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Cogeco Communications tente de reconnecter avec ses investisseurs

Jean Gagnon|Édition de la mi‑novembre 2024

Cogeco Communications tente de reconnecter avec ses investisseurs

(Photo: Adobe Stock)

La BOUSSOLE BOURSIÈRE est une rubrique qui traite d’un événement marquant et de son effet sur le marché boursier en s’appuyant sur l’analyse d’experts. Cette analyse pourra être autant fondamentale que technique.

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(Illustration: Camille Charbonneau)

Les entreprises de télécommunications canadiennes traversent cette année des moments très difficiles en Bourse. On n’a qu’à jeter un rapide coup d’œil sur l’évolution de la valorisation boursière des deux géants BCE (BCE, 27,83 $) et Rogers Communications (RCI.B, 50,36 $) pour s’en convaincre. Leurs titres ont cédé respectivement près de 30 % et de 20 % depuis janvier, et rien n’indique qu’une reprise est près de s’amorcer.

La québécoise Cogeco Communications (CCA, 71,67 $) a elle aussi connu de gros déboires boursiers depuis l’été 2021, passant de 120 $ à 50 $.

Contrairement à ses deux concurrentes, elle montre aujourd’hui des signes encourageants de reprise, souligne Monica Rizk, analyste technique senior à Phases & Cycles.

Le graphique des fluctuations hebdomadaires du cours de l’action illustre clairement dans un premier temps la chute du titre (longue ligne pointillée) entre l’été 2021 et l’été 2024. De plus, à l’exception de courts moments, le titre a navigué durant toute cette période en deçà de sa moyenne mobile de 200 jours (ligne grise), qui est le reflet de sa tendance à long terme. Mais ensuite, l’été dernier, le cours de l’action a réussi à percer à la fois la ligne de tendance baissière et sa moyenne mobile de 200 jours, et ainsi fournir un espoir de renversement de tendance.

Formation en W

Pour espérer un changement de direction soutenable, le cours de l’action doit d’abord pouvoir s’appuyer sur une base solide, explique l’analyste. La formation en W que l’on peut voir aisément sur le graphique constitue justement une base généralement positive, selon elle.

Bien sûr, la suite des événements ne se déroulera pas nécessairement sans heurt. Le cours de l’action devra d’abord franchir et se maintenir au-dessus du niveau de résistance que constituent les sommets du W (ligne ombragée rose), niveau qui se situe autour de 72 $-73 $.

Par la suite, le titre devra faire face aux séquelles laissées par la chute rapide du titre en 2022, explique Monica Rizk. Rappelons que le cours de l’action est passé de 105 $ à près de 60 $ en à peine six mois. Une baisse aussi rapide ne laisse pas beaucoup de temps aux investisseurs pour évaluer l’ampleur de la pression que subit le titre et de vendre leurs positions avant que le prix du titre ne soit trop bas.

Plusieurs de ces investisseurs qui ont conservé leurs actions depuis ce temps pourraient être tentés de profiter de toute remontée pour alléger leurs positions, créant ainsi plusieurs niveaux de résistance qui risqueront de freiner la remontée du titre.

En perçant le niveau de résistance, le cours de l’action offre toutefois un potentiel à la hausse à moyen terme jusque dans la région de 90 $-100 $, estime l’analyste.

Des opinions partagées

Chez les analystes fondamentaux, les opinions diffèrent quant aux perspectives du titre. Les récents résultats trimestriels ont été décents, estime Jerome Dubreuil, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins.

Ce dernier s’inquiète toutefois du développement à long terme des affaires de la société aux États-Unis, où la concurrence est bien présente. Dans l’ensemble, les perspectives de l’activité consolidée de l’entreprise sont stables, mais il manque l’aspect croissance que les investisseurs recherchent souvent, selon lui.

Il croit toutefois que la direction prend les bons moyens afin d’améliorer son efficacité. À la suite de la divulgation des résultats du quatrième trimestre (terminé le 31 août) et de la conférence téléphonique de la direction, Jerome Dubreuil maintient sa recommandation de « conserver » le titre en vue d’un cours cible sur 12 mois de 80,00 $.

Drew McReynolds, analyste à RBC Marchés des capitaux, est un peu plus sévère et demeure quant à lui sur les lignes de côté à la suite des derniers résultats. Il réduit d’ailleurs son cours cible de 79,00 $ à 77,00 $. Il voit néanmoins une bonne valeur dans le titre, mais il attend une meilleure visibilité sur de potentiels éléments catalyseurs, dont une meilleure croissance des revenus, ainsi qu’une atténuation des craintes liées à la forte concurrence qui sévit présentement dans le secteur.

Adam Shine, analyste à la Financière Banque Nationale, est plus confiant. Il souligne que les revenus de l’entreprise au quatrième trimestre ont augmenté de 0,6 %, comparativement à l’année précédente, pour atteindre 748 millions de dollars (M $), sensiblement ce à quoi s’attendait le consensus des analystes. Le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement ajusté (BAIIA), s’est quant à lui accru de 5,4 %, à 370 M $, soit 10 M $ de plus que ce que le consensus prévoyait.

L’analyste souligne également que la direction n’a pas renouvelé son programme de rachats d’action depuis le 3 mai, mais qu’elle a toutefois haussé son dividende de 8 %. À la suite de ces résultats, Adam Shine maintient sa recommandation à « surperformance » et il hausse son cours cible sur un an, qui passe de 80 $ à 84 $.