Les 12 titres préférés de nos experts


Édition du 15 Septembre 2018

Les 12 titres préférés de nos experts


Édition du 15 Septembre 2018

Par Stéphane Rolland

Les experts de la table ronde jouent défensivement dans notre édition 2018. Leurs choix hétéroclites ont un point commun : ils devraient bien résister à la prochaine crise économique, selon eux. De plus, vous pourrez lire le bilan de l'édition 2017 en page i-5.

LES CHOIX DE CHRISTINE DÉCARIE

Gestionnaire de portefeuille chez Placements Mackenzie

1. Stella-Jones
(SJ, 44,49 $)

Depuis longtemps, Christine Décarie, aime Stella-Jones, qu'elle considère comme une entreprise «bien gérée». La qualité a un prix. Il faut donc être stratégique lorsqu'on choisit son point d'entrée, avance-t-elle. Le moment serait propice pour faire le plein du titre.

«Dans les cinq dernières années, le titre s'est échangé entre 16 et 22 fois le bénéfice. En ce moment, il s'échange à 16,6 fois le bénéfice de 2019. On est au bas de la fourchette, souligne la gestionnaire de portefeuille chez Placements Mackenzie. C'est sûr que cette fourchette existait dans une période où les marchés étaient à des multiples élevés, mais je pense que la société va mieux performer que les prévisions.»

Le multiple est sous pression en raison d'une augmentation des stocks de traverses de chemin de fer. Ce surplus a affaibli les marges. Par contre, Mme Décarie prévoit que la situation se rétablira en 2019.

Les perspectives sont bonnes pour la demande de poteaux et de traverses de chemin de fer, croit la gestionnaire de portefeuille. Elle note que les transporteurs ferroviaires ont sous-investi dans leurs infrastructures et qu'ils sont en mode rattrapage, ce qui donne une bonne visibilité pour les 12 à 18 prochains mois, selon elle.

La même dynamique s'applique aux poteaux électriques et de télécommunication. «Ces poteaux ont dépassé leur durée de vie utile, mais ils tiennent encore. Quand on n'aura plus le choix de les remplacer, la demande se manifestera et ce ne sera pas lié aux cycles économiques.»

Qualifiant Stella-Jones comme un «très bon» choix de titre, Cimon Plante, de la Financière Banque Nationale, a demandé à Mme Décarie si elle pensait que l'augmentation des bénéfices s'appuierait désormais uniquement sur la croissance interne. «Je pense qu'ils vont continuer à faire des acquisitions, répond-elle. Leur ratio dette/équité est à 2,5 fois. Il y a une certaine marge de manoeuvre, mais ils sont moins dépendants des acquisitions qu'auparavant, car ils ont une bonne croissance interne.»

2. Cenovus
(CVE, 11,83 $)

Le changement de garde à la tête de la pétrolière canadienne, en novembre dernier, augure bien pour ses actionnaires, croit Christine Décarie, qui exprime sa confiance dans le nouveau PDG Alex Pourbaix.

«Cenovus avait de bonnes ressources, mais pas une bonne équipe de direction. Je pense que le nouveau PDG va instaurer une discipline au sein de l'entreprise et qu'il fera en sorte qu'ils vont mieux tirer profit de leur pétrole. Je constate qu'il bouge rapidement. La société a commencé à réduire son endettement en vendant des actifs. Je pense que le risque de l'endettement est presque dissipé», dit Mme Décarie.

Le contexte pourrait également être favorable au secteur pétrolier. «En règle générale, les matières premières, particulièrement l'énergie, performent mieux en fin de cycle, car on connaît une croissance économique rapide.» Elle pense aussi que des pétrolières, dont Cenovus, signeront prochainement des ententes avec les transporteurs ferroviaires, ce qui pourrait être un catalyseur.

Sans parler de Cenovus en particulier, Marc L'Écuyer dit que sa firme Cote 100 avait déjà détenu des titres de pétrolières, mais a décidé d'abandonner le secteur, il y a quatre ans. La dynamique géopolitique fait en sorte qu'il est difficile d'anticiper les prix, selon lui.

Mme Décarie reconnaît que des surprises peuvent survenir lorsqu'on parle de géopolitique et du prix du baril, mais elle juge qu'il y a tout de même une marge de sécurité du côté des évaluations. «D'après moi, il y a davantage de risque que les cibles de production ne soient pas atteintes qu'il n'y ait surproduction. Dans son ensemble, le secteur de l'énergie ne tient pas compte de l'appréciation du prix du pétrole au niveau actuel.»

3. Manuvie
(MFC, 23,55 $)

En choisissant Manuvie, Mme Décarie mise sur la hausse des taux d'intérêt à long terme. La gestionnaire croit aussi que la stratégie de la nouvelle direction est susceptible de créer de la valeur pour les actionnaires.

«Le thème que je veux jouer, c'est la hausse des taux d'intérêt à long terme. Lorsque tu te demandes quel secteur profite de la hausse des taux, ce sont les assureurs. Puis, tu te demandes quel assureur est le plus sensible aux taux. La réponse, c'est Manuvie.»

Plusieurs fois, la société a eu des «yeux au beurre noir» dans les dernières années, admet la gestionnaire, mais les choses se replacent avec la nouvelle direction, qui accorde beaucoup d'attention à la réduction des coûts dans les activités traditionnelles.

Les soins de longue durée aux États-Unis sont l'un des vents de face que Manuvie a affrontés. Sa filiale John Hancock et les autres entreprises du secteur ont mal évalué les risques et les coûts du produit. Ce genre d'erreurs prend du temps à être décelé et les conséquences peuvent durer longtemps, explique Mme Décarie.

Elle note cependant que la société a pris de meilleures provisions que ses pairs et a ajusté ses coûts plus rapidement, ce qui atténuera un peu le vent de face par rapport aux entreprises américaines. Malgré les rumeurs qui refont surface de temps en temps, la vente de John Hancock ne fait pas partie de la thèse de la gestionnaire.

Les activités de gestion de fonds en Asie, pour leur part, procurent des occasions. «Il y a beaucoup de pays où il n'y a pas grand-chose. Plusieurs acteurs veulent prendre des participations. Manuvie est en Asie depuis plus longtemps, ce qui lui donne une avance.»

Pour sa part, Marc L'Écuyer raconte avoir déjà été échaudé par Manuvie dans le passé. Il note qu'il est difficile d'évaluer la valeur des assureurs-vie, ce qu'admet Mme Décarie. Il dit préférer l'assureur de dommages Intact (IFC, 102,52 $). Mme Décarie aime bien Intact, elle aussi, mais moins son prix. «Ça aurait pu être un choix si l'action était encore à 95 $.»

LES CHOIX DE VINCENT FOURNIER

Gestionnaire de portefeuille chez Claret

1. Viemed Healthcare
(VMD, 6,77 $)

Dans un secteur médical de niche, le fabricant d'aides respiratoires Viemed Healthcare a le potentiel de gagner des parts de marché en faisant connaître son produit auprès des experts de la santé et des patients, prévoit Vincent Fournier, portefeuilliste chez Claret.

La société américaine, inscrite à la Bourse de Toronto, fabrique une aide respiratoire pour les patients atteints d'une maladie pulmonaire obstructive chronique, qui sont en fin de vie.

Près de 25 millions de personnes souffrent de cette maladie aux États-Unis. Parmi elles, 10 % ont besoin d'un service d'aide à la respiration. La moitié de celles-ci, soit 1,25 million de patients, satisfont aux conditions leur permettant d'utiliser cet appareil médical. Seulement 40 000 personnes utilisent toutefois une telle machine. Viemed, pour sa part, sert 5 000 clients, ce qui laisse voir des possibilités de croissance.

Le modèle de revenus ressemble à celui des services par abonnement. Le coût mensuel de la machine est de 950 $ US. Les patients survivent en moyenne 17 mois à l'aide de l'appareil respiratoire.

«Le plan d'affaires est relativement simple, explique M. Fournier. Ils vont dans une ville et ils recrutent des inhalothérapeutes qui leur dirigent des patients. Leur argument est qu'il est moins coûteux d'utiliser la machine à domicile que de rester à l'hôpital. Pour les patients, le fait de pouvoir rester à la maison améliore leur qualité de vie.»

La société est présente dans 25 États américains et prévoit offrir ses services dans 5 autres, dont la Californie et la Floride.

Cimon Plante, de la Financière Banque Nationale, lui a demandé si la société avait beaucoup de concurrence. «Il y a encore 95 % du marché qui n'est pas servi, alors la concurrence n'est pas vraiment un enjeu», a répondu M. Fournier.

2. Dürr AG
(DUE, 37,79 €)

La déception des investisseurs par rapport aux difficultés «temporaires» de la société allemande Dürr AG offre l'occasion de mettre la main sur une société «très bien gérée» à un bon prix, croit Vincent Fournier.

La société industrielle est une spécialiste du génie mécanique et de la numérisation de procédés industriels. Ses activités sont liées à l'idée d'industrie 4.0, explique M. Fournier. De ces cinq segments d'activité, la peinture de carrosserie est la plus importante et représente près de 50 % des ventes. «À long terme, Dürr va avoir le vent dans les voiles. Ses clients n'ont pas le choix d'embarquer dans l'industrie 4.0 pour survivre. La société a une belle stratégie de croissance par acquisitions et à l'interne.»

M. Fournier relève deux obstacles qui ont affaibli le titre au cours de la dernière année : les marges de la division de peinture de carrosserie ont diminué dans un marché fortement concurrentiel. La réponse de l'entreprise est d'investir dans la R&D pour offrir une plus grande valeur ajoutée que celle de ses concurrents et rationaliser les activités.

Les flux de trésorerie ont également diminué de façon sensible, car la société a construit un deuxième siège social pour HOMAG, «un actif qui donne beaucoup, beaucoup de croissance et diversifie les activités» depuis que Dürr AG a acquis une participation majoritaire en 2014. «Les flux de trésorerie ne sont pas bons cette année, mais ils s'amélioreront l'année prochaine», anticipe le gestionnaire de portefeuille.

«Les tensions commerciales nuiront-elles à l'entreprise ?» avons-nous demandé. M. Fournier admet que ça peut représenter un défi, mais il ne croit pas qu'il sera important. Dans le segment de la peinture de carrosserie, il souligne que les clients (constructeurs automobiles) planifient leur production longtemps à l'avance, de sorte que la politique commerciale a moins d'impact sur la demande.

M. Fournier salue la transparence des données financières de Dürr AG. «Les résultats financiers sont très clairs. Quand il y a une dépense, elle est explicitement écrite.» Il note aussi que la société est peu endettée.

3. Hardwoods Distribution
(HDI, 17,10 $)

Au pire scénario imaginable, le fabricant de bois franc Hardwoods Distribution a bien résisté à l'éclatement de la bulle immobilière américaine et à la crise financière qui a suivi en 2008. Vincent Fournier juge que les inquiétudes à l'égard du libre-échange fournissent l'occasion de mettre la main sur une entreprise qui est très bien gérée.

L'entreprise de Colombie-Britannique fabrique du bois franc utilisé dans la construction de maisons neuves et dans la rénovation. Ce marché s'est «évaporé» lors de la crise de 2008. «Le titre s'était effondré (et a enregistré une perte de 0,71 $ par action), mais les marges brutes sont restées relativement stables, ce qui montre que c'est une entreprise bien gérée.»

Dernièrement, les menaces protectionnistes ont fait mal à l'entreprise. Les importateurs ont acquis beaucoup de bois chinois. Les stocks des entreprises sont donc pleins, ce qui accroît la pression concurrentielle, explique M. Fournier.

Le gestionnaire de portefeuille souligne la différence entre le bois d'oeuvre et le bois franc. Pour le bois d'oeuvre, le prix le plus bas déterminera souvent la vente. Pour le bois franc, la qualité et le type de fini entrent dans l'équation. «La stratégie de Hardwoods, c'est de rencontrer les designers et les architectes et d'essayer de promouvoir leurs nouveaux produits pour qu'ils deviennent à la mode.»

M. Fournier estime que le titre s'échange à près de 10,3 fois ses propres prévisions de bénéfice de l'an prochain. Il note que la société a connu une forte croissance de son bénéfice par action au cours des dernières années : celui-ci est passé de 0,38 $ en 2012 à 1,39 $ en 2017.

Pour sa part, Cimon Plante a rencontré la direction l'année dernière. Il a constaté que Hardwoods a laissé beaucoup d'autonomie aux entreprises qu'elle a acquises. «Hardwoods risque de toucher un certain plafond à un moment donné, prévient-il. Si elle veut passer à la prochaine étape, elle devra s'assurer que ses systèmes informatiques se parlent. Ça va nécessiter une augmentation des dépenses. Je trouve que c'est quand même une belle business.»

«Je ne vois pas ça comme un problème à court terme, souligne Vincent Fournier. La direction décentralisée permet de garder un esprit entrepreneurial.»

LES CHOIX DE MARC L'ÉCUYER

Gestionnaire de portefeuille et associé chez Cote 100

1. Starbucks
(SBUX, 54,12 $ US)

La tasse est à moitié pleine, mais l'investisseur peut obtenir le titre de Starbucks à bon prix. À 20 fois le ratio cours/bénéfice de l'an prochain, l'action devient plus abordable, ce qui donne l'occasion d'investir dans une entreprise de qualité, croit Marc L'Écuyer.

L'action de la société a stagné sous le poids des résultats financiers plus ternes depuis un an. Le départ du fondateur Howard Schultz, reconnu comme un innovateur, soulève aussi des questions, dit M. L'Écuyer. «C'est sûr qu'on ne connaîtra pas la même croissance qu'auparavant, mais l'évaluation de Starbucks est attrayante.»

Le gestionnaire de portefeuille et associé chez Cote 100 voit d'un oeil favorable les perspectives de l'entreprise. Starbucks a décidé de miser sur deux marchés : les États-Unis (plus mature, où elle peut augmenter les ventes par magasin et réaliser des gains d'efficacité) et la Chine (où elle vise un impressionnant rythme d'ouverture de 600 magasins annuellement au cours des prochaines années).

Interrogé à propos de la concurrence des cafés indépendants et des grands acteurs comme McDonald's et Dunkin' Donuts, M. L'Écuyer pense que la popularité de la marque Starbucks et les investissements technologiques confèrent un avantage à l'entreprise.

M. Plante, de la Financière Banque Nationale, intervient : il n'y a pas qu'aux États-Unis où la concurrence est forte. Il donne en exemple la nouvelle chaîne chinoise Luckin. Fondée au début de l'année, elle connaît une croissance spectaculaire (au mois de juillet, elle avait déjà ouvert 660 établissements dans 13 provinces chinoises, rapporte Reuters).

M. L'Écuyer ajoute que la rentabilité en Chine n'est pas aussi bonne qu'aux États-Unis, mais Starbucks déploie des efforts pour l'améliorer. La société a aussi un plan de franchiser des établissements, ce qui libérerait du capital.

2. Alimentation Couche-Tard
(ATD.B, 66,30 $)

Marc L'Écuyer emploie un raisonnement semblable pour son deuxième choix. À 15 fois le bénéfice prévu l'an prochain, Alimentation Couche-Tard offre aux investisseurs la chance de mettre la main sur un titre de qualité à un multiple raisonnable.

Le marché semble craindre que l'exploitant de dépanneurs arrive au terme de sa forte ascension. Après avoir déployé avec succès une stratégie de croissance par acquisitions, reste-t-il encore des occasions à Couche-Tard pour poursuivre sur sa lancée ?

Le multiple reflète déjà la possibilité qu'il n'y ait plus de grosses transactions, répond le gestionnaire de portefeuille. Il reste encore du potentiel pour de plus petites acquisitions. À long terme, celles-ci pourraient avoir un impact notable à mesure qu'elles s'accumulent, selon lui. Les acquisitions récentes de Couche-Tard ont gonflé le passif, mais M. L'Écuyer croit que l'endettement diminuera rapidement à mesure que la société tirera les fruits de ses acquisitions au fil des trimestres.

Des analystes ont déjà évoqué le risque que représentait l'automobile électrique pour les stations-service, mais le gestionnaire de portefeuille croit qu'il s'agit d'un risque lointain. «Il faudra des décennies avant qu'il y ait un impact. Le cycle de vie automobile est de presque 10 ans.»

Christine Décarie, de Placements Mackenzie, estime que la direction a «su faire progresser son modèle d'entreprise au cours des 30 dernières années».

Les changements des habitudes des consommateurs peuvent également engendrer des occasions pour la société, ajoute Mme Décarie. Elle donne en exemple l'intérêt des consommateurs pour l'autopartage, comme le service offert par Communauto. Ce mode de transport pourrait accroître l'utilisation de lave-auto, un service rentable pour Couche-Tard, donne-t-elle en exemple.

3. Berkshire Hathaway
(BRK.A, 319 675,40 $ US)

Pour ceux qui croient que le cycle boursier est étiré, miser sur le conglomérat de Warren Buffett est un choix prudent, juge Marc L'Écuyer. Dans le passé, l'investisseur patient a su trouver de bonnes occasions lorsque le vent tournait.

«Quand une entreprise va les voir, Berkshire Hathaway a souvent la capacité de négocier des conditions excessivement avantageuses, explique le gestionnaire de portefeuille. Ce sont des occasions auxquelles le commun des mortels n'a pas accès.»

Et le trésor de guerre pour saisir ces occasions est gargantuesque : 111 milliards de dollars américains au 30 juin 2018. Cela représente plus du cinquième de la valeur boursière de l'entreprise. Bien qu'on puisse se demander s'il s'agit de la meilleure utilisation du capital des actionnaires, M. L'Écuyer voit cette réserve d'un oeil positif. «Les dirigeants de Berkshire ont de la difficulté à trouver des occasions pour l'instant, mais ils ont annoncé qu'ils pourraient être plus agressifs sur le rachat d'actions.»

Âgé de 88 ans, Warren Buffett n'est malheureusement pas éternel. Probablement l'investisseur qui a le plus d'ascendance sur le marché, risque-t-il d'amener la «prime Buffett» avec lui au paradis ? M. L'Écuyer exprime sa confiance en la pérennité du conglomérat. L'homme d'affaires a identifié des successeurs qui partagent sa philosophie d'investissement.

Reste à savoir si le successeur de M. Buffett aura les coudées franches pour suivre son sillage et aller à contre-courant. «L'avantage de M. Buffett est qu'il ne peut pas se faire virer, intervient Vincent Fournier, de Claret. Son successeur aura plus de pression s'il prend des décisions impopulaires.»

La question demeure ouverte, admet Marc L'Écuyer. D'ailleurs, même la direction reconnaît qu'elle ne pourra reproduire les rendements astronomiques du passé. «Le but, maintenant, c'est de faire un peu mieux que le S&P 500. Aujourd'hui, en fin de cycle, on ne veut pas prendre trop de risque. On voit peu d'entreprises qui ont autant de protection contre un risque à la baisse.»

LES CHOIX DE CIMON PLANTE

Gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale

1. Facebook
(FB, 162,62 $ US)

C'est le temps profiter de la baisse du titre de Facebook pour investir dans une entreprise en forte croissance, au moment où elle fait un pivot vers le vidéo, juge Cimon Plante.

«Ça me rappelle où était Facebook lors de son entrée en Bourse en 2013, raconte , le gestionnaire de portefeuille à la Financière Banque Nationale. À cette époque, une infime partie de ses revenus provenait du mobile. Les dirigeants avaient annoncé que leurs dépenses d'investissement allaient augmenter pour faire la transition vers le mobile.» Les actionnaires de Facebook ont grassement été récompensés par cet investissement.

L'entreprise prend la bonne décision en misant sur le potentiel de la vidéo, même si, pour l'instant, le médium est plus difficile «à monétiser», croit M. Plante. Il pense que l'entreprise a relevé une faiblesse de YouTube (Alphabet), dont les vidéos ne seraient pas «à l'avant-garde» sur le mobile.

À 22 fois le bénéfice de l'an prochain, Vincent Fournier, de Claret, estime que le titre est cher, malgré la correction. «Microsoft a mis 10 ans pour se remettre de la bulle techno, souligne-t-il. Comme Facebook, c'était une machine à faire du cash. Quand tu as déjà le tiers de l'humanité comme clientèle, à un certain moment, ta croissance va s'arrêter.»

M. Fournier se questionne également à savoir si les plateformes de Facebook conserveront leur popularité auprès des utilisateurs. À la blague, il raconte qu'il est inscrit à Facebook depuis seulement un an ou deux. «D'habitude, quand j'adopte une technologie, c'est la fin. Quand j'ai acheté un BlackBerry, c'était la fin.»

Cimon Plante croit que les anecdotes sur la perte de popularité de Facebook ne se traduisent pas dans les chiffres. Il souligne que le nombre d'utilisateurs quotidiens est en hausse de 11 %. De plus, la société peut recruter des utilisateurs dans les pays émergents.

2. Premium Brands
(PBH, 95,63 $)

L'ascension du titre du consolidateur de producteurs alimentaires a pris une pause au cours de la dernière année, mais M. Plante pense que Premium Brands a encore de la place pour croître par acquisitions.

En 2016 et 2017, la société a réalisé des acquisitions pour un montant total de 500 millions de dollars. Depuis le début de l'année, elle en a annoncé sept. «Les entrepreneurs vieillissent et Premium Brands jouit d'une bonne réputation, explique-t-il. Elle est devenue comme la personne à aller voir lorsqu'il est temps de trouver une relève.»

Le titre a connu un passage à vide lorsque la société a dévoilé des marges de 7,4 % avant intérêts, impôts et amortissement au premier trimestre. Celles-ci se sont rétablies à 9,7 % au deuxième trimestre. La direction vise des marges entre 10 % et 13 %. «Rien n'est parfait. C'est sûr que ce rythme entraîne d'importantes dépenses d'investissement. Le marché a fortement réagi lorsque les marges n'étaient pas au rendez-vous.»

Les tendances dans le secteur alimentaire jouent également en faveur de ses 59 marques. Les clients se soucient de la qualité et de la provenance des aliments, une préoccupation qui s'arrime bien avec son offre, selon M. Plante. La croissance des ventes comparables a été de 11,9 % au cours de la première moitié de l'année. «Ça montre que l'entreprise est dans un bon créneau lorsqu'on la compare aux géants de l'alimentation comme Campbell.»

M. Fournier, de Claret, trouve que Premium Brands est «vraiment bien gérée». En rétrospective, l'action aurait été un bon placement, mais elle semblait «toujours trop chère». Claret a donc trouvé une autre façon de miser sur l'histoire. «On achetait ses débentures convertibles, puis on les vendait à prime, puis on en rachetait», explique-t-il.

«Le problème des titres de qualité, c'est qu'ils sont toujours trop chers, rétorque M. Plante. J'aime mieux payer un peu plus cher pour une entreprise de qualité que de tomber sur un value trap».

3. ZTO Express
(ZTO, 17,66 $ US)

La société de livraison chinoise ZTO Express offre un placement pour miser sur la forte croissance du commerce en ligne en Chine, qui affiche des marges supérieures aux géants américains FedEx et UPS, résume M. Plante.

«La consommation chinoise rattrape celle des Américains, avance-t-il. Le taux de croissance des ventes en ligne est de 20 % par année. Près de 58 % des Chinois n'ont pas encore de connexion Internet.»

La plus importante entrée en Bourse de 2016 (1,4 G $ US), ZTO Express, inscrite à New York, dégage une plus forte rentabilité que les géants américains de l'expédition grâce à son modèle d'entreprise, note Cimon Plante. La société de Shanghai, dans laquelle Alibaba a acquis une participation de 10 % au printemps dernier, laisse à ses 9 400 partenaires la livraison du dernier kilomètre. Elle évite ainsi le maillon de la chaîne logistique le moins rentable et le plus concurrentiel. La marge d'exploitation de ZTO Express est ainsi de 28 %, comparativement à 8 % pour UPS et à 9 % pour Fed Ex.

Christine Décarie, de Placements Mackenzie, a demandé à M. Plante s'il n'y avait pas un risque que de grands détaillants décident de mettre sur pied leur propre service de livraison. Il a répondu que le transport interprovincial est sujet aux règles de dédouanement, ce qui constitue un important obstacle pour tout acteur potentiel dans l'industrie.

Maintenir ces marges sera tout de même un défi, reconnaît le gestionnaire. «C'est un marché concurrentiel, alors il faut oublier les augmentations de prix. Les dépenses en capitaux vont augmenter pour automatiser les opérations. La société a réussi à réduire son coût unitaire en investissant dans sa flotte, mais ces coûts sont maintenant plus stables.»

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