Stingray: son mini-Netflix de la musique perce chez Amazon

Publié le 03/08/2017 à 09:23

Stingray: son mini-Netflix de la musique perce chez Amazon

Publié le 03/08/2017 à 09:23

Par Dominique Beauchamp

"Avec l'embauche de trois nouveaux dirigeants, nous avons l'équipe pour atteindre l'objectif de 200M$ de revenus d'ici 5 ans", assure Éric Boyko, le fondateur et PDG de Stingray.

L'expansion de Stingray Digital pèse sur ses marges à court terme, mais le distributeur de musique est tombé sur un filon aux États-Unis qu’il entend bien exploiter.

Stingray Digital Group(RAY.A, 8,10$) offre ses services de musique sur demande aux clients du câblodistributeur Comcast(CMCSA, 40$US) depuis avril et d’Amazon(AMZN,995,89$US) depuis juin. Ces géants se sont ajouté à AT&T, à Verizon, à T-Mobile et à Telefonica.

Certains des abonnés du câble, des services par satellite et des clients d’Amazon Prime sont prêts à payer 6,99$US par mois pour la musique et les vidéos des chaînes Karaoké, Classica, DJazz et iConcerts.

D’ailleurs, cinq cadres se déplaceront ce lundi au siège social d'Amazon à Seattle afin de mousser ces chaînes de musique sur leur site, a révélé l’hyperactif PDG de Stingray, qui compare ce service niché à un mini-Netflix de la musique.

Pour l’instant, le service Amazon Prime offre trois des chaînes de Stingray aux États-Unis, mais celles-ci devraient être déployées dans ses 50 autres marchés, d’ici la fin de l’année.

Les mordus sont nombreux: 100000 clients en 120 jours!

Les résultats dépassent nettement les attentes.

«En 120 jours, quelque 100000 clients payants se sont abonnés et on pense atteindre un million d’ici 36 mois», s'est exclamé M. Boyko, le volubile cofondateur de Stingray, en marge de la deuxième assemblée annuelle de l’entreprise.

En fait, ce total inclut tous les clients au service de musique sur demande (SVOD), incluant ceux de Telefonica en Europe, mais les clients américains de Comcast représentent une majeure partie de cette croissance, comme en témoigne le bond de 65% des revenus américains, au premeir trimestre.

L’éternel optimiste croit que tous les distributeurs de télévision ajouteront la musique à leurs forfaits. Son grand rival au sud de la frontière, Music Choice, n’offre que des chaînes audios et des vidéoclips.

Le dirigeant est confiant d'annoncer d'auyres ententes au cours des prochains mois.  

«Le karaoke c’est peut-être kitsch, mais c’est 15M$ de nos revenus», a indiqué le coloré M. Boyko pendant l’assemblée déclenchant des rires des nombreux actionnaires présents.

L’entrepreneur se compte chanceux d’être voisin d’un si vaste marché où les mordus de la musique classique, jazz ou des concerts sont si nombreux. Ces créneaux intéressent moins ses concurrents et coûtent moins chers en droits d'auteurs.

«L’Asie c’est bien beau, mais c’est loin et c’est compliqué. À Singapour par exemple, où SingTel offre nos services depuis juin, les chaînes de Noël et pour adultes froissent les sensibilités locales. J’aime mieux aller à Philadelphie ou Seattle», a évoqué M. Boyko, lors du point de presse qui a suivi l'assemblée.

Des entreprises comme Twitter(TWTR,16,07$US) ou Facebook (FB,169,30$US) lancent aussi leur propre service de diffusion. «Plus il y aura de distributeurs, plus il y aura de clients potentiels», avance celui qui ambitionne de devenir le «principal distributeur mondial de musique».

Marge de 80% sur les concerts

«Les États-Unis représentent 15% de nos revenus. Cette proportion devrait naturellement être de 50% comme pour tous les grands groupes média», dit-il.

L’autre beauté de l’affaire, raconte M. Boyko, sont les marges puisque les distributeurs s’occupent notamment de la facturation.

De plus, une fois un concert acheté en Europe par exemple, Stingray peut l’offrir aux États-Unis, sans frais additionnels, lui procurant des marges d’exploitation de l’ordre de 80%, se targue l’homme d’affaires.

À part les 3 à 5 acquisitions annuelles qui ajoutent de 5M$ à 10M$ à son bénéfice d’exploitation, Stingray vient d'ajouter une nouvelle corde à son arc avec l’achat, en mai, de Yokee Music dont le réseau social de musique compte 6 millions d’utilisateurs actifs par mois.

Non seulement Yokee offre-t-elle son service de musique directement au consommateur dans 100 pays, alors que Stingray offrait surtout les siens aux entreprises jusqu’ici, mais l’entreprise israélienne apporte le savoir-faire derrière ses applications interactives Yokee, Yokee Guitar et Yokee Piano.

Depuis peu, Stingray offre aussi la publicité sur sa propre application Stingray Mobile que deux millions de clients de Vidéotron ont téléchargé.

Ces recettes ont été d’à peine 500000$ au premier trimestre de 2018, mais elles pourraient devenir une source de revenus plus visible d’ici 2019 si Stingray atteint les 0,30 à 0,35$ par usager par mois qu’elle vise, a précisé M. Boyko, au cours de la téléconférence du premier trimestre.

Les coûts augmentent

Stingray aura bien besoin de ces nouvelles sources de revenus pour doubler à 200M$ son chiffre d’affaires d’ici 5 ans et surtout absorber la hausse de ses coûts.

Si les résultats du premier trimestre de 2018 ont battu le consensus, l’augmentation des charges d’exploitation liée à l’expansion internationale, aux acquisitions et aux frais légaux de la poursuite qui l’oppose à Music Choice ont fait fléchir sa marge de 32,1% à 31,4%.

L’embauche de trois nouveaux cadres supérieurs a notamment ajouté 800000$ aux dépenses au premier trimestre, mais M. Boyko croit désormais avoir l’équipe qu'il faut pour mener l’entreprise à 200M$ de revenus.

En mai, Stingray a confié la responsabilité des fusions et acquisitions à l’ex-vice-présidente de Groupe WSP Global(WSP, 49,70$), Valérie Zamuner, qui cumule 18 ans d’expérience dans ce domaine.

Même si la haute direction est maintenant bien garnie, l’entreprise qui déménagera le tiers de ses employés à la fin août dans un nouvel immeuble du Vieux Montréal, continue à embaucher à raison d’une à deux personnes par semaine.

M. Boyko avait révélé en juin que son entreprise aurait besoin d’augmenter ses effectifs montréalais de 400 d’ici 5 ans.

«Les salaires grimpent parce que chaque nouvel ingénieur diplômé reçoit quatre offres pour répondre à la demande en IT à Montréal, mais le domaine de la musique est heureusement attirant», explique Mathieu Péloquin, vice-président principal, marketing et communications chez Stingray.

Au premier trimestre terminé le 30 juin, Stingray a haussé ses revenus de 19% à 29,2M$, son bénéfice d’exploitation ajusté de 16% à 9,1M$, ses flux de trésorerie ajustés de 22% à 7,2M$, son bénéfice net ajusté de 10% à 0,11$ par action et son du dividende de 11%.

Adam Shine, de la Financière Banque Nationale, a accru ses prévisions pour 2018 et 2019 pour comptabiliser l’achat le 31 juillet des Australiennes SBA Music et Satellite Music Australia, pour 10,9M$.

Son cours-cible inchangé de 10$ repose sur l’ajout d’au moins 5M$ par année au bénéfice d’exploitation des acquisitions.

Même si la société a déjà atteint ses objectifs annuels avec quatre acquisitions totalisant 30M$ en quatre mois, le pipeline d’achats reste robuste en Europe, en Amérique latine, en Asie et en Afrique», écrit l’analyste qui recommande l’achat du titre.

Chez Desjardins Marché des capitaux, Maher Yaghi est particulièrement satisfait de la ré-accélération de la croissance interne de 1,6 à 5%, entre les quatrième et premier trimestres qu'il attribue aux services sur demande aux États-Unis. Il hausse son cours cible de 9 à 9,25$. 

L’action, qui a grimpé de 29% depuis son entrée en Bourse en juin 2015, a fléchi de 7% depuis le début de l’année.

 

À la une

Bourse: nouveaux records pour le Dow Jones et le S&P 500 à Wall Street

Mis à jour le 28/03/2024 | lesaffaires.com, AFP et Presse canadienne

REVUE DES MARCHÉS. La Bourse de Toronto est en hausse et les marchés américains sont mitigés.

À surveiller: Microsoft, Apple et Dollarama

28/03/2024 | lesaffaires.com

Que faire avec les titres de Microsoft, Apple et Dollarama? Voici quelques recommandations d’analystes.

Bourse: les gagnants et les perdants du 28 mars

Mis à jour le 28/03/2024 | LesAffaires.com et La Presse Canadienne

Voici les titres d'entreprises qui ont le plus marqué l'indice S&P/TSX aujourd'hui.