ProMetic soulève les passions

Publié le 04/04/2018 à 16:28

ProMetic soulève les passions

Publié le 04/04/2018 à 16:28

Par Dominique Beauchamp

(123rf)

Les perspectives du spécialiste des protéines plasmatiques ProMetic Sciences de la vie (PLI, 0,68$) soulèvent les passions.

Deux clans d’analystes s’affrontent concernant la valeur à attribuer à la biopharmaceutique de Laval qui a fondu de 650 millions de dollars, depuis le sommet de février.

Le débat s’est intensifié après que le gendarme américain des médicaments ait requis d’autres informations qui reportera d’au moins neuf mois l’approbation définitive du Ryplazim, sa thérapie vedette de remplacement de plasminogène pour les patients atteints de déficience congénitale.

La société a aussi dévoilé une perte plus importante que prévue au quatrième trimestre et une encaisse de 23,2M$, de quoi couvrir environ un trimestre de dépenses.

Cours-cible de 7$

D’un côté du ring, Doug Cooper, de Beacon Securities, garde confiance en ProMetic à moyen terme.

«Après une chute de 50% en deux mois, le titre a retrouvé le cours qu’il avait il y a quatre ans. Or, la compagnie est beaucoup plus avancée qu’alors en ce qui concerne sa science et ses infrastructures», soutient-il.

Puisqu’il s’agit d’un report, les assises de la société ne sont pas brisées, dit-il, mais le délai affaiblit son bilan à court terme et augmente la possibilité de futures émissions d’actions.

L’analyste abaisse tout de même son cours-cible de 10 $ à 7$ parce que le délai de la Federal & Drug Administration (FDA) mine un peu la crédibilité des dirigeants et reporte deux sources de revenus, soit les ventes commerciales du Ryplazim et la possibilité de vendre un droit de révision prioritaire de maladie pédiatrique rare que la FDA pourrait aussi lui accorder. 

«Même une émission de 71 M d'actions au cours actuel pour récolter 50M$ représente une dilution de seulement 10%. Il faut soupeser ça avec l'approche des ventes commerciales de trois traitements potentiels. Leur marché potentiel a une valeur de 7 à 10 milliards US pour ProMetic par rapport à sa valeur boursière de 500M$. Même avec 800M d'actions en circulation, ce marché équivaut à 7$ par action, soit une valeur de 12,50$ rabaissée de 45% pour le risque et le temps», explique-t-il en entrevue.

M. Copper ne serait pas surpris de voir ses collègues relever leurs cours-cibles dès que le trou de liquidités aura été comblé parce qu'ils reporteront alors leur attention sur les futurs revenus au lieu du bilan, ajoute-t-il.

Cours-cible d’un dollar

Chez Echelon Health Partners, Doug Loe, croit aussi à la justification scientifique et médicale des traitements que met au point ProMetic, mais il juge que les risques financiers associés aux pertes d’exploitation et aux besoins en capitaux sont considérables à court terme.

M. Loe abaisse donc son cours cible de 3,75 à 1$ par action.

«Indépendamment du fait que nous soyons très déçus par le délai de la FDA concernant le plasminogène au moment où les essais cliniques clés de phase 3 commencent pour son autre traitement (PBI-4050) pour les patients atteints de fibrose pulmonaire idiopathique, nous percevons encore un bon potentiel de création de valeur pour ces deux programmes à terme», écrit-il.

Bien que l’analyste approuve la décision de la société de recentrer ses efforts de recherche sur ses traitements les plus prometteurs afin de réduire ses dépenses à court terme, ce réalignement diminue aussi la valeur qu’il avait attribué à d’autres produits de plasma et à d’autres applications thérapeutiques pour le Ryplazim.

Son cours-cible de 1$ n’accorde aucune valeur à ce droit ni à sa revente potentielle.

Cours-cible de 1,75 à 2$

Douglas Miehm, de RBC Marchés des capitaux, a réduit son cours cible de 3,50 à 2$ parce que le délai de la FDA augmente l’urgence de la société de conclure des ententes de licences.

L’analyste se dit aussi déçu par la fin inattendue d’une entente avec Shenzhen Royal Asset Management, quelque mois à peine après que ProMetic ait assuré que les frais de licences et les paiements de jalons seraient reçus bientôt.

«Il est impératif que ProMetic conclut une entente de licence pour le PBI-4050 d’ici le troisième trimestre afin de se renflouer sans émettre d’autres actions. Après avoir parlé aux dirigeants nous sommes prudemment optimistes», indique M. Miehm.

L’analyste prévient que si la société ne réussissait pas à conclure une entente d’ici la mi-année, il lui faudra revoir son modèle parce que les risques d’une nouvelle émission d’actions à un cours déprimé augmenteraient.

Nouveau sentiment d'urgence

D’ailleurs, ProMetic vient de confier à Bruce Wendell, un administrateur depuis 2008, le développement des affaires, au moment où la société cherche à conclure des partenariats et des ententes de licences pour se financer.

M. Loe fonde aussi beaucoup d’espoir sur la revente potentielle d’un «droit de révision prioritaire de maladie pédiatrique rare» que la FDA pourrait lui accorder pour réduire son risque financier.

Dans le passé, de tels droits transférables ont changé de mains pour plus de 100M$US.

Sa dette de 87M$ se compare en effet à une encaisse de 23,2M$ et à des dépenses annuelles de R&D de 100M$.

Une émission potentielle de 50M$ à 0,90$?

Rahul Sarugaser, de Paradigm Capital fait passer son cours-cible de 4,25 à 1,75$ parce que les revenus de ProMetic seront de 29M$ en 2018 au lieu des 70M$ prévus auparavant.

Ces revenus, combinés à la marge de crédit du fonds d’investissement Thomvest lui fournissent un capital d’exploitation de 127,2M$, pour l’année.

Le délai de la FDA ampute 30M$ aux revenus de 2018, mais reporte aussi des entrées de fonds potentielles de 125M$US que la société aurait pu recevoir de la revente du droit de révision» de l’agence.

«ProMetic a donc besoin de capitaux de 50 à 100M$ de capital pour se rendre à la rentabilité, en 2020», écrit-il.

Son cours-cible incorpore la possibilité d’une émission d’actions de 50M$ à 0,90$ chacune qui augmentera le nombre d’actions d’encore 8%.

Cours-cible de 4$

Sanjay Jha, de la firme londonienne Panmure Gordon reste optimiste et recommande l’achat du titre pour lequel il réduit son cours cible de 6,74 à 4,06$.

Le délai de la FDA ne fait que reporter d’un an la commercialisation du Ryplazim. Les nouvelles demandes de l’agence ne concernent pas l’innocuité ni les résultats cliniques du traitement.

M. Jha voit même un petit avantage à ce délai, car il permettra à la société de fournir un total de 48 semaines de données à la FDA, ce qui pourrait ensuite accélérer la mise en marché du Ryplazim.

Même le retrait de l’entente de licence à la chinoise SRAM pourrait s’avérer favorable à ProMetic, car la Chine facilite désormais le développement de médicaments localement par des entreprises non chinoises.

Mara Goldstein, de Cantor Fitzgerald, croit même que cet échec pourrait ouvrir d’autres portes en Asie.

Elle maintient son cours-cible de 4$, car le délai d’un an des revenus du Ryplazim impacte peu son modèle financier qui repose après tout sur l’actualisation des futurs flux de trésorerie et redevances à long terme de ces deux traitements principaux.

En position de faiblesse pour négocier

Prakash Gowd, de CIBC Marchés mondiaux, reste l’analyste le plus pessimiste avec un cours-cible de 0,60$.

Sa situation financière précaire place la société en position de faiblesse pour conclure des ententes de licences, croit-il.

«Si la société est incapable de récolter le capital dont elle a besoin pour mener ses traitements à terme, elle pourrait devoir se trouver un partenaire (qui imposera ses conditions) ou vendre des actifs alors que le rapport de force n’est pas à son avantage», dit-il.

Il s’attend aussi à ce qu’une nouvelle émission d’actions soit nécessaire.

 

 

 

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