Le réveil de Weston, Thomson et Power

Publié le 03/08/2013 à 00:00

Le réveil de Weston, Thomson et Power

Publié le 03/08/2013 à 00:00

Par Dominique Beauchamp

Il est toujours fascinant de détecter des indices qui suggèrent que de grandes sociétés parfois oubliées sont sur le point de se réveiller en Bourse.

C'est le cas récemment des trois grands empires familiaux du pays : Power Corporation, Thomson Reuters et Georges Weston, dont l'action avait procuré un rendement inférieur à celui du S&P/TSX, depuis 2002.

Ces entreprises qui visent la pérennité semblent toutes trois sortir d'une longue torpeur dans laquelle les avait plongées la crise financière (la chute boursière pour le fournisseur d'informations Thomson Reuters et la chute des taux pour le conglomérat financier Power Corporation) ou des bouleversements dans leur propre industrie (arrivée de Walmart et dérive de stratégie pour Loblaw).

En janvier, Les Affaires avait mis en relief cinq entreprises canadiennes et l'élément déclencheur offrant le potentiel de stimuler leur titre en Bourse. Depuis janvier, le titre de Georges Weston a bondi de 21 %, celui de Thomson Reuters, de 22 % et celui de Power Corp., de 15,8 %.

Les deux autres candidates de l'article de janvier ont moins bien performé : le géant des télécommunications BCE est resté stable, malgré la menace d'un quatrième concurrent viable dans le sans-fil au pays, tandis que Barrick Gold, aux prises avec une dette élevée, des mines coûteuses et la chute du prix de l'or, a plongé de 46 %.

Georges Weston passe à l'offensive

Les observateurs attendaient depuis longtemps que Georges Weston mette son encaisse de deux milliards de dollars à profit.

Voilà qu'il aide sa filiale Loblaw à avaler le plus gros pharmacien du pays, Shoppers Drug Mart, dans une transaction de 12,4 G$.

Ça sentait l'impatience chez Weston et Loblaw alors que son plan de redressement amorcé en 2007 tardait à donner des résultats.

La création d'un fonds immobilier, une relance de 100 millions de dollars au Québec sous l'enseigne Provigo et des mises à pied plus musclées signalaient que la famille passait à l'offensive.

L'ingrédient d'origine : probablement le changement de la garde de 2011. Le 24 février 2011, l'Espagnol Vicente Trius, un ex-cadre du géant européen Carrefour, a pris la relève d'Allan Leighton à la tête de Loblaw. M. Leighton, un homme de confiance de la famille Weston, agissait comme «tuteur» après la nomination à la tête du conseil de Loblaw de Galen Weston fils, en 2006.

Dans les entreprises familiales où le statu quo prévaut, une nomination à la haute direction est souvent précurseur d'un changement de stratégie.

Thomson Reuters perd patience

On retrouve ce même ingrédient chez Thomson Reuters, qui ne s'est jamais remis de l'achat à fort prix (19 G$), au sommet boursier de 2007, de l'agence Reuters. La valeur du placement de la famille Thomson dans Thomson Reuters a fondu de 20 à 12 G$ par la suite.

Le 19 janvier, Les Affaires écrivait : «un changement de la garde laisse présager un virage».

L'analyste Drew McReynolds, de RBC Marchés des Capitaux, entrevoyait alors la possibilité d'une stratégie plus dynamique qu'une simple rationalisation et des acquisitions sélectives.

Le 22 juillet, le site Internet The Baron dévoilait l'intention du géant de l'information professionnelle spécialisée de procéder à une vaste restructuration de sa division média baptisée Big Bang, qui verrait l'entreprise réduire de 6 % ses effectifs et fermer certains services.

Là encore, la nomination, pour la première fois en 15 ans, d'un président à la tête de la société privée de la famille Thomson, Woodbridge, semble avoir été l'élément déclencheur.

Tim Casey, de BMO, y voyait alors un indice que la famille Thomson s'impatientait de voir la société générer de bons rendements. David Binet a été promu chef de l'exploitation à la présidence de Woodbridge le 30 novembre 2012.

Thomson Reuters est propriété à 55 % de la famille Thomson, par l'intermédiaire de Woodbridge.

Les taux et la Bourse sourient à Power

Chez Power Corporation, les changements sont moins visibles. Le titre du conglomérat financier de la famille Desmarais a tout de même atteint un sommet en 39 mois, le 22 juillet.

Le propriétaire de l'assureur-vie Great-West et du gestionnaire de fonds Société financière IGM, profite de la hausse des taux d'intérêt. Cela a pour effet de rentabilises les placements de l'assureur, tandis que l'embellie boursière ravive l'intérêt des investisseurs pour les fonds communs de placement qu'offre IGM.

L'accalmie du climat de crise en Europe dissipe aussi l'ombre qui pesait sur les importants placements de la société sur ce continent (Total, GDF Suez, Pernod Ricard).

Fidèle à ses habitudes, Power Corp. attend son heure pour sauter sur les occasions qui se présentent. Great-West vient de mettre la main sur l'assureur Irish Life, pour 1,75 G$.

IGM pourrait aussi envisager de prendre pied aux États-Unis. L'analyste John Reucassel, de BMO, avait repéré en janvier l'américaine Waddell & Reed, spécialisée dans la gestion de patrimoine et dans la planification financière.

L'empire des Desmarais enverrait aussi un signal de retour à la normale si elle recommençait à augmenter son dividende, qu'elle n'a pas majoré depuis 2008.

Ces trois cas illustrent qu'il vaut la peine d'être vigilant et de suivre les mouvements de personnel parfois discrets des grandes sociétés, en particulier celles dont la vision s'étend sur plusieurs générations.

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