Les marchés boursiers vous empêchent-ils de dormir ?


Édition du 24 Novembre 2018

Les marchés boursiers vous empêchent-ils de dormir ?


Édition du 24 Novembre 2018

Par Philippe Leblanc

Une perspective à long terme de la ­Bourse nous donne bon espoir qu’elle rebondira éventuellement de ses corrections. [Photo : Getty Images]

J'ai trouvé plutôt cocasse qu'au moins deux personnes me demandent si la baisse des marchés boursiers récente me rendait nerveux.

Bien honnêtement, non. Je dors très bien, merci beaucoup !

Malheureusement, je sais que ce n'est pas le cas de tous les investisseurs. Je me suis donc demandé ce qui pouvait empêcher les investisseurs de bien dormir et de demeurer calmes pendant la tempête.

Selon moi, voici les facteurs qui attisent la nervosité des investisseurs lors de corrections boursières :

1. Adopter des pratiques dangereuses. J'ai toujours cru qu'investir de l'argent emprunté était très dangereux. Lorsque les corrections boursières surviennent et qu'on est forcé de vendre pour renflouer sa marge, les décisions rationnelles prennent le bord.

2. Ne pas connaître les sociétés dans lesquelles on investit. Trop d'investisseurs (je les appellerais plutôt des spéculateurs) achètent des titres boursiers comme s'ils achetaient un bout de papier ou un billet de loterie. Ils espèrent être tombés sur le bon billet, mais ils n'ont pas fait leurs devoirs. Ils n'ont pas analysé l'entreprise derrière le bout de papier. Cette entreprise est-elle rentable ? Quelles sont ses activités ? Sa situation financière est-elle solide ? Pourrait-elle traverser une période économique difficile sans avoir recours à du financement externe ? Celui ou celle qui achète un bout de papier qui se négocie en Bourse ne peut pas vraiment comprendre pourquoi ce titre pourrait soudainement perdre de la valeur. Il ou elle ne peut pas savoir si la situation est temporaire ou si elle présage une chute plus prononcée à venir.

3. Ne pas évaluer objectivement ses entreprises. Celui qui n'a aucune idée de la valeur intrinsèque de l'entreprise dans laquelle il a investi ne peut pas rester calme lorsqu'il voit le titre chuter en Bourse. Il n'a pas de repère qui lui permettrait de déduire que le titre devient encore plus attrayant à acheter après sa chute.

Étendons-nous sur ce point. Récemment, nous avons procédé à un petit exercice intéressant chez COTE 100. Dans l'ensemble de nos portefeuilles sous gestion, nous possédons un grand total de 37 titres. Au 30 septembre dernier, soit avant la baisse des marchés, nous avions établi que, en fonction de l'évaluation que nous faisions de chacun de nos titres, 32 % de ces 37 titres étaient, selon nous, des «achats», les autres étant «bien évalués».

Le 11 octobre, soit après que le S&P 500 a subi une baisse de 6,4 % (depuis le 30 septembre), nous avons refait le même exercice. En raison de la baisse, nous établissions que 59 % de nos titres étaient devenus des «achats», alors que le reste était «bien évalué».

En moins de deux semaines, pas moins de 10 titres que nous considérions bien évalués étaient selon nous devenus des achats !

Voilà comment nous observons une baisse du marché, par le gros bout de la lorgnette !

4. Ne pas être au fait de l'histoire du marché boursier. Un investisseur doit savoir que les corrections boursières (une baisse de 10 % par rapport à un sommet récent) sont fréquentes et que les marchés baissiers (une baisse de 20 %) sont récurrents. Depuis 1928, il y a eu pas moins de 52 corrections et 20 marchés baissiers, la fréquence étant une correction chaque 1,7 an et un marché baissier aux 4,5 ans. Cela n'a pas empêché le marché boursier (S&P 500) d'enregistrer un rendement annuel composé de 9,7 % de 1928 à 2017.

5. Ne pas avoir vécu de marché baissier. Je me disais récemment qu'un nombre croissant d'investisseurs n'a pas connu de marché baissier. Le dernier remonte à 2008-2009, déjà dix ans. Tous ceux qui ont commencé à investir depuis cette date, et j'imagine qu'ils sont nombreux à avoir été attirés par les rendements récents très attrayants de la Bourse, n'ont jamais connu de marché baissier.

6. Ne pas avoir cette conviction que le temps joue en sa faveur. En anglais, on parle de «staying power». Une perspective à long terme de la Bourse nous donne bon espoir qu'elle rebondira éventuellement de ses corrections. Aussi, celui ou celle qui investit dans des sociétés qui ne sont pas encore réellement établies, qui ne sont pas encore rentables ou qui ne jouissent pas d'une forte santé financière, ne peut pas être convaincu que ses entreprises sauront traverser une crise financière ou économique. J'imagine, par exemple, qu'il doit être plutôt stressant de détenir des titres d'entreprises du secteur du cannabis présentement - la plupart d'entre elles étant largement déficitaires.

7. Posséder un portefeuille mal diversifié. Celui qui a beaucoup de titres dans un seul secteur ou qui a investi une proportion excessive de son portefeuille dans un ou deux titres vit ­peut-être difficilement la baisse récente des marchés.

Trois ­choses à ­retenir

De ce qui précède, je retiens trois principes fondamentaux pour bien dormir :

1. Faire ses devoirs et évaluer consciencieusement ses entreprises ;
2. S’organiser pour que le temps puisse jouer en sa faveur ;
3. Être conservateur, tant dans ses choix d’entreprises que dans la construction de son portefeuille.

EXPERT-INVITÉ
Philippe Le Blanc est gestionnaire de portefeuille chez COTE 100 et éditeur de la Lettre financière COTE 100. Plusieurs comptes sous la gestion de COTE 100 possèdent des actions de Berkshire Hathaway.

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