Plaidoyer pour les fonds communs

Offert par Les Affaires


Édition du 10 Mai 2014

Plaidoyer pour les fonds communs

Offert par Les Affaires


Édition du 10 Mai 2014

Le cahier Investir du Journal Les Affaires a recruté Yves Bourget, un vétéran de l'industrie des valeurs mobilières, à titre de chroniqueur de fonds communs. Nous vous offrons sa première chronique, publiée dans l'édition du 10 mai.

La majorité des investisseurs n'ont ni le temps ni l'expertise pour gérer adéquatement leur argent. C'est du moins ce que j'ai pu constater durant ma carrière dans le domaine du placement. Évidemment, je suis biaisé ! Je prêche depuis toujours qu'il vaut mieux confier son épargne à des professionnels. Et, pour une grande partie du public, les fonds communs sont la principale voie d'accès à cette gestion.

J'admets cependant qu'une grande partie des lecteurs de la section Investir de Les Affaires font partie de la minorité qui préfère acheter ses titres. S'il est possible de se constituer un portefeuille de titres nord-américains, je leur soumets respectueusement qu'il est peu probable qu'ils soient capables de le faire à l'échelle internationale. Et qu'ils auraient eux aussi intérêt à inclure des fonds pour accéder à ces marchés.

Qu'il s'agisse de fonds communs de placement, communément appelés «fonds mutuels», ou les fonds négociés en Bourse (FNB), le principe de base est le même : les fonds permettent de diversifier rapidement un portefeuille dans diverses catégories d'actifs, et ce, avec des placements relativement modestes. Ce n'est donc pas anodin que les fonds communs les plus vendus aujourd'hui soient justement des solutions de portefeuille clés en main, des «comptes intégrés de fonds», communément appelés des «fonds de fonds».

Un actif sous gestion d'environ 300 G$

En décembre 1998, ces fonds de fonds représentaient 9 % de tous les fonds d'investissement au Canada. Au 31 mars dernier, cette proportion avait atteint 27,3 %. L'actif sous gestion dans ces comptes intégrés de fonds comptait pour 288,8 milliards de dollars des 1 059 G$ investis en fonds communs de placement, selon les données de l'Institut des fonds d'investissement du Canada. Ces fonds de fonds constituent désormais les fonds communs les plus vendus au Canada, surtout dans le réseau des banques.

Ils sont attrayants parce qu'ils offrent une approche disciplinée à la construction et au rééquilibrage d'un portefeuille habituellement réservé à la gestion privée de fortune. Mais, comme la plupart des fonds communs de placement, leurs ratios de frais de gestion (RFG) sont plutôt élevés. Ainsi, ce ratio de frais de gestion moyen pondéré selon l'actif s'élevait à 2,12 % au 30 juin 2013, selon Investor Economics.

C'est qu'au Canada, hélas, les honoraires du conseiller qui vous vend le fonds, habituellement de 1 %, sont intégrés aux frais du fonds en question. De sorte que même ceux qui achètent leurs fonds par l'entremise de presque tous les courtiers escompteurs, qui n'offrent pas de conseils, paieront les mêmes frais que s'ils les avaient achetés auprès d'un conseiller. L'arrivée des fonds de Série D pour un nombre très restreint de «fonds mutuels» corrige ce problème.

Néanmoins, une étude de Morningstar a révélé que les sociétés canadiennes de gestion de fonds prélèvent des frais de 50 % supérieurs à ceux que perçoivent les gestionnaires de fonds ailleurs dans le monde. La domination du marché par quelques grosses institutions pourrait expliquer cette situation. Aux États-Unis, c'est le contraire. Il y a une myriade de gestionnaires d'actifs, y compris ceux dont les prix sont très faibles, comme Vanguard ; ainsi, le pouvoir de fixation des prix est dispersé, de sorte que les frais de gestion y sont les plus bas du monde.

C'est d'ailleurs en réaction aux frais élevés des fonds gérés activement que les fonds indiciels, qui miment la performance d'un indice, ont été lancés. On crédite d'ailleurs le fondateur de Vanguard, John C. Bogle, du lancement du premier fonds indiciel en 1975. Les frais de gestion moyens des fonds Vanguard sont graduellement passés de 0,89 % en 1975, à 0,19 % en 2013.

John Bogle avait conduit une étude démontrant qu'environ trois quarts des «fonds mutuels» sur quatre ne généraient pas un rendement supérieur à celui de l'indice S&P 500. Les gestionnaires pouvaient sélectionner des titres qui affichaient une aussi bonne performance que le S&P 500, mais il résultait du coût combiné de leurs honoraires et des impôts afférents à la négociation de leurs titres en portefeuille une performance inférieure à l'indice.

Et force est de constater que c'est encore le cas. J'effectue la vigie de la performance des fonds depuis près de 35 ans et il est clair que, sur des périodes de 20 ans et plus, peu de fonds réussissent à mieux performer que leur indice de référence. De plus, j'ai noté qu'au fil des ans ce sont rarement les mêmes. C'est d'ailleurs pourquoi nul autre que Warren Buffett ne recommande à l'épargnant moyen d'investir uniquement dans un fonds indiciel.

Et c'est aussi pourquoi plusieurs gestionnaires de patrimoine n'utilisent plus que des fonds indiciels négociés en Bourse pour les portefeuilles de leurs clients, fonds dont les frais de gestion peuvent être aussi bas que 0,05 %, auxquels ils ajoutent leurs propres honoraires, habituellement de l'ordre de 1 %.

Cela dit, l'investisseur autonome peut construire un portefeuille dont le noyau est constitué de fonds indiciels auxquels il peut combiner des fonds gérés activement s'il juge qu'ils ont le potentiel d'afficher un rendement ajusté pour le risque supérieur. Encore faut-il les trouver. C'est à cet exercice délicat que je consacrerai une partie de mes chroniques subséquentes, en attirant votre attention sur des gestionnaires auxquels vous pourriez songer à confier une partie de votre portefeuille.

Biographie
Yves Bourget a fait carrière dans l'industrie des valeurs mobilières pendant une vingtaine d'années, notamment à titre de vice-président pour le Québec de Placements Altamira, de 1990 à 1997. Il collabore depuis 2001 à la publication Finance et Investissement, dans le domaine des fonds communs.

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