Le pire est-il passé pour cet équipementier agricole?

Publié le 08/11/2019 à 15:57

Le pire est-il passé pour cet équipementier agricole?

Publié le 08/11/2019 à 15:57

Par Dominique Beauchamp

(Photo : Scott Goodwill pour Unsplash)

Le concessionnaire de machineries agricoles Rocky Mountain traverse toute une tempête qui a fait plonger son action de 54% depuis décembre 2017.

Même le dividende de 0,49$ par action de Rocky Mountain Dealerships (RME, 6,45$) est sous-surveillance.

Malgré un troisième trimestre désastreux, qui a vu ses revenus fondre de 21% et son bénéfice avant intérêts et impôts chuter de 90%, quatre analystes consultés restent remarquablement stoïques face à ces résultats nettement pires que prévu.

Pourquoi? Parce que l’accumulation de mauvaises nouvelles se reflète déjà dans le titre qui se négocie à prix d’aubaine.

De plus, les dirigeants ont pris diverses mesures pour faire face aux vents contraires qui soufflent fort.

Le moral des fermiers de l’Ouest canadien est au fond du baril si bien que les ventes de moissonneuses-batteuses ont atteint un plancher en dix ans, au troisième trimestre. Les ventes de tracteurs sont assez stables.

Déjà frappés par la suspension des achats par la Chine, qui a fait reculer les prix des denrées, voilà que les fermiers souffrent en plus de l’hiver hâtif a en plus fortement perturbé la récolte d’automne.

«Les fermiers ont rattrapé les trois quarts de leur retard en octobre, mais il est encore difficile d’évaluer l’impact (de la neige précoce et des fortes pluies) sur la qualité et le rendement des récoltes mouillées», explique Cherilyn Radbourne, de TD Valeurs mobilières.

En revanche, les précipitations ont hydraté les sols ce qui pourrait raviver le moral des fermiers lors des prochaines récoltes, ajoute l’analyste.

La météo est un facteur de plus avec lequel il faut composer dans cette industrie.

Stratégie de repli bien reçue

En attendant le retour de conditions plus normales, les dirigeants de Rocky Mountain ne se tournent pas les pouces. Le distributeur agit sur ce qu’il contrôle.

Le concessionnaire d’équipements Case et New Holland a réduit ses stocks, a diminué ses dépenses générales et a pris les moyens pour protéger son dividende de 0,49$ par action.

Son syndicat bancaire a en effet assoupli certaines clauses de son financement pour laisser la société respirer pendant cette mauvaise période.

Les stocks de machinerie ont diminué de 62 millions de dollars par rapport au trimestre précédent. Cette coupe de 10% est la plus importante depuis 2013, indique Jacob Rout, de CIBC Marchés mondiaux.

Les dépenses générales et administratives ont aussi diminué de 9% par rapport à l’an dernier à la même date, dit-il.

Greg Colman, de la Financière Banque Nationale, croit que le distributeur est obligé de revoir son banquier dans les prochains trimestres pour demander de nouvelles concessions. Il n’est pas exclu que la société soit obligée de réduire le dividende, qui procure un rendement de 7,4%.

Malgré ce risque, M. Colman reste fidèle au titre puisque l'évaluation déprimée lui semble «irrésistible».

Son cours est presque 24% inférieur à sa valeur comptable tangible de 8,72$. 

«C’est l’équivalent de payer 397000$ pour une moissonneuse-batteuse de 525000$, un rabais de 127000$», donne-t-il en exemple.

Un tel rabais équivaut au plancher observé en 2016, dit-il. Dans l'histoire de la société, Rocky Mountain n'a jamais eu à dévaluer ses stocks, à part une légère radiation d'un pour cent des équipements de construction en 2014, rappelle l'analyste. 

En d'autres mots, le titre est au plancher alors que le pire est peut-être passé.

M. Colman abaisse tout de même son cours cible de 7,50 à 7$ parce que ses prévisions pour le bénéfice d’exploitation baissent de 18% à 36,4 M$ tandis que le bénéfice prévu passe de 0,66 à 0,52$ par action, en 2020.

Derek Spronck, de RBC Marchés des capitaux, maintient son cours-cible de 8$, soit un multiple de 9 fois le nouveau bénéfice de 0,84$ qu’il prévoit en 2020.

«Bien que cet objectif offre un regain potentiel de 30%, nous attendons de percevoir de meilleures conditions pour la demande avant de redevenir plus positifs envers le titre» , écrit-il.

Entretemps, l’effort déployé par la société pour protéger ses marges et son dividende pour 2020 le rassure.

Si le ralentissement agricole devait persister, M. Spronck reconnaît que Rocky Mountain aurait du mal à soutenir le dividende, même si l’entreprise en fait une priorité.

M. Bout de CIBC est neutre envers le titre et maintient aussi son cours cible de 8$ parce que le distributeur fait ce qu’il faut en attendant que la conjoncture s’améliore.

Les analystes misent donc sur la capacité du distributeur à ressortir de cette période trouble sans trop de heurts.

Tout réchauffement des relations commerciales entre le Canada et la Chine ajouterait au potentiel.

 

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