Le prix des actions de la BN, une réaction excessive du marché ?


Édition du 28 Novembre 2015

Le prix des actions de la BN, une réaction excessive du marché ?


Édition du 28 Novembre 2015

Par Richard Guay

[Photo : Bloomberg]

Le prix en Bourse des actions de la Banque Nationale a reculé de plus de 5 % au début d'octobre à la suite de l'annonce de l'émission de nouvelles actions. Une baisse qui a en partie été rattrapée, mais qui est propice à une réflexion sur l'effet de dilution d'un financement sur les actions d'une société.

Il y a un effet dilutif important lorsqu'une émission de nouvelles actions ne génère aucune entrée d'argent pour une entreprise. C'est le cas des dividendes en actions et lors des fractionnements d'actions. Il est normal qu'un dividende en actions de 5 % fasse reculer le prix de l'action de 5 %. Tout comme un fractionnement par action de 1 pour 2 fera baisser le prix de l'action de 50 %. Dans ce dernier cas, l'investisseur n'est ni plus riche ni plus pauvre, puisqu'il détient deux fois plus d'actions.

Le cas de la Banque Nationale est différent. L'émission des 7,16 millions de nouvelles actions représente une augmentation de 2,2 % du nombre total d'actions. Toutefois, cela ne représente pas une dilution de 2,2 %, puisque 300 M$ sont entrés dans les coffres de la banque. L'émission d'actions à 41,90 $, alors que le prix de l'action était à 43,16 $ (escompte de 3 %), cause un effet de dilution de seulement 0,06 % (ou 0,03 $).

Pourtant, le titre a baissé de plus de 5 % (2,27 $) à la suite de l'annonce. C'est beaucoup plus que les 0,03 $ liés à l'effet dilutif. Comment expliquer cette baisse importante ?

Un des facteurs est lié à la potentielle radiation de l'investissement de 165 M$ que la Nationale détient dans la Maple Bank. Ce n'est toutefois pas suffisant, puisque 165 M$ représentent «seulement» 0,50 $ l'action pour la Banque Nationale. Nous sommes encore loin du recul de 2,27 $ (43,16 - 40,89) lors de la séance du 2 octobre.

Les frais de restructuration de 64 M$ après impôts auront un impact sur le bénéfice de 2015. Toutefois, la transformation technologique assurera son avenir dans une industrie bancaire en évolution. De plus, la restructuration devrait réduire les coûts annuels de 35 M$ dès 2016. Nous ne pouvons pas associer cette décision et les frais de restructuration à une baisse de valeur des actions de la banque.

La croissance de l'industrie bancaire, tout comme celle de l'économie, sera faible au cours des prochaines années. Rien de nouveau ici. Le plus important est que la faible croissance économique n'augmente pas les pertes prévues sur prêts. Sur ce point, la banque se veut rassurante. De plus, le projet du gouvernement libéral d'investir en infrastructures est de bon augure.

En résumé, la Nationale a annoncé une émission d'actions qui a un effet dilutif de 0,03 $ l'action et une radiation potentielle de son investissement dans Maple Bank de 0,50 $ l'action. Nous sommes loin de la baisse de 2,27 $ du 2 octobre.

Une occasion d'achat ?

Les analystes prévoient que le bénéfice de 2015 sera de 4,70 $ l'action et qu'une légère hausse surviendra par la suite. C'est un placement intéressant pour un titre qui se négocie à environ 43 $ (9,1 fois les bénéfices de 2015) assorti d'un dividende prévu de 2,20 $ par action en 2016 (rendement de 5 %).

Le rendement des obligations du Québec de 30 ans est à moins de 3,5 %. Un rendement de dividende de 5 % est donc excellent, sans compter l'avantage fiscal du dividende si vous avez un compte imposable.

Vous pourriez me dire : oui, mais est-ce que le dividende sera révisé à la baisse ? C'est possible, mais peu probable.

Le dividende représente moins de 50 % des bénéfices de la banque. Il serait étonnant que la banque réduise un dividende qu'elle est en mesure de verser à ses actionnaires. Si la banque souhaite augmenter plus rapidement son ratio de capitalisation, une future émission d'actions me semble un scénario plus probable.

Alors, pourquoi le prix de l'action de la banque a-t-il tant baissé pendant plusieurs jours ? La réponse la plus probable est que le marché boursier a réagi de façon excessive aux mauvaises nouvelles. Les réactions excessives et émotives des marchés financiers font partie de notre réalité. D'ailleurs, Robert Shiller a obtenu un prix Nobel pour ses travaux sur les réactions excessives.

Si vous avez subi une baisse de prix d'une action en raison du phénomène, rassurez-vous. Les recherches en finance comportementale concluent qu'à long terme, le marché a tendance à se corriger de ses réactions excessives pour rétablir le prix à un niveau plus «rationnel». D'ailleurs, si vous n'avez pas encore investi dans les banques canadiennes, l'investissement est à prendre en considération. Dans le cas de la Nationale (NA, 42,98 $), un bénéfice de l'ordre de 4,80 $ en 2016 et un dividende de 5 % sont intéressants à long terme.

Richard Guay est professeur titulaire en finance à l'ESG UQAM et ancien président de la Caisse de dépôt et placement du Québec.

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