On sait tous qu’il est très difficile de prévoir ce qui va se passer sur les marchés boursiers. Mais comment réagir lorsque deux analystes de bonne réputation ont des vues diamétralement opposées quant aux perspectives d’un titre en particulier, soit Tesla, le fabricant d’automobiles électriques, une des vedettes de la bourse américaine depuis quelques années.
David Tamberrino, analyste chez Goldman Sachs, prédit que l’action de Tesla touchera 180 $ d’ici six mois, une chute de 50 %. À l’autre bout du spectre, Ben Kallo, analyste senior chez Baird, disait à la fin-mai alors que le titre se négociait à 303 $qu’il allait atteindre 500 $.
Le cours de l’action de Tesla a touché un sommet de 383 $ le 23 juin, une hausse de 75 % depuis le début de l’année. Sujet à une forte correction depuis ce moment, il cotait 315 $ à l’ouverture de la séance le 6 juillet.
La prédiction de l’analyste de Goldman Sachs, qui avait déjà émis une recommandation de vente sur le titre plus tôt cette année, repose principalement sur le fait que les ventes du Model S auraient plafonné et que le producteur aura de la difficulté à rencontrer ses livraisons futures.
Durant les premiers six mois de l’année, la firme de Palo Alto, Californie, a livré 47 100 véhicules, soit dans le bas de la fourchette qu’elle avait prévue, soit 47 000 à 50 000 véhicules. Selon certains, ce chiffre dénote possiblement une problème de livraison, car Tesla aurait produit 3 700 véhicules de plus que le nombre qu’elle a livré durant le deuxième trimestre.
À l’opposé, l’optimisme de Ben Kallo provient du fait que Tesla introduira le 28 juillet le Model 3, une sedan complètement électrique qui se détaillera à 35 000 $ et qui vise la consommation de masse. La compagnie prévoit que la production du Model 3 va s’accélérer rapidement et atteindra 20 000 véhicules par mois dès le mois de décembre.
Il est toujours invitant d’investir dans des compagnies aussi innovatrices que Tesla, surtout lorsque le cours de l’action connait une correction importante qui rend le coût à l’achat d’autant plus attrayant. Mais la décision de le faire est certainement plus difficile lorsque les opinions d’analystes sont aussi extrêmes et différentes.
Stephan Buu, analyste chez CTI Capital, une firme de gestion et d’arbitrage de Montréal, suggère de garder son sang-froid et de ne pas précipiter les choses. « Tesla s’est bien remis d’une correction importante au début de 2016, mais je crois qu’il serait prématuré malgré la correction actuelle d’acheter les actions à ces niveaux-ci », dit-il.
Lui aussi craint des difficultés d’exécution et des retards de livraison pour le Model 3. Mais il y a plus, selon lui. La hausse importante du prix de l’action survenue cette année a été alimentée par les spéculateurs qui avaient vendu à découvert à l’encontre de la tendance haussière, mais qui ont eu à couvrir leurs positions par la suite lorsqu’ils ont réalisé que le titre ne cessait de monter. « Mais attention, car cette stratégie de vendre à découvert pourrait connaître un regain de popularité et ajouter cette fois-ci un poids sur le titre si la firme ne respecte pas le calendrier de livraisons », dit-il.
Le développement de nouvelles technologies comportent inévitablement des rebondissements. Il semble bien que Tesla n’y échappera pas et sera un terreau fertile pour les spéculateurs en quête de volatilité et pour les analystes à la recherche du coup de circuit.
