Le talon d'Achille de l'indice Russell 2000

Publié le 29/04/2015 à 09:04

Le talon d'Achille de l'indice Russell 2000

Publié le 29/04/2015 à 09:04

Le coût de la rotation

Antti Patajisto, ancien professeur invité à l'Université de New York, a examiné les effets du prix de ces changements dans l'Indice Russell 2000 en utilisant des données de 1990 à 2005. Il n'a pas trouvé de schéma clair parmi les actions qui ont traversé la limite supérieure des capitalisations du Russell 2000, ce qui peut être causé par les transactions compensatoires des fonds indexés sur le Russell 1000. Une étude séparée à laquelle s'est livré Yen-Cheng Chang a trouvé une augmentation de 5 % du prix des actions du Russell 1000 devant être ajoutées au Russell 2000 en juin en se servant de données de 1996 à 2012. Elle a également trouvé une diminution de 5,4 % du prix des actions devant être déplacées de l'Indice Russell 2000 à l'Indice Russell 1000.

À la limite inférieure des capitalisations du Russell 2000, M. Petajisto a trouvé que les actions qui devaient y être ajoutées s'étaient surclassées de 4,7 % en moyenne entre la fin du mois de mai et du mois de juin, alors que les suppressions au-delà de ce seuil s'étaient sous-classées de 4,6 %. Les nouveaux ajouts, au cours des deux mois suivants, se sont sous-classés. Ces nouvelles fluctuations de prix ont tiré le rendement de l'indice vers le bas, d'un chiffre que M. Petajisto a évalué entre 38 et 77 points de base par an.

Les arbitragistes indiciels peuvent faire fluctuer les prix par rapport à l'indice en réalisant des opérations à l'avance sur le marché. De ce point de vue-là, on pourrait croire que ce serait dans l'intérêt des investisseurs de rendre la prévision de ces changements difficile, mais M. Petajisto avance de façon convaincante que la transparence peut en fait contribuer à réduire les coûts de transactions. Si les arbitragistes n'étaient pas là, les transactions des gestionnaires indiciels feraient tout de même fluctuer les prix, mais ces fluctuations apparaîtraient à la date effective et pourraient être plus importantes que si elles étaient espacées sur une longue période. Avec un délai un peu plus long, les arbitragistes indiciels peuvent construire leurs positions (soit longues, soit courtes) et les inverser de manière à répondre aux exigences des négociateurs de l'indice à la date effective.

Ce n'est donc pas nécessairement la prévisibilité du Russell 2000 qui est problématique, mais plutôt le montant des actifs qui y sont liés, auquel s'ajoute sa rotation concentrée sur une seule partie de l'année. À la fin de décembre, près de 41 milliards $US étaient investis dans les fonds communs et les FNB de l'Indice Russell 2000 cotés aux États-Unis. Ce chiffre ne comprend pas les actifs investis dans des comptes séparés, des fonds à effet de levier ou des contrats à terme sur indices boursiers, et il sous-estime donc probablement la quantité réelle d'argent qui piste l'indice. À ce moment-là, la capitalisation boursière globale des avoirs de l'indice était d'environ 2,15 billions $US, ce qui implique que les fonds indiciels avaient une participation de 1,9 % à l'ensemble de l'indice. Le tableau ci-dessous montre les chiffres correspondants pour les indices S&P SmallCap 600 et CRSP U.S. Small Cap.

Les participations représentent l'ampleur des changements qui se produiraient dans la demande si une action est ajoutée à chaque indice ou en est retirée. Ces chiffres peuvent paraître faibles, mais même de faibles changements dans la demande peuvent avoir un impact important sur le prix des actions à petite capitalisation. Bien qu'il y ait plus d'argent dans l'indice CRSP, celui-ci a une capacité plus grande que le Russell 2000 parce que ses avoirs ont une capitalisation boursière globale plus importante. Sa reconstitution trimestrielle favorise des changements de portefeuille plus graduels, ce qui peut aussi aider. L'indice S&P SmallCap 600 n'a pas de calendrier de reconstitution fixe, le comité d'entretien des indices S&P préférant opérer des changements au gré des besoins. Cette souplesse permet au comité d'espacer les changements apportés à l'indice, ce qui pourrait réduire les coûts de transactions et accroître la capacité.

Les indices peuvent aussi réduire les coûts transactionnels pour les fonds qui les pistent en appliquant une marge de manœuvre pour atténuer la rotation. Alors que l'Indice Russell 2000 met en place une marge étroite de capitalisation boursière pour limiter la rotation des actions qui avoisinent l'Indice Russell 1000, elle n'en a pas actuellement à la limite inférieure de ses capitalisations. Par conséquent, les actions qui ne se situent plus parmi les premières 3 000 sociétés selon leur capitalisation à la fin de mai sont ôtées de l'indice, même si elles sont très comparables par leur taille aux actions appelées à les remplacer.

L'indice CRSP U.S. Small Cap donne aux actions une plus grande latitude. Il cible les actions qui tombent parmi les 85 % à 98 % plus importantes sur le marché américain selon leur capitalisation boursière. Mais il n'ajoutera pas une action d'un indice proche jusqu'à ce qu'elle devienne plus petite que 89 % des actions du marché ou accède aux 96 % les plus grandes. Lorsque les actions traversent effectivement ces seuils, CRSP ne transfère que la moitié de la position. Si l'action demeure fermement au-dessus du seuil à l'examen trimestriel suivant, CRSP transfère la moitié qui reste. Cela réduit la rotation lorsqu'elle n'a pas d'incidence importante sur les caractéristiques de capitalisation boursière de l'indice. L'approche en comité de l'indice S&P SmallCap 600 lui permet de prendre des mesures plus subjectives en considération avant de faire des changements, ce qui pourrait aussi aider à réduire la rotation non nécessaire.

Options de placement

À la une

Dette et déficit du fédéral: on respire par le nez!

Il y a 49 minutes | François Normand

ANALYSE. Malgré des chiffres relativement élevés, le Canada affiche le meilleur bilan financier des pays du G7.

Budget fédéral 2024: «c'est peut-être un mal pour un bien»

EXPERT INVITÉ. Les nouvelles règles ne changent pas selon moi l'attrait des actions à long terme.

Multiplier la déduction pour gain en capital, c'est possible?

LE COURRIER DE SÉRAFIN. Quelle est l'avantage de cette stratégie?