Qui SNC-Lavalin cherche-t-elle à acheter?

Publié le 03/02/2017 à 06:00

Qui SNC-Lavalin cherche-t-elle à acheter?

Publié le 03/02/2017 à 06:00

Par Dominique Beauchamp

[Photo: Gettyimages]

Maintenant que SNC-Lavalin a instauré une nouvelle rigueur dans son organisation, la société d’ingénierie-construction est mûre pour acquérir à nouveau.

Le dernier achat d’envergure de SNC-Lavalin (Tor., SNC, 55,58$), le spécialiste britannique du pétrole et du gaz Kentz, date de 2014.

La transaction de 2,1 milliards de dollars avait non seulement multiplié par six les effectifs de sa division pétrolière, mais Kentz a stabilisé les revenus annuels de ce secteur d’activité à 4 milliards de dollars, malgré la chute marquée du pétrole.

Depuis que le pdg, Neil Bruce, a ouvertement dit qu’il était prêt à passer à l’action au Sommet de Davos (le 18 janvier), la spéculation parmi les analystes s’est accentuée.

Le Britannique, qui a justement mené l’achat de Kentz, estime que son entreprise peut envisager une transaction de 1,5 à 4 G$.

Les actionnaires seraient probablement plus à l’aise avec le bas de cette fourchette, estime Maxim Sytchev, de Financière Banque Nationale, bien que la société dispose de liquidités de 845 M$.

SNC-Lavalin pourrait aisément emprunter et émettre de nouvelles actions pour sauter sur une occasion de taille, note Frederic Bastien, de Raymond James, dans un rapport du 25 novembre.

La chute de la livre sterling, ainsi que la portée internationale des acteurs qui y sont établis, font du Royaume-Uni un terrain de chasse particulièrement attrayant, estime M. Bastien.

Deux objectifs : réduire le poids du pétrole et capter des revenus plus stables

M. Bruce a répété à Davos qu’il n’était pas pressé. La prochaine proie doit surtout servir la stratégie de diversification de la société puisque le secteur pétrolier et gazier lui procure la moitié de ses revenus et le tiers de son carnet de commandes.

La construction d’infrastructures et de centrales électriques (nucléaire, hydroélectrique, thermique) et de leurs réseaux de transmission sont deux autres spécialités auxquelles SNC-Lavalin aimerait ajouter, note Sara O’Brien, de RBC Marchés des capitaux.

M. Bruce veut accroître sa présence dans de nouveaux marchés afin d’offrir toutes les spécialités de sa société à de nouveaux clients.

L’Europe et l’Asie sont donc probablement en haut de sa liste, croient les analystes.

La prochaine cible doit aussi atteindre un autre objectif de l’entreprise: mieux équilibrer ses sources de revenus et ses besoins en capitaux, tout en réduisant le risque financier propre aux projets de construction.

Il y a donc fort à parier que la prochaine cible sera un fournisseur de services de génie-conseil ou un consultant. Ces activités requièrent peu de capitaux et leurs revenus sont souvent récurrents, explique Mme O’Brien.

Un analyste suggère deux cibles potentielles

M. Sytchev pousse son analyse plus loin jusqu’à suggérer deux cibles potentielles à M. Bruce, évaluées à 3-4 G $ : le consultant californien Tetra Tech (NY, TTEK, 43,02$ US) et la société néerlandaise de design Arcadis.

Tetra Tek est américaine, un marché que M. Bruce juge non prioritaire, mais M. Sytchev insiste sur le fait que «SNC-Lavalin a besoin d’une masse critique dans le marché le plus imposant du monde qui ne lui procure pour l'instant que 8% de ses revenus».

M. Bastien ne partage pas cet avis. «Le marché américain est beaucoup trop litigieux au goût de M. Bruce», écrit-il.

Avec ses revenus de 1,9 G$US et sa valeur boursière de 2,4 G$US, Tetra Tech trône au premier rang américain de la spécialité de la gestion de l’eau et de l’environnement.

Sa bonne performance a toutefois propulsé son action à un sommet historique et son évaluation jusqu’à 19,7 fois ses bénéfices.

Arcadis tire le tiers de ses revenus des infrastructures pour l’eau et l’environnement et 30% des marchés émergents (au Brésil notamment).

La société néerlandaise est moins chèrement évaluée parce que sa performance inégale a besoin d’être redressée.

En présumant des synergies équivalent au quart du bénéfice d’exploitation pour chacune de ces deux sociétés, M. Sytchev évalue que Tetra Tek pourrait ajouter 44,6 % au bénéfice et 2,1 % à la valeur d’actif net de SNC-Lavalin. Le même calcul pour Arcadis donne un ajout de 66,2 % au bénéfice et de 9,1 % à la valeur d’actif nette.

Pas seule dans la course

SNC-Lavalin n’est pas seule dans la course comme le démontrent les récentes rumeurs d’une fusion entre les consultants en design et en ingénierie américain CH2M et britannique WS Atkins (Londres, ATK, 1461pences).

Après une pause en 2016 provoquée par l’incertitude entourant le prix du pétrole entre autres, le mouvement de consolidation pourrait se réactiver en 2017, croit M. Sytchev.

Maintenant qu’elle a complètement intégré l’Américaine Parsons Brinckerhoff, la société montréalaise de génie-conseil Groupe WSP (Tor., WSP, 45,59 $) pourrait elle aussi être de nouveau sur le sentier des acquisitions cette année.

«Les prix demandés par les proies pourraient donc monter, mais l’évaluation des acquéreurs augmenteraient en tandem», explique l'analyste.

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