La solution est dans la dilution


Édition du 22 Septembre 2018

La solution est dans la dilution


Édition du 22 Septembre 2018

[Photo: 123RF]

Détenez-vous une action qui représente une partie importante de votre portefeuille ? Si les choses tournaient mal pour ce titre, est-ce que cela pourrait vous rendre anxieux, ou encore, menacer votre capacité d'atteindre vos objectifs financiers ? Dans l'affirmative, sachez que vous êtes exposé au risque de concentration. À partir de quel pourcentage faut-il s'en préoccuper ? Que faire pour réduire ce risque ? Une étude récente de Vanguard répond à ces questions et confirme que la solution est dans la dilution (1).

Je rencontre régulièrement des investisseurs qui ont accumulé un titre en particulier, souvent parce qu'ils travaillent (ou travaillaient) pour une société publique qui encourage ses employés à acquérir ses actions sur une base régulière. Une fois à la retraite, les achats périodiques cessent, mais l'impact fiscal du titre demeure parce qu'il est dans un compte non enregistré. La facture d'impôt qui résulterait de la vente partielle ou complète de la concentration en amène plusieurs à se convaincre qu'il faudrait que la situation aille vraiment mal pour qu'ils perdent plus en conservant le titre qu'en le vendant. Or, même la meilleure des sociétés isncrites en Bourse peut voir son action chuter à la suite des répercussions négatives de facteurs hors de son contrôle.

En règle générale, lorsque 10 % ou plus de la valeur de vos actions se retrouve dans un seul titre, vous avez une concentration. De même, l'investisseur qui détient quelques positions importantes dans un même secteur ou qui ont tendance à être corrélées est lui aussi exposé à ce risque.

Trois éléments à considérer pour gérer le risque de concentration:

1. Le risque idiosyncratique

Un titre qui représente une concentration dans un portefeuille comporte un risque qui est propre à la société. Le risque idiosyncratique n'est pas lié au contexte macroéconomique qui aura un impact sur le rendement de la catégorie d'actifs. À un degré élevé, il peut augmenter la volatilité du titre et les probabilités que vous obteniez un rendement inférieur à celui de l'ensemble du marché.

Une analyse comparative de la distribution des rendements mensuels, entre 1985 et 2017, de l'indice des grandes sociétés américaines S&P 500 et des titres individuels qui le composent. a permis d'arriver à des constats éclairants. Non seulement la diversification inhérente à l'indice a réduit le risque idiosyncratique lié à chaque titre individuel, mais elle a aussi offert des rendements moins volatils.

L'importance de réduire la volatilité est primordiale dans l'atteinte de vos objectifs et voici pourquoi. Comparons deux investissements : le premier a obtenu 20 % la première année et -10 % la seconde ; le deuxième, 15 % suivi de -5 %. Bien que leur moyenne arithmétique soit la même à 10 %, le premier a augmenté de 8 % et l'autre, de 9,3 %. Ainsi, la moyenne géométrique supérieure du second placement, plus stable et moins volatil, favorise l'accumulation de capital. Cet écart positif augmentera avec les ans.

2. Une concentration conduit souvent à l'inaction

Lorsque votre concentration se retrouve dans un compte enregistré et n'a aucun impact fiscal à la vente, le conseil de Vanguard est simple : vendez et diversifiez. Toutefois, la décision se révèle plus complexe lorsque le titre est détenu dans un compte non enregistré.

S'il est facile de quantifier la facture d'impôt qu'entraînera la vente d'une concentration détenue hors-REER, il est plus compliqué d'évaluer les bénéfices qui pourraient résulter de la diversification... Cette situation conduit souvent à l'inaction, car l'investisseur se limite à considérer le montant d'impôt à payer sur son gain en capital. C'est là qu'il faut adopter une autre perspective.

Supposons que votre portefeuille a atteint 1 million de dollars, qu'un titre vaut à lui seul 400 000 $ et a un coût fiscal de 200 000 $. Au final et au taux maximal, vous paierez environ 50 000 $ d'impôt si vous vendez cette position en entier, soit 12,5 % de la valeur du titre. Comparée à la valeur de votre portefeuille, votre facture d'impôt ne représente qu'un coût de 5 % pour gérer et éliminer votre risque de concentration.

D'autres variables peuvent aussi influencer votre décision. Par exemple, vous pourriez être incité à maintenir votre concentration si le titre était peu liquide et que les frais pour le vendre étaient supérieurs compte tenu des écarts de prix. De même, une tolérance au risque élevée ou un horizon de placement à court terme pourrait vous faire garder l'action. Par contre, une concentration pouvant causer un réel dommage à votre sécurité financière ou un horizon d'investissement à long terme (qui augmente le risque idiosyncratique lié à la concentration pour plus longtemps) devrait vous inciter à vous départir de la position.

3. Impossible d'éliminer le risque de concentration ? Voici comment le réduire

Vanguard vous propose quatre pistes de solution si, pour des circonstances particulières, vous deviez conserver le titre.

> Vendez la position sur quelques années. La fin de 2018 approche à grands pas et l'occasion est belle de vendre une partie du titre cette année et le solde, en début 2019. Le gain en capital sera ainsi étalé sur deux ans.

> Utilisez les entrées d'argent dans le portefeuille pour diversifier. Qu'il s'agisse de nouvelles économies, de dividendes ou d'intérêts sur vos positions actuelles, profitez-en pour acquérir un placement diversifié.

> Considérez le recours à des produits dérivés. Les options ou une stratégie de monétisation peuvent être des avenues à considérer pour gérer le risque de concentration.

> Faites un don en actions plutôt qu'en argent. Le don de titres (actions individuelles, fonds négociés en Bourse ou fonds communs de placement) à un organisme de bienfaisance vous évite de payer l'impôt sur le gain en capital et vous permet ainsi de donner davantage. Pensez-y dès maintenant pour en profiter en 2018.

En conclusion

Certes, il n'est pas facile de se résigner à réduire ou à éliminer un risque de concentration. Après tout, s'il y a aujourd'hui une concentration, c'est parce que cette position a généré des rendements appréciables au fil des ans. Facile de tomber en amour avec un tel titre, mais rappelez-vous que la solution est dans la dilution !

(1) Source : Vanguard, «Financial Planning Perspectives, Is dilution the solution ? Considerations for a concentrated equity portfolio », 2018 

EXPERT-INVITÉ
Hélène Gagné, F.Adm.A., CIM, Pl. Fin., est gestionnaire de portefeuille et conseillère en sécurité financière chez Gestion privée Gagné Johnston (Valeurs mobilières PEAK).

À la une

Monique Leroux: notre productivité reflète notre manque d’ambition

Édition du 10 Avril 2024 | François Normand

TÊTE-À-TÊTE. Entrevue avec Monique Leroux, ex-patronne de Desjardins et ex-présidente du CA d'Investissement Québec.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.