L'action de la Laurentienne : une aubaine qui soulève des doutes


Édition du 12 Mai 2018

L'action de la Laurentienne : une aubaine qui soulève des doutes


Édition du 12 Mai 2018

Par Stéphane Rolland

La réduction «importante» du nombre de succursales a grandement aidé la Laurentienne à améliorer son ratio d’efficacité dans les derniers trimestres. En contrepartie, la taille des dépôts décline depuis sept trimestres consécutifs. [Photo: Jeangagnon/CC]

Au premier coup d'oeil, l'action de la Banque Laurentienne (LB, 48,75 $) semble une aubaine. Des doutes persistent cependant sur le moment où les vents contraires qui soufflent sur la banque régionale montréalaise changeront de direction et si son plan de transformation la mènera à bon port.

Meny Grauman, de Cormark, résume bien le sentiment des analystes les plus prudents. « Au moment où l'action s'échange sous sa valeur comptable, les risques baissiers sont limités, estime-t-il. Toutefois, les catalyseurs à l'horizon semblent restreints. » Il maintient donc sa recommandation « performance de marché » et sa cible de 52 $. Des 10 analystes suivant le titre, 6 suggèrent de rester sur les lignes de côté, contre 4 qui recommandent l'achat.

Parmi les inquiétudes entourant la Laurentienne, on compte les prêts problématiques vendus à un tiers, une décélération de la croissance du portefeuille de prêts, des coûts liés au plan de transformation, une baisse de l'efficacité et des négociations avec les employés syndiqués qui s'étirent.

En raison de tous ces vents défavorables, John Aiken, de Barclays, juge que le sentiment négatif risque d'accabler le titre encore un temps. Il pense toutefois que le titre, sous sa valeur comptable, offre une valeur « très intéressante » à long terme, d'autant plus que le rendement du dividende est à 5,2 %.

Le plan de transformation

Steve Belisle, gestionnaire de portefeuille chez Gestion d'actifs Manuvie, pense que la direction tente la bonne chose avec son plan de transformation, qui mise sur le service-conseil et la technologie. Cela dit, le projet est « ardu » et « n'est pas sans risque ». « Considérant les plus récents déboires de cette banque, nous n'avons pas jugé que le risque en valait la peine », raconte-t-il en entrevue.

La petite taille de la Laurentienne joue en sa défaveur tandis que les institutions financières doivent investir « massivement » dans les technologies, précise M. Belisle. « C'est ce qu'on observe aux États-Unis et les banques canadiennes ne font pas exception. » La Laurentienne a affiché des revenus de 996,4 millions de dollars pour l'exercice 2017 (terminé le 31 octobre). En comparaison, la Banque Nationale (NA), la sixième banque en importance du pays, a tiré des revenus de 6,6 milliards de dollars durant la même période.

Une augmentation des dépenses technologiques entraînera d'ailleurs une pause de l'amélioration des ratios d'efficacité de la banque. Au premier trimestre (terminé à la fin janvier), la direction a dit prévoir que la croissance de son portefeuille de prêts s'établirait « au bas de la fourchette, à une décimale ».

« C'est décevant, d'autant plus que les gains d'efficacité avaient servi de catalyseurs depuis au moins un an, mais les prévisions laissent entendre qu'il n'y aura pas d'amélioration cette année », commente Gabriel Dechaine, de Financière Banque Nationale.

Des pressions sur les marges se font également sentir. La réduction « importante » du nombre de succursales a grandement aidé la Laurentienne à améliorer son ratio d'efficacité dans les derniers trimestres. En contrepartie, la taille des dépôts décline depuis sept trimestres consécutifs. La banque doit donc combler le manque à gagner à l'aide de dépôts vendus par des courtiers, qui offrent des taux plus élevés. Ces derniers représentaient 37 % du financement, comparativement à 11 % au premier trimestre à la même période l'an dernier, souligne M. Dechaine, dont la recommandation est à « performance de secteur » et la cible, à 56 $.

Les négociations avec les employés syndiqués, dont la convention collective est échue depuis décembre, demeure une autre source d'inquiétude, note Robert Sedran, de CIBC Marchés mondiaux. L'analyste craint que les négociations ralentissent le plan de transformation et n'entraînent des dépenses supplémentaires. Sa recommandation est à « neutre » et sa cible à 55 $.

Prêts problématiques

La direction de la Laurentienne a bon espoir de mettre la difficulté la plus médiatisée derrière elle, très bientôt. La valeur des prêts problématiques vendus à un tiers ne devrait pas dépasser les 400 M $, a dit François Desjardins, le PDG de la Laurentienne, lors d'une entrevue avec les médias à son assemblée le 10 avril.

La banque régionale montréalaise a terminé sa vérification interne, mais les résultats doivent encore être vérifiés par l'acheteur tiers. « Ça devrait être derrière nous d'ici quelques mois », a dit le dirigeant.

M. Desjardins a réitéré que la qualité du crédit de ses prêts n'était pas en cause et que la source de ce problème est liée à des documents manquants, ce qui faisait en sorte que les prêts vendus ne correspondaient pas aux critères requis par l'acheteur.

Malgré le ton rassurant, Darko Mihelic, de RBC Marchés des capitaux, croit que l'incertitude n'est pas complètement levée. L'analyste se demande s'il est possible que les démarches à suivre pour éviter que l'erreur ne se répète aient un impact matériel sur les bénéfices à l'avenir. Il se demande si à un certain moment le législateur ne décidera pas d'intervenir.

D'autres analystes sont toutefois déjà prêts à passer à autre chose. Mario Mendonca, de Valeurs mobilières TD, se dit rassuré que la Laurentienne se soit entendue avec la Société canadienne d'hypothèques et de logement (SCHL) pour ne pas avoir à réviser l'entièreté du portefeuille. « Nous jugeons que le problème est contenu », écrit l'analyste qui recommande l'achat de l'action en raison d'une évaluation beaucoup moins généreuse que ses comparables. Sa cible est à 58 $.

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