WSP: achat opportuniste en Nouvelle-Zélande

Publié le 14/08/2017 à 11:56

WSP: achat opportuniste en Nouvelle-Zélande

Publié le 14/08/2017 à 11:56

Par Dominique Beauchamp

Groupe WSP Global s’offre le consultant en infrastructures Opus International Consultants, de Nouvelle-Zélande. La transaction de 280,5M$ au comptant plait à trois analystes.  À première vue, WSP(WSP,50,09$) offre une plus-value généreuse de 87% pour les actions d’Opus par rapport à leur cours en Bourse, mais la performance de l’entreprise néo-zélandaise tirait la patte depuis 2014, en raison des pertes essuyées en Amérique du Nord et en Grande-Bretagne.

Or, si la notoriété de WSP et son réseau mondial réussissait à redonner à Opus un nouvel élan en Amerique du Nord et en Grande-Bretagne notamment, les marges devraient rebondir, croit Maxim Sytchev, de la Financière Banque Nationale.

«Si d’ici deux à trois ans, les marges d’exploitation d’Opus passaient à 7% à l’extérieur de la Nouvelle-Zélande (40% des revenus), le multiple payé par WSP pour Opus baisserait de 8,9 à 7,7 fois le bénéfice d’exploitation», estime cet analyste.

L’achat est opportun parce que les investisseurs donnent peu valeur au récent redressement d'Opus en Amérique du Nord et en Grande-Bretagne, un potentiel que WSP peut accélérer, évoque aussi M. Sytchev. Opus a notamment rationalisé sa division de géomatique au Canada et a fermé des bureaux en Australie.

Au premier semestre, le bénéfice d'exploitation d'Opus a d'ailleurs quintuplé, grâce à un recentrage sur le transport, l'eau et les bâtiments, tandis que ses flux de trésorerie ont atteint un record, note Frederic Bastien de Raymond James.

En Amérique du Nord, Opus a notamment dégagé un léger bénéfice d'exploitation comparativement à d'importantes pertes un an plus tôt. 

Si l'on prend le bénéfice d'exploitation des trois dernières années comme guide, WSP paie 8 fois pour Opus au lieu de 10 fois, estime pour sa part M. Bastien, qui explique que les pertes en Amérique du Nord provenaient surtout de l'impact de la chute du pétrole au Canada.

WSP paie un multiple raisonnable de 7,2 fois le bénéfice d'exploitation d'Opus dans l'hypothèse de synergies de 20% de ce bénéfice d'exploitation, fait valoir Michael Tupholme, de TD Valeurs mobilières. WSP s'échange à un multiple comparatif de 10,7 fois, précise l'analyste. 

20% des revenus en Asie-Pacifique

L’acquisition d'Opus cadre avec la stratégie de WSP qui est déjà présente en Australie. Les 3000 professionnels d’Opus rapprochent aussi WSP de son objectif d’atteindre 45000 employés d’ici la fin de 2018.

Le consultant multidisciplinaire Opus fera passer de 14 à 20% la part des revenus que WSP réalise en Asie-Pacifique et renforce son expertise dans le domaine du transport et de l'eau. 

Le groupe de génie-conseil compte justement tirer parti des compétences d’Opus dans les domaines de l’infrastructure de transport et de l’eau, deux segments moins cycliques que celui les ressources, dans cette région, indique M. Topholme.

Quelque 61% des revenus d’Opus dépendent des dépenses publiques des gouvernements.

"WSP achète de façon opportuniste une société de qualité qui vient de traverser un sérieux nid de poule. Cet achat me rappelle celui de l'Américaine Parsons Brinkerhoff en 2014. Trois ans plus tard, l'Australie est l'un des marchés les plus vigoureux et rentables pour Parsons", indique M. Bastien.

L'achat se fait en deux temps. WSP rachète un bloc de 61% d'Opus appartenant à UEM Edgenta et ensuite le reste des actions librement échangées en Bourse.

LA dette de WSP passera de 1,7 à 2 fois, ce qui lui laisse la latitude de réaliser d'autres achats, croit M. Tupholme.

WSP sur le banc des punitions

La transaction, qui devrait se clore au quatrième trimestre, redonne un peu de tonus le 14 août au titre de WSP qui regagne 2% en fin de matinée et repasse au-dessus de la marque de 50$.

L’action de WSP s’était affaissée de 11% depuis le sommet de 55$ atteint le 28 juin.

La croissance interne de seulement 2% des revenus au deuxième trimestre, le ralentissement en Chine et des flux de trésorerie négligeables du premier semestre, avaient fait fuir les investisseurs habitués à des résultats plus robustes.

M. Sytchev reste neutre envers le titre et maintient son cours cible de 52$.

Même si Opus est un achat plus imposant que ce qu'il avait prévu dans ses modèles, M. Tupholme ne touche pas à son cours cible de 59$, préférant attendre d'avoir plus de détails concernant l'échéancier des synergies.

 

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