MTY: le pedigree du patron américain rassure un analyste

Publié le 27/10/2016 à 13:42, mis à jour le 27/10/2016 à 18:11

MTY: le pedigree du patron américain rassure un analyste

Publié le 27/10/2016 à 13:42, mis à jour le 27/10/2016 à 18:11

Par Dominique Beauchamp

Le patron américain de MTY, Jeff Smit, oeuvre chez Cold Stone depuis 2005.

Pour réussir son incursion américaine, Groupe d’alimentation MTY (Tor.,MTY, 47,64$) a toujours placé la compétence des dirigeants en tête de ses critères d’acquisition.

Le franchiseur de restaurants qui vient de fracasser la barre d’un milliard de dollars en Bourse semble avoir trouvé un bon exploitant en Jeff Smit, le chef de l’exploitation de Kahala Brands, acquis en juillet pour 400 millions de dollars.

MTY lui a d’ailleurs confié la direction de l’ensemble de ses activités américaines, un marché aussi vaste qu’impitoyable.

«Après avoir passé du temps avec M. Smit ces derniers jours, j’en suis venu à croire que MTY bénéficiera certainement de son savoir-faire aux États-Unis», indique Leon Aghazarian, de la Financière Banque Nationale, qui a piloté une série d’entretiens avec des investisseurs institutionnels, à Montréal.

M. Smit, 59 ans, est un vétéran de la restauration y ayant consacré toute sa carrière. Avant de joindre la chaine de crèmeries Cold Stone en 2005, il a travaillé chez T.G.I. Friday pendant 18 ans.

L’analyste est impressionné par la croissance régulière de 4% des ventes comparables des crèmeries Cold Stone, depuis quatre ans, par rapport à la performance mitigée de MTY au Canada.

L’analyste est ressorti plus confiant de ces rencontres au point de faire passer son cours cible de 44 à 51$, alors qu’il était réticent jusqu’ici de suivre l’ascension de 56% de l’action depuis un an.

Le déclin des ventes comparables au Canada, les risques d’exécution aux États-Unis, la nouvelle dette au bilan et l’évaluation élevée de l’action (26 fois les bénéfices des 12 derniers moins) l’incitaient à la prudence.

Hormis les compétences de M. Smit, M. Aghazarian est aussi rassuré par la volonté de MTY de réduire rapidement sa dette nette de 195 millions de dollars grâce aux flux de trésorerie prévus de 60M$ au cours des 12 prochains mois, en attendant le prochain achat.

De plus, bien que MTY soit inondé d’occasions aux États-Unis, la société promet de rester prudente et opportune dans sa quête d’acquisitions.

«Ça confirme notre présomption qu’à court terme la société voudra diminuer son endettement avant de réaliser une autre grosse transaction et préfèrera de petits achats opportuns», dit-il.

Du pain sur la planche

Le portrait de MTY change avec Kahala puisque les 1370 crèmeries Cold Stone représentent la moitié des établissements américains et contribuent 20% du chiffre d’affaires américain.

L’effet saisonnier fera donc du troisième trimestre le plus fort de l’année.

Cold Stone va bien, mais c’est un créneau fragile lorsque l’économie se porte moins bien, rappelle l’analyste. Les consommateurs se privent rapidement de «gâteries surgelées» quand ils doivent se serrer la ceinture.

L’achat de Kahala n’est pas que transformationnel par sa taille, mais le franchiseur américain procure aussi à MTY quatre de ses dix principales enseignes.

Cold Stone et la chaine de restaurants mexicains Baja Fresh contribueront le quart du chiffre d’affaires global de MTY.

Les 183 Baja Fresh ont besoin d’un coup de barre pour renverser le déclin de leurs ventes.

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Le franchiseur de Montréal entend aussi redresser les 331 restaurants vieillots de sous-marins Blimpie en rafraîchissant la marque, le menu et les restaurants, comme il l’a fait avec Sushi Shop, au Canada.

MTY confirme que ses propres concepts mexicains, asiatiques et ethniques ont le plus de potentiel aux États-Unis. Un premier restaurant Thai Express ouvrira ses portes dans un mois au Mall of America, en banlieue de Minneapolis, au Minnesota.

MTY a aussi vendu une poignée de franchises américaines Ginger Sushi, mais les établissements ne sont pas encore ouverts. Le franchiseur cherche de bons emplacements pour assurer le succès de cette copie de Sushi Shop, dès le début.

Les plans prévoient 50 à 60 nouvelles franchises par année aux États-Unis et à l’international, où 4 à 6 pays seront ajoutés par année, d’ici 5 ans, précise M. Aghazarian.

L'analyste trouve ces cibles ambitieuses et table plutôt sur 30 à 40 nouveaux restaurants par année.

Deux nouveaux concepts maison

MTY joue aussi d’audace en ouvrant de nouvelles franchises de son cru, pour la première fois depuis 2008, malgré le succès mitigé de ses onze concepts maison dans le passé.

À Toronto, trois Tosto Quick Fire proposent des mets italiens frais. Deux autres succursales sont en construction.

Il s'agit d'un restaurant à service rapide, doté d'une salle à manger spacieuse. Le client commande au comptoir et on vient lui porter son plat à sa table. Quand c'est trop achalandé, on remet un appareil électronique au client pour qu'il vienne chercher ses plats au comptoir.

La Boîte Verte, dont le premier concept verra le jour bientôt à Montréal, vise les végétaliens qui recherchent des ingrédients biologiques, mais la marque ne mettra pas l'accent sur l'aspect  "végé" déjà très répandu. The Green Box suivra éventuellement en Ontario.

M. Aghazarian se projette en 2018 pour établir son nouveau cours-cible de 51$, soit 18,3 fois le bénéfice de 2,79$ qu’il prévoit en 2018.

Ce bénéfice représente une hausse de 6,5% par rapport à celui de 2,62$ prévu en 2017 et 40% de plus que celui de 1,99$ prévu en 2016.

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