Quatre mauvaises raisons de vendre un fonds commun

Publié le 29/08/2014 à 08:09

Quatre mauvaises raisons de vendre un fonds commun

Publié le 29/08/2014 à 08:09

Photo; Shutterstock

Par Christine Benz, de Morningstar

La décision de vendre un fonds ou non n'est généralement pas évidente, même rétrospectivement. Après la prise d'une décision, une fois que les choses sont rentrées dans l'ordre et que le placement en question s'est bien ou mal comporté, la «bonne» réponse dépend entièrement de la personne.

Prenez par exemple le Fonds Chou Associés. La série de rendements gagnants de ce fonds concentré à la suite de sa création en 1986 a valu au gestionnaire Francis Chou le Prix Morningstar du Gestionnaire de fonds de la décennie en 2004. Elle a aussi entraîné un afflux d'argent les trois années suivantes, avec des actifs qui sont passés de 122M$ à la fin de 2004 à plus de 614M$ à la fin de l'année 2007.

Mais ces porteurs de parts nouvellement arrivés se sont rapidement trouvés devant un dilemme quand le fonds a chuté de près de 43% de mars 2007 à février 2009. Les investisseurs ont dû décider s'ils voulaient réduire leurs pertes, réalisant que le fonds était plus risqué qu'ils ne l'avaient pensé, ou s'accrocher en espérant que l'approche de M. Chou porterait ses fruits plus tard.

À ce jour, ceux qui n'ont pas bougé ont vu leur patience récompensée, les rendements ayant connu un essor foudroyant depuis 2009. Quant aux investisseurs qui ont vendu le fonds Chou, ils ne se sont peut-être pas trop mal débrouillés non plus selon le placement dans lequel ils ont investi le produit de leur vente.

S'ils ont laissé l'argent inactif, il est évident que vendre a été une mauvaise idée: l'argent liquide s'est apprécié moins que l'inflation, alors que les actions ont connu une passe exceptionnelle. Mais si les investisseurs ont vendu le Fonds Chou Associés pour l'échanger contre un fonds d'actions plus prudent, ils ont sans aucun doute obtenu des rendements convenables tout en se retrouvant avec un placement potentiellement plus facile à endurer dans l'avenir.

Francis Chou n'a montré aucun désir de se détourner de la concentration extrême des avoirs du fonds (au 30 juin, 62,5 % du portefeuille s'entassaient dans les 10 premiers avoirs), ce qui rend pratiquement inévitables d'autres fluctuations de rendements.

Comme l'illustre le cas du fonds Chou, il est difficile d'en arriver à des critères de vente qui conviennent à tous les investisseurs. Toutefois, il y a certaines situations où il est particulièrement mal avisé de vendre.Voici les quatre principales.

Première mauvaise raison: un mauvais rendement à court terme

Ce n'est presque jamais une bonne idée de vendre seulement à cause d'un mauvais rendement, que ce soit à court ou à long terme. Si un fonds est à la traîne de ses pairs ou d'un indice, votre première réaction devrait plutôt être de savoir pourquoi.

Il se peut que le gestionnaire se cantonne simplement à une stratégie de placement devenue impopulaire, comme ce fut le cas pour de nombreux fonds avec un penchant vers la valeur au cours du boum technologique de la fin des années 1990. Une discipline comme celle-là reçoit souvent sa légitimité avec le temps. Mais la faiblesse du rendement peut être le signe que quelque chose de plus sérieux se prépare. Par exemple, peut-être que votre fonds est à la traîne dans un marché dominé par les petites et moyennes capitalisations, parce qu'il est devenu trop gros et que le gestionnaire ne peut espérer faire fructifier tout cet argent que dans les actions à grande capitalisation.

Faire des recherches sur les fondements d'un placement peut prendre du temps, ce qui explique pourquoi il ne faut pas se laisser obséder par des accès de sous-classement temporaires. La plupart des fonds, surtout ceux qui ont recours à des stratégies vraiment actives, sont par moments à la traîne de leurs pairs, souvent pour de bonnes raisons et pendant au moins quelques années. (C'est en fait ces trois dernières années le cas du Fonds de revenu Beutel Goodman coté Or par Morningstar.)

Économisez plutôt votre énergie pour vous pencher sur les fonds qui se sont sous-classés pendant de longues périodes ou à un moment où vous vous seriez attendu à ce qu'ils se comportent bien. Par exemple, si vous avez apprécié un fonds parce qu'il a tendance à ne pas courir trop de risques mais qu'il a perdu plus que ses pairs en 2008, c'est là une raison légitime pour demander si quelque chose dans sa stratégie a changé, ou si ses mécanismes de contrôle du risque n'étaient pas ce que vous pensiez. Même si ce fonds n'est pas trop mal, il se peut qu'il n'ait pas sa place dans votre portefeuille.

Deuxième mauvaise raison: un rendement instable

Dans le même ordre d'idées, les investisseurs se mettent souvent dans tous leurs états quand les rendements relatifs d'un fonds font preuve d'inconstance d'une année sur l'autre. Il peut être bien sûr rassurant de voir un fonds atterrir invariablement dans la première moitié de sa catégorie, et un petit nombre d'entre eux ont en fait réussi à avoir des rendements remarquablement constants d'une année à l'autre.

Mais si vous voulez que tous vos avoirs s'en tiennent à cette norme, il faudrait que vous éjectiez certains produits méritants qui, bien qu'irréguliers dans leurs rendements d'une année civile à l'autre, font preuve de régularité là où cette régularité compte : ils s'en tiennent à leurs stratégies de façon disciplinée et ne bronchent pas, même si le marché ne les récompense pas dans l'immédiat. Il est aussi important de se rappeler qu'une année civile est une période relativement courte et arbitraire, et qu'un fonds qui a pu paraître erratique pendant des périodes de janvier à décembre peut avoir l'air parfaitement constant sur une différente période de 12 mois : d'avril à mars par exemple.

Troisième mauvaise raison: les nouvelles économiques

Les nouvelles économiques, que ce soit la direction prise par les taux d'intérêt aux États-Unis ou la croissance du PIB en Chine et en Inde, apparaissent souvent en parallèle des nouvelles boursières. Et il est vrai que les manchettes ont la capacité de pousser le marché vers le haut ou vers le bas, pendant quelques jours ou même pendant des périodes prolongées.

Le problème est qu'au moment où une nouvelle ou une autre devient d'actualité, d'autres protagonistes du marché l'ont déjà digérée et incorporée au cours d'une action. Si vous décidez de vendre votre fonds à cause de cette nouvelle, il y a toutes les chances que vous arriviez trop tard. Un meilleur parti à prendre pour les investisseurs, du moins dans la mesure où cela concerne leurs portefeuilles, est de faire le gros dos et de se concentrer sur les facteurs qu'ils peuvent contrôler : leurs taux d'épargne et de dépenses, la qualité de leurs avoirs et le coût total qu'ils paient pour ces placements. Cet article donne plus de détails sur l'avantage qu'il y a à «couper le son» quand il s'agit de gérer son portefeuille.

Quatrième mauvaise raison: éviter une imminente distribution de gains en capital

Lorsque les fonds communs vendent des avoirs qui se sont appréciés, on leur demande de répercuter ces distributions de gains en capital sur leurs porteurs de parts, qui eux-mêmes seront alors imposables. Certains fonds préviennent qu'une distribution s'annonce, poussant certains investisseurs à envisager une vente préventive, avant que le fonds effectue ses distributions.

Ça peut sembler tenir debout, et ce n'est pas déraisonnable dans les rares cas où un investisseur se retrouve coincé avec une distribution peu de temps après avoir effectué son achat. Mais ce n'est généralement pas une stratégie lucrative pour ceux qui détiennent le fonds depuis longtemps et ont vu une appréciation de leurs avoirs. La raison en est que les porteurs de parts doivent être imposés sur les gains en capital à deux niveaux: d'abord, ils peuvent être redevables de l'impôt au moment où leurs fonds effectuent des distributions, et ensuite, on peut leur demander de verser un impôt sur les gains en capital lorsqu'ils vendent eux-mêmes des parts dont la valeur s'est appréciée depuis qu'ils les ont achetées. Ainsi, un porteur de parts qui vend un fonds de façon préventive pour éviter une distribution peut sans s'en douter déclencher une facture fiscale plus importante encore, en fonction de l'écart entre le coût de base et le prix de vente.

Christine Benz est directrice du service des finances personnelles à Morningstar. Elle est l'auteure des livres 30-Minute Money Solutions: A Step-by-Step Guide to Managing Your Finances et Morningstar Guide to Mutual Funds: 5-Star Strategies for Success.

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