Pressions politiques sur la Fed, une bien mauvaise idée

Publié le 19/11/2014 à 09:12, mis à jour le 19/11/2014 à 09:16

Pressions politiques sur la Fed, une bien mauvaise idée

Publié le 19/11/2014 à 09:12, mis à jour le 19/11/2014 à 09:16

Par Jean Gagnon

Jannet Yellen, présidente de la Réserve fédérale américaine. Photo: Bloomberg

Bien que peu de facteurs semblent pouvoir freiner l’avancée des marchés boursiers vers de nouveaux sommets, il ne faudrait pas oublier de se méfier des politiciens.

Selon Kate Gibson, chroniqueuse financière à CNBC, il faut s’attendre à ce que les républicains, maintenant majoritaire au Sénat, mettent beaucoup d’efforts pour limiter le pouvoir de la Réserve fédérale (Fed), et ce dès les prochains mois.

Déjà en juin une proposition a été présentée à la Chambre des représentants, contrôlée comme on le sait par les Républicains, afin de mieux encadrer la façon dont la Fed établit la politique monétaire. La proposition veut que le Federal Open Market Committee (FOMC), le comité de la Fed qui fixe les taux d’intérêt, soit mandaté pour établir un plan ou une règle suivant lequel les taux d’intérêt seraient ajustés.

Les banques centrales ont eu tendance depuis quelques années à en dire plus, à être plus transparentes dans leurs énoncées des perspectives économiques et de la politique monétaire qu’elles entendent appliquer, explique François Dupuis, économiste en chef au Mouvement Desjardins.

Mais de là à ce que les politiciens lui impose d’établir un scénario à l’avance de ce qui sera fait, il y a tout un monde, à son avis. «Le principe de base est que la banque centrale doit être complètement indépendante du pouvoir politique.»

Une ingérence politique auprès de la Fed aurait deux conséquences très négatives. «D’abord, s’il fallait que les investisseurs croient que les politiciens ont une influence indue sur les décisions de la Fed, cela créerait d’énormes distorsions sur les marchés au gré des déclarations de ces politiciens», estime l'économiste.

De plus, une intrusion dans les affaires de la Fed, ou de toutes autres banques centrales, pourrait entraîner une crise de confiance chez tous ceux pour qui les décisions de la Fed sont essentielles, (gestionnaires de marchés monétaires et d'obligations, ainsi que les intervenants pour qui tout mouvement de taux d'intérêt est un facteur dans leurs prises de décisions). «Il est clair que la Fed n’a pas d’attache politique et ne doit surtout pas en avoir», ajoute l’économiste de Desjardins.

À la suite de la prise du Sénat par les républicains il y a deux semaines, il appert que le sénateur de l’Alabama, Richard Shelby, sera nommé Chairman du Bankig Committee, l’organisme du Congrès qui supervise la Fed.

La situation pourrait alors être plutôt tendue, selon Kate Gibson. La chroniqueuse rappelle que le sénateur Shelby s’était opposé à la nomination de Janet Yellen à titre de vice-présidente de la Fed en 2010 et de sa nomination à la présidence l’an dernier.

Quant on sait comment les marchés boursiers ont carburé aux taux d’intérêt à zéro depuis quelques années, les investisseurs doivent souhaiter que l’indépendance de la Fed soit préservée et que la normalisation de la politique monétaire soit décidée par les experts en fonction à la Fed et non par des politiciens sur la place publique.

 

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