LNG Canada et ses 40 G$ font-ils trop rêver ?


Édition du 13 Octobre 2018

LNG Canada et ses 40 G$ font-ils trop rêver ?


Édition du 13 Octobre 2018

Par Dominique Beauchamp

[Photo: 123RF]

Lorsqu'un projet d'une ampleur historique promet des investissements de 40 milliards de dollars, des revenus de 22 G$ ainsi que 10 000 embauches, les hyperboles pleuvent.

D'entrée de jeu, la prudence est de mise à l'égard du projet du consortium LNG Canada, puisque les superlatifs correspondent rarement à la réalité, surtout quand les prévisions s'étalent sur 40 ans et qu'elles reposent sur de nombreuses hypothèses. Après tout, LNG Canada, un projet privé sans égal au pays, ne commencera à exporter du gaz naturel de la Colombie-Britannique vers l'Asie qu'en 2023 ou 2024.

L'un des partenaires du consortium, Royal Dutch Shell, appuie son rendement interne de 13 % sur un cours du gaz naturel liquéfié de 8,50 $ US par million de BTU (cours du gaz livré à Tokyo) cette année-là. Comparé au cours actuel du gaz naturel de 1,80 $ US, on comprend tout l'espoir que le projet suscite dans cette industrie en mal de bonnes nouvelles.

Précisons que le nouveau pipeline de 670 kilomètres transportera le gaz naturel de Dawson Creek, dans le nord-est de la Colombie-Britannique, jusqu'à Kitimat, sur la côte. À cet endroit, le gaz sera liquéfié dans une usine qui reste à ériger.

La genèse du projet remonte aux années 1980. Le consortium l'avait mis au rencart pour la dernière fois en 2016, en raison des cours affaiblis du gaz naturel. La forte demande espérée pour cette énergie dite propre n'a pas eu l'effet attendu. La révolution du pétrole et du gaz de schiste, en particulier, a fait plonger les cours du gaz naturel.

Des gagnants potentiels

Ces considérations n'empêchent pas Bay Street de rêver. Cinq rapports préliminaires consultés énumèrent au moins 25 bénéficiaires directs et indirects de LNG Canada.

Les titres ont peu réagi pour l'instant parce que, justement, le potentiel est encore difficile à établir. Tout mégaprojet est accompagné habituellement de nombreux risques.

L'action de TransCanada Pipeline (TRP, 53,73 $), qui construira le gazoduc du Coastal GasLink de LNG Canada pour 6,2 G$, est restée stable après l'annonce. Et pour cause ! Le Coastal GasLink s'ajoute à d'autres projets totalisant 28 G$ qui sont à différents stades d'avancement. Il représente un bénéfice par action supplémentaire d'à peine 0,07 $ à 0,09 $ en 2023, estime Linda Ezergailis, de TD Valeurs mobilières.

Immédiatement, le consortium d'ingénierie composé de JGC Corp. (JGCCF, 22,84 $ US) et de Fluor (FLR, 52,49 $ US) s'attelle à la planification et aux embauches en tant que maître d'oeuvre. Bird Construction (BDT, 8,33 $) érigera sous peu le camp Cedar Valley Lodge pour les 4 500 travailleurs, tandis que le Groupe Aecon (ARE, 17,14 $) construira deux tronçons du gazoduc de TransCanada.

Il faut aussi mettre ces contrats dans leur contexte. Pour Bird, il s'agit d'un contrat de 300 millions de dollars sur des revenus totaux de 1,6 G$ qui devrait ajouter 10 % au bénéfice d'exploitation. Dans le cas d'Aecon, il s'agit d'un contrat de 263 M$ sur des revenus totaux de 3,3 G$. Il s'étalera de 2019 à 2022.

Michael Tupholme, de TD Valeurs mobilières, ne touche donc pas à leurs cours cibles, qu'il établit à 9 $ et à 21 $ respectivement.

Un effet sur le moral surtout

Si les retombées semblent assez modestes pour TransCanada et les constructeurs, le projet pourrait tout de même améliorer le moral des investisseurs à l'égard du secteur abattu de l'énergie, évoque Justin Bouchard de Desjardins Marché des capitaux.

Il faudra toutefois patienter jusqu'en 2020 - au plus tôt - avant que LNG Canada ne puisse influencer à la hausse le prix déprimé du gaz naturel canadien, prévoit pour sa part John Bereznicki, de Canaccord Genuity.

«La capacité d'exportation initiale n'est pas suffisante pour remédier au déséquilibre entre l'offre et la demande. Il n'en reste pas moins que ce projet offre un important débouché au gaz de l'Ouest canadien, étranglé par le surplus américain et le petit marché local», croit Jamie Kubik, de Marchés mondiaux CIBC.

Et si la deuxième phase de LNG Canada obtenait le feu vert en 2022 ou 2023 et qu'elle entraînait d'autres sociétés à ranimer leurs propres projets de gaz liquéfié, on pourrait imaginer une nouvelle vague de transactions en Alberta et en Colombie-Britannique. Les terminaux de gaz liquéfié deviennent souvent des plaques tournantes qui attirent de nouveaux acteurs où ils sont construits. Dans ce cas, les producteurs Crew Energy (CR, 1,89 $) et Kelt Exploration (KEL, 8,25 $) seraient des proies potentielles, avance Cameron Bean, de la Banque Scotia.

Avec le temps, les producteurs bien capitalisés qui sont en mesure de composer avec les cours déprimés du gaz profiteraient le plus d'une remontée des prix, une fois que les exportations accroîtront la demande de gaz de l'Ouest canadien. Greg Colman, de Financière Banque Nationale, et M. Bouchard, de Desjardins, classent dans cette catégorie Advantage & Gas (AAV, 3,52 $), Arc Resources (ARX, 14,54 $), Crew Energy, NuVista Energy (NVA, 7,68 $), Seven Generations (VII, 16,39$) et Tourmaline (TOU, 23,49 $).

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