sur le carburant pour le transport routier et l’impact de la semaine de moins du quatrième trimestre de 2024 par rapport à pareille date l’an dernier.
L’entreprise québécoise a été assez proche de manière générale des attentes des analystes, en raison du contexte macroéconomique difficile. Des experts voient tout de même des signes positifs dans les résultats.
«Ce n’est pas un trimestre à marquer d’une pierre blanche, mais c’est un meilleur résultat que le troisième trimestre», a écrit Irene Nattel, de RBC Marchés des capitaux.
L’analyste Chris Li, de Valeurs mobilières Desjardins, a noté que les ventes de marchandises par magasin comparable ont été plus élevées qu’attendues aux États-Unis.
Vishal Shreedhar, de la Financière Banque Nationale, considère toutefois que «les résultats sont faibles étant donné que de nombreux indicateurs clés n’ont pas été atteints». Le segment du marchandisage a «sous-performé, ce qui amènera certains à remettre en question l’ambitieux plan stratégique» de l’entreprise, a soutenu l’analyste.
Couche-Tard a affiché un bénéfice net ajusté par action dilué de 0,48$US, comparativement à 0,71$US un an plus tôt. Avant la publication des résultats, les analystes anticipaient un bénéfice de 0,50$US par action, selon la firme de données financières Refinitiv.
Nouveau PDG en septembre
Après avoir passé dix ans à la tête de l’entreprise, Brian Hannasch quittera ses fonctions le 6 septembre. L’actuel chef de l’exploitation de la société, Alex Miller, lui succédera.
M. Hannasch a été nommé président et chef de la direction de Couche-Tard en 2014. Il prenait alors le relais du fondateur de l’entreprise, Alain Bouchard, qui occupe depuis le rôle de président exécutif du conseil.
Avant de devenir président et chef de la direction, M. Hannasch avait été chef de l’exploitation de 2010 à 2014. Il s’est joint à Couche-Tard en 2001.
M. Hannasch conservera un rôle de conseiller spécial auprès de son successeur et de M. Bouchard. Il quittera aussi le conseil d’administration.
L’actuel PDG a relaté que cette transition avec M. Miller se prépare depuis 2019.
«Il est prêt, il a une bonne équipe, a déclaré M. Hannasch aux analystes. Il semble donc que ce soit le bon moment. L’entreprise est à un endroit formidable et ses meilleurs jours sont devant elle. C’est donc le bon moment pour explorer autre chose.»
Pour sa part, Alex Miller a affirmé lors de l’appel que Couche-Tard poursuivra son «incroyable trajectoire de croissance» grâce notamment à la solidité de la direction et du plan stratégique.
M. Miller a été nommé chef de l’exploitation de Couche-Tard en janvier 2023. Il a progressivement gravi les échelons en occupant différents postes au sein de l’entreprise depuis son arrivée dans ses rangs, en 2012.
Il a entre autres été premier vice-président des opérations en Amérique du Nord et vice-président principal de l’optimisation commerciale. Auparavant, il a travaillé pendant 16 ans pour BP p.l.c., occupant plusieurs rôles opérationnels.
Dans un communiqué, M. Bouchard a remercié M. Hannasch pour ses nombreuses années de services, soulignant que, sous sa gouverne, l’action de Couche-Tard a bondi de 400 % et que l’entreprise a fait l’acquisition de 7800 magasins.
Frédéric Lacroix-Couture