Le potentiel du secteur de la santé


Édition du 09 Mars 2016

Le potentiel du secteur de la santé


Édition du 09 Mars 2016

[Photo : iStock]

L'année 2015 était la cinquième de suite où l'Indice mondial MSCI des soins de santé affichait un rendement supérieur à l'Indice MSCI mondial. Mais le coût des médicaments a refait surface dans la campagne électorale aux États-Unis, surtout du côté de la candidate démocrate Hillary Clinton. De plus, des incertitudes persistent sur l'avenir de l'Affordable Care Act (ACA), l'«Obamacare» tant décrié par les candidats républicains à la présidence.

Voilà en plus que les récents résultats des grandes pharmaceutiques, comme Pfizer, sont plombés par la hausse du dollar américain. Sans compter la hausse des taux amorcée par la Réserve fédérale et l'humeur pour le moins morose du marché. Déjà, l'Indice mondial MSCI des soins de santé a chuté de 9,7 % du 1er janvier au 24 février, par rapport à 8,1 % pour l'Indice MSCI mondial. La période de rendement supérieur du secteur des soins de santé a-t-elle pris fin, et serions-nous entrés dans une autre période semblable à celle qui prévalait au cours de la décennie précédente, où le secteur a souvent affiché une performance inférieure à celle du marché ?

Ce n'est pas l'opinion de Jean Hynes, gestionnaire du Fonds de sciences de la santé mondial Renaissance ; ce fonds a remporté le prix du meilleur fonds d'actions spécialisé lors de la remise des Prix Morningstar en novembre 2015.

«Le fait qu'ils étaient très déprimés pour de multiples raisons jusqu'en 2010 explique en partie les bons rendements des titres des soins de la santé depuis. Mais ils sont encore très attrayants à leur niveau actuel, car l'innovation qu'on croyait en panne durant la précédente décennie est maintenant au rendez-vous», dit Mme Hynes. Elle rappelle que l'industrie des produits pharmaceutiques et de biotechnologie doit constamment se réinventer par la R-D. Les brevets sur ces produits expirent assez rapidement.

La gestionnaire souligne que la première ébauche de la séquence du génome humain ayant été produite en l'an 2000, il a fallu plus d'une décennie aux chercheurs de l'industrie et de la communauté universitaire pour se doter d'outils adéquats visant à l'utiliser dans la découverte de nouveaux médicaments.

Ce nouveau cycle d'innovations fait du créneau des soins de santé un secteur de croissance à long terme : «Où dans le monde y a-t-il un tel niveau d'innovation ? Les progrès sont désormais rapides, le séquençage du génome humain permettant une bien meilleure compréhension de la biologie des maladies. Conséquemment, des médicaments plus efficaces peuvent être mis au point plus rapidement, et il est clair que les gouvernements et les assureurs privés seront prêts à en payer les coûts. Nous sommes très enthousiastes à l'égard des innovations que l'industrie biopharmaceutique nous réserve au cours des 10 à 15 prochaines années. Sans compter que la démographie vieillissante dans plusieurs pays industrialisés, particulièrement au Japon et en Italie, agira de plus en plus comme un vent de dos pour les 20 prochaines années», ajoute Jean Hynes.

«Si, de 2010 à 2015, une marée montante poussait à la hausse tous les titres sans distinction, il y aurait des gagnants et des perdants en 2016. Et nous pensons que les gagnants seraient les sociétés biopharmaceutiques situées très haut sur l'échelle de l'innovation, notamment dans l'oncologie, la maladie d'Alzheimer et les médicaments orphelins concernant les maladies rares», explique-t-elle. Les sociétés biopharmaceutiques comptent pour environ 65 % de son portefeuille.

Mme Hynes juge l'évaluation des titres très raisonnable dans la plupart des segments du secteur, si l'on tient compte des bénéfices prévus dans trois ou quatre ans. Par exemple, Bristol-Myers Squibb a plusieurs brevets qui expirent cette année, et ses derniers résultats montrent un recul du bénéfice. Pourtant, elle développe un médicament très prometteur pour le traitement des mélanomes, Opdivo. «Pour évaluer l'entreprise, vous devez vous projeter en 2020. Dans ce cas, la société se négocie à un prix beaucoup plus attrayant que celui de plusieurs sociétés comparables», calcule-t-elle.

Une structure bien en place

Jean Hynes croit par ailleurs que l'hypothèque que représentait l'ACA sur le secteur en 2010 a été levée au fur et à mesure que l'industrie comprenait mieux ses dispositions. Certes, on continuera d'apporter des modifications à l'ACA, mais l'idée qu'un congrès et un président républicain l'aboliraient n'est pas fondée, à son avis : «La structure du système de santé américain est désormais en place. Vous ne pouvez plus retirer la couverture accordée à 20 millions de nouveaux assurés. La santé pour tous est désormais un acquis», soutient-elle.

Elle ne s'attend pas non plus à des contrôles de prix sur les médicaments, mais plutôt à des mesures mises en place par les assureurs privés des États-Unis pour limiter les coûts des médicaments. Rappelons que, sous l'administration Obama, les titres des assureurs affichent un rendement boursier de près du double de celui des biopharmaceutiques.

En campagne dans l'Iowa, Hillary Clinton déclarait récemment que «les gens se souviennent peut-être que je me suis opposée à l'industrie de l'assurance maladie dans les années 1990». Mais rien de cela n'inquiète Jane Hynes, qui croit que la portion des dépenses de santé continuera de croître dans l'économie américaine.

Le Fonds de sciences de la santé mondial Renaissance a dégagé un rendement annualisé de 8,23 % pour la période de 15 ans terminée le 31 janvier, par rapport à 6,12 % pour l'indice mondial MSCI des soins de santé. Pour les périodes de 1, 5 et 10 ans, toutefois, l'indice a dégagé un rendement supérieur. Il faut dire qu'avec un coût total de détention de 3,07 % par année, la barre est haute...

C'est pourquoi certains investisseurs se tournent vers des fonds indiciels négociés en Bourse. Quatre d'entre eux sont cotés à Toronto. Incidemment, l'un d'eux a remporté le Prix du meilleur FNB spécialisé lors de la remise des Prix Morningstar en novembre dernier : le FINB BMO équipondéré américain de la santé couvert en dollars canadiens (ZUH).

Fellow CSI, Yves Bourget a fait carrière dans l'industrie des valeurs mobilières pendant une vingtaine d'années, en particulier à titre de vice-président pour le Québec de Placements Altamira, de 1990 à 1997. Il collabore depuis 2001 à la publication Finance et Investissement, notamment en matière de fonds communs.

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