Le huard risque de perdre d’autres plumes l’an prochain

Publié le 06/10/2017 à 12:44

Le huard risque de perdre d’autres plumes l’an prochain

Publié le 06/10/2017 à 12:44

Par Dominique Beauchamp

Le huard canadien vient de connaître son plus fort envol trimestriel depuis 2004, par rapport au dollar américain.

Notre monnaie a grimpé de 24% entre les deuxième et troisième trimestres, en chiffres annualisés.

Si notre devise peut encore tenir tête aux autres monnaies, grâce à la bonne tenue de l’économie canadienne, ses plus beaux jours sont sans doute comptés, croit l’équipe économique de la Financière Banque Nationale.

Les facteurs qui ont poussé notre devise à la hausse cette année s’atténueront ou même s’inverseront l’an prochain, explique l’économiste Krishen Rangasamy. 

L’économie et l’inflation américaines surprendront

La force du huard en 2017 est avant tout le reflet de la faiblesse du dollar américain qui s’est déprécié de 8% lors des neuf premiers mois de l’année, soit sa plus forte chute lors de trois trimestres, depuis 2009.

Le repli du billet vert a été accentué par les spéculateurs qui vendent la monnaie de réserve mondiale à découvert pour la première fois, depuis 2014.

Le consensus reste sceptique d’une accélération économique et d’un retour de l’inflation, aux États-Unis, l’an prochain.

Les investisseurs ne croient donc pas que la Réserve fédérale américaine haussera ses taux encore quatre fois d’ici la fin de 2018, comme l’indique la trajectoire de son graphique à points.

Les contrats à terme sur le taux directeur de la Fed incorporent une seule hausse des taux d’ici 18 mois.

Puisque la Financière Banque Nationale prévoit un rehaussement du plafond de la dette américaine d’ici décembre, ainsi que l’adoption de mesures budgétaires avant les prochaines élections à mi-mandat en 2018 au Congrès, l’inflation devrait réapparaître.

Les investisseurs devront donc intégrer davantage de hausses de taux, et un «retour en force du billet vert l’an prochain».

L’optimisme envers le Canada se modérera

Au Canada, le phénomène inverse risque de se produire. L’économie perdra de son élan et les investisseurs tempéreront leurs attentes envers les trois hausses de taux prévues.

Ce renversement des rôles devrait faire en sorte que les taux américains et canadiens de 2 ans convergent vers 2% d’ici la fin de 2018.

Ces jours-ci, les taux américains de 2 ans (les plus sensibles au taux directeur de la Fed) ont atteint de 1,5%, quatre points de base de moins que les taux canadiens de 1,54%, de même échéance.

Plus les taux canadiens se rapprochera ou même retombera sous les taux américains, plus l’avantage de détenir le huard pour les investisseurs étrangers s’étiolera.

Le mouvement d’ajustement pourrait être «brutal» parce que le financement de nos déficits dépendent de capitaux étrangers à court terme, ce qui «laisse le Canada à la merci de changements d’humeur soudains des investisseurs».

Or, tout ralentissement économique l’an prochain, toute détérioration du marché immobilier résidentiel ou encore une mauvaise tournure pour les négociations de l’ALENA feraient mal au huard.

Toute dépréciation du dollar canadien serait aussi amplifiée par une inversion des paris à la hausse des nombreux spéculateurs ont fait monter notre devise cette année, font valoir les économistes.

Le pétrole, pas vraiment un appui

La remontée du pétrole est souvent citée comme un nouvel appui pour notre monnaie, mais les économistes de la Financière croient que la suroffre de carburant restera problématique toute l’année prochaine.

La Financière Banque Nationale prévoit donc que le huard passe de l’actuel 0,797 cents US à 0,77 cents US, d’ici la fin de 2018, un repli d’encore 3%.

Un tel mouvement aurait pour effet de gonfler un peu la valeur des placements réalisés aux États-Unis.

Pour sa part, Martin Roberge, strarège quantitatif de Canaccord Genuity, voit le huard glisser jusqu'à 0,76$US d'ici la fin de 2018, parce que notre balance commerciale se détériore.

Les exportations ont chuté de 10,6% depuis le mois de mai, une période pendant laquelle le cours moyen mensuel du huard s'est apprécié de 7,8%.

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