Lassonde a encore soif

Publié le 18/08/2017 à 11:30

Lassonde a encore soif

Publié le 18/08/2017 à 11:30

Par Dominique Beauchamp

L'Oasis Zoo Run, le semi-marathon où s'affiche les produits de Lassonde.

En juillet, le producteur américain de jus Cliffstar lui a échappé, mais Industries Lassonde(LAS.A, 239,33$) est à l’affût d’autres occasions et s’y prépare.

La filiale de l’Ontarienne Cott Corp.(BCB, 19,63$US) est effet passée aux mains de la Refresco(RFRG) pour 1,25 milliard de dollars américains en juillet.

La division Cliffstar, son principal rival pour les jus de marques privées l’intéressait, mais pas les boissons gazeuses de Cott, laisse entendre Guy Blanchette, le chef de la direction financière de Lassonde en entrevue.

«Si Cott n’avait vendu que les jus, nous aurions été de la partie», indique le dirigeant, en ajoutant que la Néerlandaise Refresco a payé le prix fort.

Refresco a payé un multiple de plus de 9 fois le bénéfice d’exploitation de 136,5M$US pour Cott Beverages, estime Leon Aghazarian, de la Financière Banque Nationale, dans une note publiée le 25 juillet.

L’unique analyste à assurer le suivi de Lassonde a soutenu à plusieurs reprises que Cliffstar aurait été une belle cible pour Lassonde. Ensemble, les deux entreprises auraient eu l’emprise de 80 à 90% des jus de marque privée, aux États-Unis.

Rien d’autre à l’horizon

L’entreprise familiale de Rougemont, bientôt centenaire, ne se dit pas en reste pour autant.

«Nous ne faisons pas d’acquisition dans le simple but d’acquérir ou de plaire au marché, mais nous sommes toujours à l’affût de bonnes occasions stratégiques. Nous nous y préparons en réduisant notre dette à chaque trimestre», ajoute le dirigeant.

Bien malin qui peut identifier les proies potentielles de Lassonde puisque les cibles les plus souvent citées, le producteur de jus de Vancouver Sun-Rype Products appartenant à l’homme d’affaires milliardaire Jim Pattison n’est pas à vendre, tandis que le producteur de breuvages de soya et d’aliments biologiques Sunopta ne l’intéresse pas.

D’autres possibilités incluent la marque privée de boissons de fruit dans une mini-proche à boire Capri Sun qui est la propriété de la famille allemande Wild ou encore la coopérative du Massachusetts Welch’s mieux connue pour ses jus de raisins et de canneberges.

Capacité d’acquisition de 250M$

Lassonde a certainement la capacité financière pour conclure un achat de taille puisque ses solides flux de trésorerie ont ramené sa dette à 1,2 fois son bénéfice d’exploitation.

L’entreprise est disposée à faire passer ce ratio à 3 fois pour la «bonne occasion, au bon prix, et offrant de bonnes perspectives de croissance», indique aussi M. Blanchette.

Un achat de 250M$ par exemple ajouterait environ 35% au bénéfice d’exploitation, calcule l’analyste.

Bien que Lassonde poursuive son petit bonhomme de chemin, M. Aghazarian croit qu’une acquisition lui aurait donné une nouvelle étincelle en Bourse.

L’analyste ne recommande plus l’achat du titre depuis le 14 août parce qu’il ne perçoit pas d’élément déclencheur à court terme pour que l’action s’apprécie.

M. Aghazarian maintient toutefois son cours cible à 250$, soit un multiple de 10 fois le bénéfice d’exploitation prévu en 2018, car les marges devraient passer de 11,3 % en 2016  à 11,8% en 2017, puis à 12% en 2018.

Son dernier achat date de 2014: l’Américaine Apple & Eve, au coût de 148M$US.

Sa plus grosse transaction remonte à 2011, soit celle de 400M$US de Clement Pappas and Company. Sa dette avait alors grimpé à 4 fois son bénéfice d’exploitation.

«Aucune des cibles mentionnées n’est à vendre et Lassonde est prête si une occasion se présentait, mais aucune ne serait aussi stratégique que celle de Cliffstar», déplore l’analyste.

Marques privées et mini-calories

Entretemps, Lassonde s’efforce de s’adapter aux pressions des épiciers américains qui font de plus en plus appel aux marques privées pour attirer les consommateurs économes et améliorer leurs marges, dans une industrie de plus en plus impitoyable.

«Nous ne prévoyons pas d’autre substitution majeure de la part de nos clients américains, mais il est clair qu’ils sont nerveux depuis l’achat de Whole Foods par Amazon», reconnaît M. Blanchette.

Au deuxième trimestre, les ventes de marques privées, que Lassonde produit pour les épiciers, ont bondi de 21M$ tandis que celles des marques nationales (Oasis, Apple & Eve, Everfresh, Fairlee, Fruité, Grave et Rougemont) ont décliné de 8,1M$.

Les volumes de ventes des jus et des boissons de fruits de l’industrie sont stables aux États-Unis, où Lassonde réalise 58% de ses revenus. Les volumes baissent au Canada. «La société n’a pas d’indication lui permettant d’anticiper un renversement de cette tendance pour les deux prochains trimestres», indiquela société par voie de communiqué.

Pour faire face à la musique, Lassonde a éliminé des postes administratifs aux États-Unis au début de l’année, après l’implantation d’un système commun de gestion pour l’Amérique du Nord.

Cette mini-rationalisation a coûté 1,4M$ en indemnités de départ au premier trimestre, mais économisera environ 400000$ à chaque trimestre par la suite.

À partir du prochain trimestre, les marges canadiennes du producteur de jus devraient aussi bénéficier du fait qu’au début de cette année, elle a refilé aux consommateurs la hausse marquée du prix du concentré d’orange, qui a depuis rebaissé d’environ 15%, explique M. Aghazarian.

En revanche, la dépréciation du dollar américain cette année lui est défavorable, car elle augmente le coûts des matières premières importées.

Lassonde vise à limiter les effets de la «faiblesse relative de la demande» en innovant. Les ventes de ses nouveaux produits à faible teneur en calories, Oasis Infusion, lancés en mars, progressent bien d’ailleurs.

Ce breuvage infusé à froid, sans sucre ni édulcorant, contient 50 calories. Il est offert en format individuel de 355 ml dans une gamme de trois saveurs: concombre-lime-menthe, frais-hibiscus-basilic et tangerine-citron-thym.

 

En chiffres

Bon contrôle des dépenses au deuxième trimestre

Revenus 383,3M$, + 6,4%

Bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement ou BAIIA 44,4M$, + 7,3%

Bénéfice net    19,6M$, +24,8%

Bénéfice par action 2,81$, +25,0%

Source : Financière Banque Nationale


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