«Vidéotron ne sera pas la dernière transaction réalisée avec l’appui de la Caisse»

Publié le 08/05/2018 à 15:06, mis à jour le 10/05/2018 à 16:57

«Vidéotron ne sera pas la dernière transaction réalisée avec l’appui de la Caisse»

Publié le 08/05/2018 à 15:06, mis à jour le 10/05/2018 à 16:57

Par Dominique Beauchamp

PKP souriant devant le parterre d'actionnaires. (Romeo Mocafico)

Quoi de mieux que d’annoncer le rachat de la Caisse de dépôt pour 1,7G$ et l’instauration d’une politique de dividende digne de ce nom pour épater la galerie à l’assemblée annuelle.

Les actionnaires sont satisfaits comme en témoigne le bond de 3% de l’action de Québecor QBR.B, 24$) ce mardi en Bourse.

1,69 milliard pour s’émanciper

Très attendu depuis un bon moment, le rachat par Québecor de l’intérêt résiduel de 18,47% de la Caisse de dépôt et placement du Québec dans Québécor Média pour 1,69 milliard de dollars, ferme le chapitre sur le partenariat de 18 ans entre les deux organisations pour bloquer l’offre de Rogers Communications pour Vidéotron.

Depuis 2000, la Québécoise Vidéotron aurait embauché 4000 employés et aurait investi 2 milliards de dollars dans son réseau, en plus de tous ses dons aux institutions locales, s’est félicité le PDG Pierre-Karl Péladeau, pendant l’assemblée annuelle.

«Avec un million de clients sans-fil, il est clair que nous avons vu juste avec la stratégie mobile qui pallie au phénomène du cordon coupé et à l’érosion des revenus historiques dans la câblodistribution», a déclaré M. Péladeau, pendant son allocution.

D’ailleurs, le câblodistributeur de Calgary Shaw (SJR.B, 26,13$) l’imite avec son nouveau service Freedom Mobile, a-t-il renchéri.

Dividende doublé

Rien de mieux pour Québecor non plus pour marquer sa nouvelle liberté que de doubler le dividende à 0,055$ par action et d’annoncer une première politique formelle de dividende. 

D’ici quatre ans, Québecor prévoit distribuer entre 30 et 50% de ses flux de trésorerie libres en dividendes.

Un premier trimestre mitigé

Ces bonnes nouvelles ont un peu fait oublier les résultats du premier trimestre qui n’étaient pas à la hauteur de certaines attentes.

La hausse de 0,6% des revenus a raté les prévisions des analystes tout comme l’ajout d’abonnés à tous ses services, tout comme les revenus moyens par abonné.

Ainsi, Vidéotron a ajouté 23000 abonnés à son service sans-fil alors que les analystes en attendaient 25700.

La facturation moyenne d’abonnement par unité mobile (FMPU) a avancé de seulement 1,2% à 53,25$, par rapport à la hausse estimée de 2 à 4% par quatre analystes consultés.

Enfin, Vidéotron a perdu 15000 abonnés au service de câble au lieu des 9100 prévus; le service internet a gagné seulement 8100 abonnés au lieu des 13000 prévus.

La hausse trimestrielle de 9,5% à 407,5 M$ du bénéfice d’exploitation, l’étalon de mesure pour cette industrie, a toutefois surpassé les prévisions de 5,5% d’Aravinda Galappatthige, de Canaccord Genuity.

L’analyste attribue cette performance à la suppression de coûts au siège social et à la baisse des frais d’itinérance imposée par le CRTC.

Voici les points forts de l’assemblée et du point de presse qui a suivi :

-      En rachetant le bloc résiduel de la Caisse dans Québecor Média, Québecor accède à 100% des flux de trésorerie de Vidéotron, ce qui lui procurera plus de «flexibilité pour sauter sur des occasions d’affaires», mais Pierre-Karl Péladeau s’est bien gardé d'ouvrir son jeu.

«Québecor a toujours été assez… audacieuse dans sa volonté de croître. Elle n’a jamais eu … de préoccupations majeures pour se développer par le biais d’acquisitions (ou) de partir à l’étranger», a-t-il dit aux journalistes réunis.

-      Bien que la Caisse reçoive 1,54G$ comptant pour la majorité de son bloc d’actions de Québecor Média, l’institution ne coupe pas tous les ponts avec son ex-partenaire. La Caisse obtient aussi une débenture convertible de 150M$, portant intérêt à hauteur de 4 %. Si elle convertissait la débenture d’ici 6 ans, elle aurait de 1,9 à 2,3% des actions subalternes de Québecor. Christian Dubé, premier vice-président Québec, de la Caisse, continue aussi de siéger au conseil d’administration.

-      Le rachat, qui exige une sortie de fonds de 900M$ et un emprunt de 600M$, ne fera pas dérailler le bilan puisque après la transaction en juin, la dette de Québecor équivaudra à 3,4 fois le bénéfice d’exploitation, un ratio qui préserve son accès au marché américain des dettes de sociétés.

-      La société estime qu’elle aura accès à des liquidités d’encore 600M$, des montants suffisants pour mener à bien son plan d’affaires et réaliser les investissements dans la nouvelle plateforme de télévision IP, à l’aide de la technologie Infinity X1 de Comcast, a assuré le chef de la direction financière Jean-François Pruneau.

-      Les clients sont plus nombreux qu'avant à couper le cordon a admis le PDG, mais M. Péladeau estime que le Club Illico et sa version mobile, qu’il compare à un mini-Netflix, sont un important facteur de rétention pour Vidéotron. En 2017, le câble a perdu 55000 abonnés, mais Club Illico en a gagné 65000, a précisé M. Pruneau.

-      M. Péladeau s’est aussi servi de sa tribune pour dénoncer le passe-droit «incensé» dont bénéficie le «service de contournement» Netflix au Canada, alors que le poids réglementaire des diffuseurs locaux augmente.

-      Il a aussi écorché le CRTC concernant sa décision de priver TVA Sports des droits de redevances similaires à celles que reçoit sa rivae RDS de la part du télédistributeur BCE.

-      Les dirigeants ont aussi écouté poliment, sans répondre, les plaintes annuelles d’actionnaires de TVA qui se sont dits lésés par la chute depuis 2001de 80% de l’action de cette filiale détenue à 68%, qui verse des honoraires de gestion à Québecor de plus de 3M$ par an. Un actionnaire a réclamé qu'un dividende, équivalent à 10% des flux de trésorerie de TVA soit versé aux actionnaires, tandis qu’un autre aimerait bien que Québecor ferme le capital de TVA.

 

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