Pourquoi j'aime Power Corporation


Édition du 16 Septembre 2017

Pourquoi j'aime Power Corporation


Édition du 16 Septembre 2017

Par Tahar Mansour

[Photo: 123rf.com]

En 1970, alors que j'avais presque 20 ans, le Canada a reconnu officiellement la Chine. Je fréquentais la Faculté de droit et de sciences économiques de Tunis.

En 1973, alors que Pierre Elliott Trudeau, le premier ministre visionnaire du Canada, visitait la Chine, j'étais à Londres.

Les deux fois, j'ai applaudi parce que j'avais (et j'ai toujours) un penchant socialiste. Et aussi parce que je comprenais que la Chine avait un potentiel économique énorme. Alors que je me questionnais sur les actions américaines en Asie, j'admirais ce que faisait le Canada en Chine.

Parmi la délégation canadienne qui accompagnait M. Trudeau se trouvait un certain Paul Desmarais, alors président et actionnaire majoritaire de Power Corporation (POW, 29,64 $). Il essayait de tisser des liens commerciaux avec les Chinois. Plusieurs années plus tard, l'initiative s'est traduite, en 1986, par un investissement conjoint avec la CITIC (China International Trust and Investment Corporation) au Canada, puis par la naissance de la Power Pacific Corporation en 1994. En 2000, Power Corporation a fait un premier investissement en Chine.

J'ai fait cette longue introduction pour souligner la vision à long terme, la patience et les choix judicieux des dirigeants de Power Corp. Voici une anecdote qui résume bien ces trois qualités. En 1989, Power Corp. a vendu la Consolidated Bathurst à Stone. Quelques mois plus tard, elle a vendu le Montreal Trust à BCE. Riche d'un pactole de quelques milliards de dollars, Power a versé un dividende spécial de 1 $ par action à ses actionnaires et s'est assise sur le reste. Le taux d'escompte de la Banque du Canada était à 12,5 % à cette époque.

Alors que l'action poirotait autour de 13 $ depuis un certain temps, un journaliste a demandé à M. Desmarais ce qu'il attendait pour investir ses milliards. La réponse du magnat a été cinglante : «Trouvez-moi un investissement qui rapporte 12,5 % sans risque et je l'achète demain matin.»

Aujourd'hui, Power Corp. est un vrai conglomérat (une entreprise qui diversifie le risque économico-politique en investissant dans différents secteurs et différentes régions), un conglomérat comparable (sauf pour la taille) à General Electric (GE) et à tant d'autres. L'entreprise est dans les assurances (Great West et London Life), la finance personnelle (Groupe Investors), le pétrole, les banques, les médias (journaux, télévision, radio) et j'en passe.

La particularité de la société est qu'elle n'est pas chère (10,1 fois le bénéfice par action et 1 fois la valeur aux livres). Elle affiche une bonne croissance des revenus, un rendement sur l'avoir des actionnaires très respectable (10,24 %) et est très peu endettée. Héritée du père, la vision des fils Desmarais est toujours orientée vers le très long terme. Le titre offre un excellent rendement du dividende de 4,82 %, en plus d'être très peu volatil (bêta de 0,94).

Si je cherche un enrichissement rapide, Power n'est vraiment pas pour moi. Je dois accepter beaucoup plus de risque et peut-être voir du côté de la techno, du pétrole ou encore de l'or. Par contre, si je cherche un rendement relativement stable, avec des perspectives de gain en capital à long terme, je dois considérer Power Corp.

10,1
Le titre de Power Corp. est peu cher : son ratio cours-bénéfice s'établit à 10,1.

EXPERT INVITÉ
Tahar Mansour
est économiste, Ph.D. et chargé de cours à l'Université du Québec à Trois-Rivières.

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