«TransForce est l'exemple d'un bon opérateur dans une industrie difficile» - Greg Deans, gestionnaire du Fonds de sociétés de croissance canadiennes Cambridge


Édition du 20 Août 2016

«TransForce est l'exemple d'un bon opérateur dans une industrie difficile» - Greg Deans, gestionnaire du Fonds de sociétés de croissance canadiennes Cambridge


Édition du 20 Août 2016

Par Dominique Beauchamp

Pourquoi rouvrez-vous votre fonds aux nouveaux investisseurs, deux ans après l'avoir fermé ?

À l'époque, le fonds recevait trois millions de dollars par jour. À ce rythme, il aurait doublé de taille en un an. C'était un rythme trop rapide pour que l'équipe en place à l'époque puisse investir le capital dans le créneau des titres à faible capitalisation de façon optimale, dans l'intérêt des porteurs existants du fonds. Depuis, nous avons quadruplé la taille de l'équipe à Toronto, qui compte 13 professionnels.

Votre encaisse de 13 % semble élevée pour un fonds de croissance. Comment expliquez-vous ce niveau ?

Ce n'est pas une mesure de prudence. Au contraire, les occasions se multiplient, puisque les investisseurs étrangers se désintéressent encore de la Bourse canadienne. À mes yeux, un niveau d'encaisse de 10 % s'avère le minimum pour un fonds dont 50 % de l'actif est investi dans le petit carré de sable des PME. Les liquidités sont un outil essentiel pour exploiter l'inefficacité des marchés et saisir les occasions d'achat que la volatilité accrue des PME produit. Puisque notre fonds est assez concentré - il compte 38 placements -, je gère le risque en misant sur des entreprises dont la stratégie bien définie influera de manière importante sur son parcours. Je dis souvent que nous faisons notre meilleur travail lorsque nous dénichons de bons opérateurs dans des industries difficiles. Le camionneur TransForce est un bon exemple.

De quelle façon ?

TransForce (TFI, 25,84 $) évolue dans une industrie impitoyable, mais son pdg Alain Bédard se démène pour créer de la valeur. Il a passé la dernière année à réparer ses divisions de transport d'équipement de forage pétrolier et de gestion des déchets. Il rachète aussi des actions et rembourse ses dettes. M. Bédard lorgne toujours une acquisition américaine dans le transport de lots partiels pour lui donner la taille voulue pour ensuite l'envoyer en Bourse, la vendre ou la distribuer aux actionnaires. En attendant, le titre est très attrayant. Au cours actuel, ses flux de trésorerie procurent un rendement de 11 %. Nous avons revendu un peu d'actions récemment pour que le titre conserve son poids dans le portefeuille.

Comment l'achat de CCL Industries (CCL.B, 241,69 $) cadre-t-il avec votre démarche, étant donné son évaluation élevée ?

C'est une société que tous auraient aimé avoir découverte il y a longtemps. Son action a explosé de 7,75 $ à 241 $ depuis 1990. Le chef de file mondial des emballages et des étiquettes est un excellent opérateur et un acquéreur discipliné. Il gagne des parts de marché, consolide patiemment son créneau et améliore ses marges à chaque acquisition. En mai, CCL a acquis Checkpoint Systems, un fournisseur de solutions d'étiquetage électronique pour les détaillants et les fabricants de vêtements. Une société qu'elle surveillait depuis huit ans. CCL a payé 10,15 $ US l'action, le tiers du cours qu'elle avait en 1996. C'est une acquisition majeure d'un demi-milliard de dollars qui ajoutera 800 M$ US aux revenus de CCL, qui a des revenus annuels de 2,5 G$. CCL compte maintenant recentrer Checkpoint Systems sur ses produits d'origine et élargir son bassin de clients. Le titre de CCL n'est plus une aubaine, après avoir décuplé depuis 2009. Mais c'est le prix à payer pour des bénéfices croissants de qualité, un bilan sans dette et le potentiel de futures transactions rentables.

Great Canadian Gaming (GC, 19,04 $) est l'un de vos récents achats au Canada. Quel est l'attrait de cet exploitant de casinos ?

C'est un autre exemple de société qui accroît ses flux de trésorerie de 10 à 15 % par année. Ces fonds servent ensuite à rénover ses casinos, à financer des acquisitions et à racheter des actions. Son rendement du capital investi est de l'ordre de 15 %. Ses futurs rendements devraient bénéficier de ses investissements dans les casinos de l'est de l'Ontario qu'elle vient d'acquérir du gouvernement qui les avait négligés. L'Ontario cédera d'autres casinos au cours des trois prochaines années. Son multiple de 7 fois le bénéfice d'exploitation est intéressant quand on sait que les investisseurs privés paient jusqu'à 10 fois pour ce type d'actif.

Qu'est-ce que des géants tels que Computer Sciences, Walgreens Boots, Amazon et Alphabet font dans un fonds canadien de titres à faible capitalisation ?

Tout comme nous avons la latitude d'investir 49 % du fonds à l'étranger, nous pouvons aussi acheter des sociétés de grande capitalisation pour ajouter du rendement à moindre risque. Encore faut-il que les candidates accroissent leurs flux de trésorerie par action à forte cadence. C'est le cas du roi du commerce électronique Amazon, par exemple, qui double ses flux de trésorerie chaque année depuis trois ans. Sa croissance est si rapide que le titre est le moins chèrement évalué par rapport à ses flux de trésorerie depuis trois ans. Après une période de redressement, Computer Sciences est bien placée pour continuer à consolider les services informatiques qui génèrent des revenus récurrents. Nos plus récentes actions ont été achetées en février au cours de 27,26 $. À notre avis, les investisseurs sous-estiment le potentiel de sa fusion avec la division des services en TI de Hewlett Packard. Quant à Walgreens Boots Alliance, le nouveau président britannique commence à peine à rendre le pharmacien plus efficace et plus agile. Là encore, les investisseurs donnent peu de valeur à l'intégration en cours de Rite Aid.

Greg Deans est directeur et gestionnaire du Fonds de sociétés de croissance canadiennes Cambridge. Diplômé des universités de Waterloo et Wilfrid-Laurier, M. Dean s'est joint à CI Cambridge en 2011, après avoir fait ses classes en tant qu'analyste chez Fidelity Investments. Il a été l'un des lauréats du prix Étoile montante de l'année Morningstar en 2015.

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