La société montréalaise BioAmber à un moment charnière


Édition du 05 Décembre 2015

La société montréalaise BioAmber à un moment charnière


Édition du 05 Décembre 2015

Par Stéphane Rolland

BioAmber (NY, BIOA, 8,31 $ US) se trouve à un moment charnière de son plan d'expansion. À la fin d'octobre, la petite capitalisation montréalaise a commencé la production commerciale d'une solution de remplacement biologique à un composé chimique largement utilisé dans la production d'objets du quotidien. Si tout se passe comme prévu, la société générera des flux de trésorerie positifs d'ici quelques mois.

BioAmber produit de l'acide succinique. Ce composé chimique est utilisé dans la fabrication de cosmétiques, de tissus et d'espadrilles, entre autres choses. Actuellement, l'industrie pétrochimique accapare ce marché. Or, l'entreprise montréalaise parvient à produire le même acide à partir de sucre de maïs. «Plutôt que d'employer une série de transformations qui génèrent beaucoup de gaz à effet de serre (GES) et qui sont coûteuses en énergie, nous recourons à la fermentation avec du sucre, de l'air, des minéraux et des vitamines», dit Jean-François Huc, pdg et fondateur de l'entreprise.

Outre l'avantage écologique sur le brut, BioAmber est en mesure de produire l'acide succinique à moindre coût que l'industrie pétrochimique. Même si le pétrole a perdu la moitié de sa valeur depuis l'entrée en Bourse de la société en mai 2013, son procédé demeure moins coûteux, assure M. Huc. «Avec un maïs à 4 $ US le boisseau et un baril de pétrole à environ 45 $ US, notre coût est moins élevé de 50 % que celui de l'industrie pétrochimique, répond le dirigeant. Il y a un avantage dès que le pétrole s'échange à un prix supérieur à 25 $ US.»

Production commerciale

BioAmber doit maintenant prouver qu'elle est capable d'utiliser cet avantage technique afin de créer de la valeur pour ses actionnaires. À la fin d'octobre, la société a commencé la production commerciale dans sa première - et unique - usine à Sarnia, en Ontario. Des contrats sont déjà signés pour l'entièreté de la capacité de 30 000 tonnes de la nouvelle installation.

En fait, la moitié de la production est déjà vendue à deux clients : Vinmar et PTT MCC Biochem. Les deux clients ont l'obligation d'acheter au total 15 000 tonnes annuellement et BioAmber, quant à elle, devra livrer les marchandises, sous peine de pénalités. L'autre moitié de la production est vendue, mais les conditions sont plus flexibles. En résumé, BioAmber serait dispensée de pénalité si elle ne parvenait pas à répondre à la demande. Les clients, pour leur part, ont l'obligation de s'approvisionner chez BioAmber s'ils achètent de l'acide succinique. Ceux-ci ont cependant la possibilité de ne pas faire d'achats si le démarrage de leur approvisionnement est décalé.

Patrick Jobin, de Credit Suisse, semble optimiste. L'échec de certaines entreprises à lancer une production de masse d'acide succinique biologique a semé le doute sur les chances de succès d'une telle entreprise, note l'analyste. BioAmber fait bande à part, selon lui. Jusqu'à maintenant, la société a démontré que ses activités sont viables économiquement, et ce, sans subventions gouvernementales, dit-il.

La prochaine étape sera la construction d'une deuxième usine en mesure de produire 180 000 tonnes de trois composants chimiques biologiques, dont l'acide succinique. Si tout se passe selon le plan établi, la construction et la mise en production devraient débuter à la fin de 2016 et de 2018, respectivement. L'emplacement n'est pas encore déterminé. Près de 88 % de la production est déjà vendue pour une durée de 15 ans. La société prévoit qu'elle serait capable de générer des revenus de 462 M$ en 2020. Pour la suite, une troisième usine puis une quatrième pourraient voir le jour en 2020 et 2022.

Afin de ne pas diluer l'avoir des actionnaires avec l'investissement de 500 M$ US nécessaire à la construction de la deuxième usine, BioAmber priorisera l'endettement et la signature de partenariat minoritaire dans les usines, dit M. Huc.

À plus long terme, M. Huc croit que l'acide succinique biologique a de belles années devant elle, tandis que l'humanité devra trouver une façon de réduire ses émissions de GES. «Je suis convaincu que le gouvernement n'aura pas le choix de resserrer la réglementation, dit M. Huc. Les consommateurs seront également plus sensibles à l'idée de détenir des produits verts.»

Quelques données sur BioAmber (NY, BIOA, 8,31 $ US)

> Capitalisation boursière : 214,9 M$ US

> Creux et sommet des 52 dernières semaines : 4,64 $ US/11,30 $ US

Source : Bloomberg

Suivez Stéphane Rolland sur Twitter @srolland_la

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