La popularité des fonds indiciels influence-t-elle le marché ?


Édition du 07 Avril 2018

La popularité des fonds indiciels influence-t-elle le marché ?


Édition du 07 Avril 2018

Pour atteindre le rendement espéré d’une catégorie (ou ­sous-catégorie) d’actifs, le recours à un ­FNB ou à un fonds bâti sur un indice de capitalisation boursière est le meilleur outil. [Photo: 123RF]

Partis de zéro dans les années 1980 jusqu'à représenter 30 % des actifs mondiaux investis en fonds, les placements indiciels (FNB et fonds communs indiciels) suscitent des inquiétudes quant à leur impact potentiellement négatif sur le fonctionnement des marchés. Ces craintes sont-elles fondées ? Vanguard, le géant américain qui offre à la fois des produits indiciels et de gestion active, met les pendules à l'heure (1).

Placements indiciels : des risques supérieurs aux bénéfices ?

Une des plus importantes décisions de l'investisseur tient à la répartition de son capital entre les trois principales classes d'actif : l'encaisse, les obligations et les actions. Ainsi, il est en mesure d'établir des paramètres quant au rendement et au niveau de risque auquel il peut s'attendre.

Pour atteindre le rendement espéré d'une catégorie (ou sous-catégorie) d'actifs, le recours à un FNB ou à un fonds bâti sur un indice de capitalisation boursière est le meilleur outil. Le rendement de ces produits suit de près celui de l'indice alors que les résultats obtenus par les fonds à gestion active sont plus dispersés. En tentant de battre leur indice de référence, les fonds actifs s'exposent au risque de le sous-performer et leurs rendements sont par conséquent moins prévisibles.

L'analyse de Vanguard met aussi en lumière la pression à la baisse sur les frais des produits de gestion active exercée par la popularité des placements indiciels. Seulement pour 2016, les acheteurs américains de produits indiciels ont épargné 23 milliards de dollars américains. Ultimement, ce sont les investisseurs qui bénéficient de cette guerre de prix.

La gestion indicielle : moins passive qu'il n'y paraît

Les placements indiciels ne constituent qu'une fraction de l'univers des titres dans lesquels investir. En septembre dernier, les FNB et fonds indiciels à capital variable ne représentaient qu'environ 10 % de la valeur des titres se négociant dans le monde et 15 % des titres américains. Aussi, environ 30 % des fonds internationaux étaient indiciels ; 35 % pour les fonds américains.

On constate aussi qu'un nombre croissant d'investisseurs recourent aux produits indiciels dans un but de gestion active. Alors qu'on s'attendrait à ce que ces utilisateurs obtiennent le rendement de l'indice sous-jacent, la réalité est tout autre.

En effet, une analyse comparant les rendements sur cinq ans (moyennes mobiles de 1993 à 2016) des investisseurs indiciels en actions américaines à celui de l'indice de marché a révélé des écarts importants. Alors qu'une véritable gestion passive procurerait le rendement de l'indice moins les frais, les résultats ont surpris. Les rendements fluctuaient grandement et s'éloignaient de celui de l'indice, le surpassant à l'occasion de 14 % et le sous-performant à d'autres de 8 %. Force est de constater que la gestion indicielle est moins passive qu'elle ne l'était. Les FNB et fonds communs indiciels font maintenant partie de l'évolution de la gestion active.

Impacts de l'indiciel sur les marchés : vraiment ?

À ceux qui se préoccupent des impacts sur les marchés que pourrait engendrer la popularité croissante des placements indiciels, Vanguard déploie ses arguments.

Une analyse de l'indice américain Russell 3000 conclut que la proportion de titres dont le rendement s'éloigne de celui de l'indice (en plus ou en moins) est restée relativement stable entre 1993 et 2016, et ce, même si les parts de marché des produits indiciels augmentaient grandement. Ainsi, la corrélation des titres serait restée sensiblement la même.

Quant à la volatilité accrue sur les marchés que d'aucuns perçoivent et attribuent à l'indiciel, l'analyse du Russell 3000 n'a pas démontré cette relation. Alors que les sommes investies en produits indiciels n'ont cessé de croître, la volatilité a continué d'augmenter ou de baisser de façon aléatoire.

Le volume de transactions engendré par les produits indiciels est un autre aspect qui préoccupe de nombreux investisseurs actifs. Or, la gestion de portefeuille indiciel ne compte que pour 5 % du volume transactionnel sur le marché américain, selon Bloomberg. L'autre 95 % est lié notamment aux investisseurs individuels, aux fonds de pension et aux négociateurs à haute fréquence. Clairement, les investisseurs actifs ont toujours le rôle dominant sur le plan transactionnel et ils pourront continuer leur quête à la découverte d'occasions.

Les réponses de Vanguard aux débats récents sur l'indiciel lancés entre autres par le New Yorker, Bloomberg et le Financial Times ont remis les pendules à l'heure... du moins pour le moment.

Experte invitée: Hélène Gagné, F.Adm.A., est gestionnaire de portefeuille chez Gestion privée Peak (une division de Valeurs mobilières Peak), ainsi que planificatrice financière et conseillère en sécurité financière chez Gagné, Morin & Associés M.T.L.

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